Référendum écossais : Une défaite qui ressemble à une victoire

2014/09/22 | Par Maxime Laporte et al

À la lumière des résultats du référendum écossais, 55-45% en faveur du NO, d’aucuns voudraient y voir un échec de plus pour la mouvance indépendantiste et un argument appuyant l'idée de son essoufflement. Cela ne saurait être plus faux.

Tout au long de notre séjour écossais, nous avons pu constater que le désir d'indépendance se révèle très fort et vigoureux parmi la population, même chez les partisans du NO, pour qui l'idée de la « Devo Max » - dévolution complète - constituait un compromis idéal. D’ailleurs, un serment écrit promettant cette dévolution fut publié quelques jours avant le référendum par les trois chefs des principaux partis de Westminster. En bref, le mouvement indépendantiste et l’Écosse elle-même ne pouvaient que sortir gagnants de cet exercice démocratique. La défaite du YES n’est surtout que numérique. On peut même parler d’une victoire pour l’autodétermination de l’Écosse.

Cette victoire de facto n'est pas sans répercussions internationales, surtout que les yeux de divers mouvements indépendantistes étaient tournés vers l'Écosse. Et les Écossais ont servi de grandes leçons aux témoins attentifs, leçons que les mouvements québécois, catalans, kurdes ou basques se feront un devoir d’appliquer.

La première leçon est d'agir avec confiance et assurance. Dans le contexte, la question directe n'a pas nui à la cause du YES. Elle a obligé les deux camps à faire confiance à l'intelligence des citoyens et à offrir des réponses plus complètes en s'assurant qu'une information de qualité soit disponible. Le débat s’est concentré sur l’objet de la question, et non sur la formulation de la question elle-même comme cela s’est déjà vu au Québec… Cette stratégie a encouragé tous les citoyens écossais de 16 ans et plus à s'engager politiquement et à débattre de la question non seulement entre partisans, mais surtout entre les différents camps, favorisant un dialogue politique sain que nous avons pu observer jusqu'à la fin. Au-delà de 88% de participation démocratique, un niveau record là-bas.

Cette approche confiante avec un objectif précis a aussi permis à plusieurs groupes aux intérêts très divers - des organisations antinucléaires, antimilitaristes, de défense des droits de la femme, etc. - de s'unir pour une cause commune au-delà du clivage idéologique. Vu les fortes divisions idéologiques entre plusieurs groupes indépendantistes québécois, cette capacité à vraiment « s'unir pour la cause » se révèle une grande leçon pour les indépendantistes, leçon que nous avons bien saisie.

Tenant compte du contexte international actuel où un nombre croissant de mouvements indépendantistes obtiennent des succès électoraux et populaires, il est impossible de ne pas se sentir revigoré, ragaillardi et motivé. Surtout, se sentir prêt à renouveler le mouvement indépendantiste québécois, avec une nouvelle génération de gens forts, confiants, conscients que l'indépendance ne mène pas à l’isolement, mais constitue bien au contraire un tremplin vers le monde. L’expérience écossaise et bientôt, le référendum en Catalogne, nous prouvent que l’indépendance est une idée moderne et universelle. Ce qu’on doit retenir du référendum écossais, ce n'est certes pas l'échec de cette idée, mais plutôt sa viabilité et sa faisabilité.



Les signataires de cette lettre sont parmi les Québécois de tous horizons qui étaient présents en Écosse pour observer les événements entourant le référendum :

Maxime Laporte, avocat, candidat à la maîtrise en science politique
président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et du réseau Cap sur l’indépendance

Yan St-Pierre, Ph.D., directeur général, Modern Security Consulting Group

Virginie Simoneau-Gilbert, étudiante en histoire et civilisation

Sophie Beaupré, M.A. en philosophie, conseillère en pédagogie universitaire

François Landriau, candidat à la maîtrise en administration, conseiller en système de gestion