Vif succès de l’assemblée de fondation de la section Montréal-métropolitain du SPQ Libre

2014/12/01 | Par Pierre Dubuc


« Au lendemain de la dernière campagne électorale, l’assemblée générale du SPQ Libre a donné mandat à son conseil d’administration de créer des sections régionales à travers le Québec. Une première section a été créée dans le Bas-du-Fleuve. Une autre sera bientôt mise sur pied au Saguenay-Lac-St-Jean. Aujourd’hui, nous créons la section du Montréal-Métropolitain », a déclaré Marc Laviolette à la cinquantaine de personnes réunies, le 27 novembre dernier, au Centre St-Pierre à Montréal.

À cette occasion, le club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre) avait invité, pour prendre la parole, le président de la CSN Jacques Létourneau, le chef du Bloc Québécois Mario Beaulieu et la députée de Vachon, candidate à la chefferie du Parti Québécois, Martine Ouellet. Le député de Marie-Victorin, et également candidat à la chefferie, Bernard Drainville a fait parvenir un message à l’assemblée.


L’austérité, un modèle canadien

L’assemblée se tenant à la veille de la manifestation de 100 000 personnes dans les rues de Montréal et Québec contre les politiques d’austérité du gouvernement Couillard, il était enthousiasmant de voir les différents orateurs parler d’une même voix en liant les volets social et national de notre lutte.

Selon Jacques Létourneau « les politiques des Couillard, Leitao et Coiteux ont toutes pour objectif de nous ramener à la moyenne canadienne ».

« On veut, déclare-t-il, canadianiser les CPE, comme le gouvernement Charest a voulu le faire avec les droits de scolarité. Il faut donc politiser la lutte contre l’austérité, en faire une lutte contre le modèle canadien. »

Mario Beaulieu a rappelé, à cet égard, des faits éloquents. « Stéphane Gobeil a démontré dans son livre Un gouvernement de trop, en passant en revue les comptes publics, que l’indépendance nous permettrait de faire des économies de 2 milliards $, soit le même montant pour lequel le gouvernement Couillard est en train de démolir le modèle québécois ».

Le chef du Bloc a souligné qu’une des conséquences de la quasi-disparition du Bloc est le fait qu’on ne parle plus de déséquilibre fiscal à Ottawa. « Pourtant, une étude du Conference Board nous apprend qu’au cours des vingt prochaines années, l’endettement des provinces s’élèvera à 272 milliards $, alors que les surplus du fédéral grimperont à 102 milliards $. »

Mario Beaulieu y également allé d’une charge à fond de train contre le NPD qui a salué comme « un grand moment pour le Canada » l’octroi de contrats de 33 milliards $ aux chantiers maritimes situés au Canada anglais et rien à celui de la Davie à Québec.

« Thomas Mulcair, cet ancien avocat d’Alliance-Québec, qui a eu le culot d’accuser les indépendantistes d’avoir triché lors du référendum de 1995, parle des deux côtés de la bouche, à propos du pipeline Énergie Est de TransCanada. Au Canada-anglais, il est pour. Au Québec, il déclare qu’il faut des études supplémentaires. »

Mario Beaulieu a accueilli avec un plaisir non dissimulé les propos de Jacques Létourneau qui, en réponse à une question de la salle, a déclaré, en faisant le bilan du dernier Forum social canadien : « Il y avait une invitation à élaborer une stratégie pancanadienne pour se débarrasser du gouvernement Harper. Oubliez ça ! Ça ne marche pas ! Je suis partant pour des échanges avec la gauche canadienne-anglaise et les représentants autochtones. Mais le NPD est le troisième parti au Canada-anglais. Il ne sera pas au pouvoir ».


Drainville module sa position sur le référendum

Dans le message qu’il a fait parvenir à l’assemblée, Bernard Drainville réaffirme ses convictions indépendantistes et social-démocrates.

« Je suis un indépendantiste social-démocrate. Indépendantiste assumé. Social-démocrate assumé. Au Parti Québécois, nous sommes tous indépendantistes, mais pas tous socio-démocrates. Mon but à moi, c’est de rassembler tous les courants, car ce qui nous unit tous, c’est l’indépendance. Cependant, nous devons éviter comme parti de perdre notre âme et notre identité. »

Le député de Marie-Victorin plaide, entre autres, pour une réouverture du code du travail pour « l’adapter au monde d’aujourd’hui » et cela signifie, pour lui, « s’assurer que la loi anti-briseur de grève retrouve son mordant ».

