Constitution canadienne : Couillard ou la résurgence du fédéralisme radical

2014/09/22 | Par Génération nationale

Simon-Pierre Savard-Tremblay, Karolane Baillargeon, Florence Beaudet, Sébastien Bilodeau, Étienne Boudou-Laforce, Julie Durand, Pierre Norris  Charles Olivier, Raphael Ouellet, Hadrien Paquette et Mathieu Pelletier.

Le 6 septembre dernier, Philippe Couillard a profité du passage du Premier ministre canadien, Stephen Harper, à Québec pour réaffirmer sa volonté de signer la Constitution et ainsi inclure le Québec dans la fédération canadienne. Il affirma croire « fermement au progrès du Québec au sein d’un Canada uni, dans une fédération et pas dans un État unitaire ». Il ajouta également que les Québécois désiraient, à l’approche du 150e anniversaire du Canada, que « le pacte qui lui a donné naissance soit réaffirmé ».

Geste politique peu banal s’il en est un. Bien que Philippe Couillard ait tenté de rectifier son positionnement constitutionnel par la suite, tout laisse croire qu’il souhaite vraisemblablement épouser un fédéralisme décomplexé et s’affranchir de la tradition nationaliste du Parti libéral du Québec.

Il l’a d’ailleurs martelé à plusieurs reprises depuis la campagne à la chefferie du Parti libéral : sa place dans l’histoire sera celle de l’homme qui signera la Constitution canadienne et qui, ce faisant, mettra fin au débat national. Cette volonté de soumission catégorique à l’ordre imposé par l’amendement constitutionnel de 1982 le positionne irrémédiablement comme un tenant du « Canada d’abord et du Québec ensuite », ce qui confirme une fois pour toute que l’idéologie derrière l’idée des deux peuples fondateurs n’est qu’illusion. L’objectif visé est désormais clair : procéder à la « provincialisation » toujours plus soutenue du Québec, menant  ainsi à un amenuisement inéluctable de ses pouvoirs.

En voulant signer l’acte de refondation d’un pays reposant sur la négation du statut distinct de la nation québécoise, Philippe Couillard consacrerait non seulement son insignifiance pancanadienne, mais aussi son impuissance provinciale.

Ce serait là la déplorable conclusion d’une suite logique d’évènements mis en branle depuis la prise de pouvoir par son gouvernement. Nommons, entre autres, la possible privatisation d’Hydro-Québec et l’idée de faire disparaitre le ministère des Relations internationales et de la Francophonie. Bref, la menace pesant sur les acquis de la Révolution tranquille est bien tangible.


Rupture avec l’héritage de la Révolution tranquille

En prônant une adhésion inconditionnelle au régime canadien et aux dogmes de sa refondation chartiste de 1982, Philippe Couillard amorce rien de moins qu’une radicalisation du Parti libéral, de même qu’une profonde rupture avec l’héritage de la Révolution tranquille.

Ses récentes sorties montrent un fédéralisme pur et dur qui met à mal toute « tentation de se distinguer » collectivement, en plus de rappeler que la parenthèse d’affirmation nationale qui avait été ouverte par les libéraux du Québec dans les années précédant la Révolution tranquille est désormais chose du passé. Soulignons que celle-ci avait précisément été fait au nom de la différenciation sociétale canadienne-française.

Il advient que Philippe Couillard, en duo avec Justin Trudeau, incarne le retour à la posture des Alexandre Taschereau et Adélard Godbout, en campant résolument le Parti libéral comme une succursale provinciale des libéraux fédéraux. La maxime est simple : « faire du Québec une province a tout prix ». Province qui, on le rappelle, provient du latin pro victis qui veut dire « pour les vaincus ».

N’est-il pas évocateur que Philippe Couillard ait fait son annonce aux côtés de Stephen Harper, reconnu comme étant un révisionniste historique notoire ? Philippe Couillard empruntera-t-il la même avenue que Stephen Harper afin de dédramatiser le rapatriement de la Constitution qui s’est soldée par la Nuit des longs couteux, véritable coup d’État contre le Québec!

Si tel est le cas, nous nous devons de rappeler ici les mots de René Lévesque, prononcé à l’Assemblée nationale, le 30 septembre 1981 : « Jamais nous n’accepterons un tel dépouillement de nos droits les plus chers et je crois bien qu’aucune femme, qu’aucun homme politique québécois digne de ce nom ne pourra jamais l’accepter. C’est un devoir national de faire en sorte que jamais ce projet funeste ne se réalise. »

Par ailleurs, est-ce que les libéraux ont un plan clair et étoffé quant à leur démarche constitutionnelle ? Si oui, est-ce que cela fait longtemps qu’il le planifie sans en informer les Québécois et sans avoir demandé un mandat clair sur la question ?

Le fait est que Philippe Couillard ne précise jamais à quelles conditions il accepterait de signer la Constitution canadienne. Procèdera-t-il seulement via une consultation populaire ? Alors qu’il affirmait, le 19 mars 2013, ne pas vouloir s’embarrasser d’un référendum et évoquait « la possibilité de se contenter de l’approbation de l’Assemblée nationale, avant de ratifier la Constitution. »

Pour finir, il demeure que les dernières déclarations de Philippe Couillard sont préoccupantes et les Québécois ont droit d’être tenus au courant à ce sujet. Serions-nous, selon le PLQ, que des vaincus avec comme unique destin d’être assujettis à une constitution canadienne niant notre existence ou plutôt, comme nous le croyons profondément, une nation qui mérite d’avoir un pays qui lui est propre.



Photo : Jacques Nadeau - Ledevoir.com