Invitation aux députés à dénoncer les pertes de services publics en région

2014/11/04 | Par Richard Perron

L’auteur est président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec 

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) sollicite la compassion et le sens du devoir des députés de l’Assemblée nationale, tous partis confondus, afin qu’ils manifestent publiquement leur désaccord à l’égard de l’hémorragie de l’accessibilité aux services publics en région. Le SPGQ invite en outre les députés à appuyer son moratoire sur les suppressions de postes en région dans l'administration publique.

Les effets de la Commission de révision permanente des programmes, combinés à ceux du projet de loi nº 15 portant sur la gestion et le contrôle des effectifs des ministères, des organismes et des réseaux du secteur public ainsi que des sociétés d’État, risquent de porter un coup fatal à de nombreuses régions vulnérables, lesquelles souffrent déjà de la réduction de l’accessibilité aux services publics.

En prenant prétexte de la situation soi-disant précaire des finances publiques, le gouvernement prive les régions de structures qui leur permettent d'assumer leur développement économique, accentuant ainsi la centralisation à Québec et mettant à mal la solidarité et la concertation régionale.

Ce « rebrassage » complet des structures inquiète même l'ancienne vice-première ministre du Québec, Nathalie Normandeau, qui n’a pas hésité à dénoncer le manque de vision du gouvernement, ajoutant que ce dernier ne semble pas connaître « la piste d'atterrissage ».

Déjà, de nombreux services de proximité ont été décapités ou sont sur le point de trépasser. La nécrologie des services disparus comprend maintenantles directions régionales du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, celles du ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, de même que la riche expertise scientifique en gestion de la faune du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. À cela, il convient d’ajouter le Programme de création d'emplois en forêt qui avait pourtant permis de créer 845 emplois en aménagement forestier au cours de l'année 2012-2013.

Maintenant, le gouvernement du Québec remet en questionla pertinence des Conférences régionales des élus (CRÉ), des Centres locaux de développement (CLD) et des Carrefours Jeunesse-emploi (CJE), tout en planifiant la mise à mort des Agences de santé et de services sociaux (ASSS). Sans oublier la tergiversation stérile auteur des centres d'expertise en gestion informatique à Chicoutimi et à Rimouski.

Devant ce saccage douloureux des programmes et des effectifs du gouvernement, le SPGQ réitère sa proposition de moratoire sur les suppressions de postes en région dans l'administration publique, comme il l’avait fait en septembre 2014 au terme d’une tournée largement médiatisée en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent et ayant généré de nombreux échos dans les médias d’autres régions.

Les réductions de personnel ont un impact beaucoup plus important sur l'économie des régions que sur celle des grandes villes.

Le SPGQ n’a rien contre un émondage ciblé dans les programmes et il encourage même la chasse au gaspillage. Toutefois, les emplois supprimés dans les bureaux régionaux sont souvent réaffichés dans les grands centres, comme Québec ou Montréal.

Pire : ces postes sont proposés à ceux qui perdront leur emploi en région. Aucune économie n'est réalisée et, en prime, de bons emplois sont perdus en région, forçant ainsi de nombreux travailleurs à devoir choisir entre leur emploi ou leur famille. Un choix inconcevable et indigne d’une société civilisée.

À cette austérité destructrice, opposons une solidarité créatrice porteuse de services publics et d’emplois de qualité en région.