Dans son message au SPQ Libre, il module sa position concernant un éventuel référendum. Le repart du référendum à un deuxième mandat est lié à la conjoncture politique, lors du prochain rendez-vous électoral.

« Si le contexte était le même qu’actuellement et que j’étais chef, je serais très clair : pas de référendum dans un premier mandat. »

Mais il s’empresse d’ajouter : « Si on réussit à faire remonter nos appuis d’ici 2018, si le contexte change dramatiquement, on va s’ajuster et on ira (en référendum) dans un premier mandat ».


Martine Ouellet : pourquoi je suis « pressée »

Martine Ouellet a débuté son allocution par un bilan des derniers résultats électoraux. « L’analyse montre que les péquistes ne sont pas allés voter. Par exemple, Bertrand St-Arnaud a perdu son comté aux mains de la CAQ, alors que le candidat caquiste a reçu moins de votes qu’à l’élection précédente. »

Elle en tire la conclusion suivante : « Il faut rebâtir le parti. » En soulignant qu’elle est membre du PQ depuis 28 ans, elle rappelle : « C’est ce que nous avons fait avec Jacques Parizeau, après Pierre-Marc Johnson, et cela nous a amené aux portes du pays ».

À ceux qui lui reprochent d’être « pressée », la députée de Vachon réplique : « Il s’est écoulé vingt depuis le dernier référendum. Nous avons 4 ans avant la prochaine élection et un autre 4 ans, une fois au pouvoir. Je trouve que ça fait pas mal long. »

Pour justifier l’urgence de la situation, elle a rappelé le scandale des contrats pour les chantiers maritimes, mais également le refus du gouvernement fédéral de remettre au Québec les données du registre des armes à feu « pour lesquelles nous avons déboursé un milliard de dollars ».

Elle a aussi souligné le déclin de l’aéroport de Montréal, dont la vocation est d’être de plus en plus un aéroport régional plutôt qu’international, et du Festival des films du monde.

L’urgence se décline au passé, mais également au futur. « En 2015, il y aura à Paris un important Sommet sur les changements climatiques. Le Québec sera représenté par le gouvernement Harper, qui récolte, à chaque sommet, les prix fossiles. Des décisions y seront prises aux points de vue environnemental et économique, qui affecteront notre vie. Si on adopte une taxe sur l’empreinte du carbone, le Québec sera taxé à la hauteur du Canada ».

« Par contre, enchaîne-t-elle, si le Québec était indépendant, il serait un leader mondial avec son programme d’électrification des transports. »

Tout comme Bernard Drainville, Martine Ouellet croit qu’il faut documenter les raisons pour lesquelles il faut faire l’indépendance. « Les indépendantistes écossais ont produit un document de 670 pages pour étayer leur vision d’une Écosse indépendante. »

Elle croit aussi qu’il faut se préparer à répliquer aux coups bas des fédéralistes. « Il va falloir répondre à l’argument des pensions et de l’assurance-emploi. Expliquer comment on entend assurer leurs revenus aux retraités et aux chômeurs ».


Tous contre le pipeline de TransCanada… ou presque

Le thème dominant de cette soirée politique a été l’opposition au pipeline de TransCanada, un projet aux risques environnementaux énormes et sans bénéfices économiques pour le Québec. Au contraire. Martine Ouellet a souligné que ce projet implique la conversion au pétrole des sables bitumineux du pipeline qui achemine présentement le gaz naturel de l’Ouest vers le Québec.

« Il nous faudra payer pour un nouveau pipeline. Et, en attendant sa construction, le prix du gaz naturel, qui viendra d’ailleurs, grimpera. »

Marc Laviolette a informé l’assistance que Pierre Karl Péladeau, qui annonçait sa candidature la même journée, avait déclaré devant les étudiants de l’Université de Montréal, qu’il était favorable au projet de TransCanada à la condition d’y prélever une redevance de 10% du prix du pétrole qui y transitera.

« Le problème, de déclarer Marc, est que d’ici à ce que le PQ soit porté au pouvoir, le pipeline sera construit et le contrat signé. » Il faut ajouter que, dans le régime constitutionnel canadien, les redevances se payent sur l’extraction et non sur le transport!

La soirée s’est terminée par un mot de Christian Généreux, porte-parole du SPQ Libre Montréal-Métropolitain, qui a invité les personnes intéressées à se joindre au comité provisoire déjà sur pied pour préparer l’assemblée générale de la section.

Christian a rappelé que Montréal-Centre a toujours été le moteur de la social-démocratie et de l’indépendance au sein du Parti Québécois et que la nouvelle section se donnait comme objectif de recréer la nécessaire solidarité avec les forces vives de la région métropolitaine.