La juste part

2014/11/28 | Par Lucie Martineau

L’auteure est présidente générale, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)

« Tout le monde doit faire sa juste part», « La capacité de payer des Québécoises et Québécois», « Le gouvernement est un bon père de famille qui souhaite rénover la maison.»

Les formules du professeur Coiteux ne sont pas originales. Nous les connaissons déjà pour les avoir entendues depuis des années de la bouche de ses prédécesseurs. Savamment conçues, elles sont répétées sur toutes les tribunes afin de camoufler ses intentions réelles.

Malheureusement pour lui, la population voit clair dans son jeu. Les actions du ministre contrastent avec ses prétentions d'équité et de justice. Elles sont motivées par une idéologie bien précise et un parti pris assumé pour les alliés naturels du parti libéral : les mieux nantis et la grande entreprise.

La réalité, c'est que le gouvernement ne souhaite pas faire payer tout le monde comme il le prétend. Si c'était son intention, il devrait d'abord mettre à contribution les grandes banques, les pharmaceutiques, les multinationales et les compagnies minières qui ont vu leurs profits exploser dans les dernières années.

Il devrait aussi mettre fin à l'explosion des coûts dans les contrats publics en infrastructure et en informatique. Or, le gouvernement trouve toutes les excuses pour regarder ailleurs.

Les travailleurs moyens ou moins bien nantis, eux, n'ont pas la chance d'être ignorés. Où étaient les considérations pour « la capacité de payer des Québécois » quand, dernièrement, on a augmenté leur facture d'électricité, de garderie ou de transport en ambulance? Le remède du parti libéral aux déficits reste toujours le même : plus de tarification et moins de services à la population.

Avec un salaire moyen de 36 000$, les salariés du gouvernement font partie de cette classe moyenne à qui le parti libéral souhaite faire payer la facture. Ils vont même la payer en double, puisque le gouvernement projette d'utiliser leur salaire pour renflouer les coffres de l'État.

De compressions en gels de salaires, l'austérité libérale, les travailleurs du gouvernement la vivent déjà depuis 10 ans.

Ils en ont assez de faire toujours plus, avec toujours moins. Ils en ont assez de voir les services publics, pour lesquels ils travaillent, être démantelés devant leurs yeux. Ils en ont assez de voir leurs collègues précaires se faire renvoyer à la maison alors que leur travail est confié au privé pour le double du prix. Ils sont à bout de souffle.

Comme tous les Québécois, ils en ont assez. Le 29 novembre, ils seront des milliers dans les rues pour le faire savoir à Philippe Couillard.