La bilinguisation des services de santé et des services sociaux

2014/11/13 | Par Mathilde Lefebvre pour l’IREC

Dans le prolongement d’une étude parue en 2011 sur la situation de l’emploi de langue minoritaire des institutions publiques au Québec et au Canada, l’institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) publie aujourd’hui une étude sur le français dans les services de santé et de services sociaux du Québec. Le rapport se penche sur le circuit de financement fédéral pour l’offre de services en anglais dans le secteur de la santé au Québec. Les conclusions sont sans appel : l’utilisation des fonds fédéraux sert une logique de concurrence des langues en totale contradiction avec les objectifs de la loi 101.

Ainsi, plutôt que de demander aux personnes d’expression anglaise, dans une logique tout utilitariste, de s’adapter au système en apprenant la langue de la majorité, le législateur, en 1986, a plutôt demandé au système de s’adapter à la minorité. Ainsi, les mesures entourant l’article 15 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux tendent à une bilinguisation des institutions de santé du Québec.

 

Patrimoine canadien verse des montants considérables 

Entre 2008 et 2013, Patrimoine canadien a versé à 15 ministères fédéraux un financement totalisant 1,1 G$ dans le cadre de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne. De cette somme, Santé Canada a touché 180,5 M$ à redistribuer à travers le Canada parmi diverses instances, dans le but d’améliorer l’accès aux services de santé en anglais ou en français selon la minorité linguistique du territoire touché. 

À lui seul, le Québec a reçu près de 25 % du financement accordé à Santé Canada, soit 45 M$. Ce budget a été partagé entre l’Université McGill et le Réseau communautaire pour la santé et les services sociaux (RCSSS). Entre 2008 et 2013, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a versé 4 876 797 $ aux 15 agences de santé du Québec pour leurs services en anglais. Sur le financement total reçu par les agences, ce montant correspond à 31,18 %.

Un impact majeur sur le français dans le secteur de la santé

Le français, langue de travail est progressivement marginalisé par les changements apportés par le gouvernement Bourassa et l’effort financier très important du gouvernement fédéral pour bilinguiser le secteur de la santé.  

C’est ainsi qu’aujourd’hui, des 277 établissements du réseau de la santé québécois, plus de la moitié (149) offrent des services en anglais. De ce nombre, 38  ont le statut d’établissement désigné et offrent donc l’entièreté de leurs services en anglais. Le secteur de la santé compte 54 310 emplois pour lesquels l’anglais est utilisé au moins la moitié du temps. Plus de 35 % de tout le personnel soignant du Québec parle régulièrement ou le plus souvent en anglais au travail. Entre 2001 et 2006, la portion du personnel soignant utilisant l’anglais le plus souvent ou de façon régulière au travail a augmenté, en moyenne, de 13,5 %.

ll est possible de télécharger ici le rapport de recherche de l’IRÉC La bilinguisation des services de santé et des services sociaux du Québec