Danger de convergence à la radio citoyenne CIBL

2015/01/12 | Par Jean Guy Aubé

Depuis au moins un an, la radio citoyenne communautaire CIBL ne cache pas son affiliation au puissant groupe Quebecor. CIBL est en effet la seule radio communautaire au Québec à être diffusée sur le service ILLICO de Videotron, à la position 574. Les autres stations communautaires et étudiantes de Montréal, comme CKUT, CISM, Radio Centre Ville ou la radio oecuménique Radio Ville Marie n'ont pas le privilège d'être diffusées sur le par le service illico.

De plus, les émissions corporatives d'affaires publiques de CIBL, soit les oranges pressées du matin et du midi libre le midi incluent dans leur revue de presse des articles du Journal de Montréal, alors que les médias sérieux comme radio canada n'incluent que les journaux dits sérieux comme Le Devoir, La Presse ou le Globe & Mail.

Une émission culturelle de CIBL Catherine et Laurent est également télédiffusée sur le Canal 9 et 609 de Videotron, le canal télé dit
communautaire de Videotron dont la plupart des émissions sont produites dans les studios de TVA, sauf cette émission qui est réalisée
directement dans les studios de CIBL sur la rue Ste-Catherine au coin de St-Laurent. Cette émission est un talk show invitant différents
représentants de la scène culturelle montréalaise, c'est une forme de radio télédiffusée qui ne correspond pas aux normes visuelles
de la télé mais qui demeure une émission de radio télédiffusée en direct.

Le comble de la collaboration entre CIBL et Quebecor et l'émission Droit de cité, ou deux équipes d'étudiants universitaires s'affrontent
dans une joute oratoire en faveur et contre une question qui leur est imposée. La question qui fait l'objet du débat, de même que la position
pour et contre de chaque équipe est imposée par la rédaction de l'émission et le public est invité à voter en faveur de l'équipe qui
a servi au public les meilleurs arguments. Un jury composé de membres du Barreau du Québec donne aussi son avis sur la performance
de chacune des équipes. Comme ces sujets éminemment politiques sont imposés on peut craindre que cette émission devienne une
opération de manipulation de l'opinion publique penchant dans le sens des intérêts de Quebecor, car cette émission dit avoir comme
commanditaire principal le groupe Quebecor.

Il est aussi déplorable que le Barreau du Québec s'associe à une puissant groupe médiatique dont les intérêts sont privés dans une émission
d'affaires publiques, même si l'idée et l'intention de l'émission qui est d'apprendre aux jeunes à débattre en démocratie au moyen
d'un débat contradictoire est louable en soi.

On en revient aux bonnes assemblées publiques contradictoires lors des élections sous le temps de Duplessis, et les options tranchées
pour et contre imposées à chaque équipe ne laissent pas place à des nuances dans les positions exprimées et défendues.

Quebecor n'est pas seulement une institution de divertissement, c'est un puissant média qui oriente l'opinion publique dans l'ensemble du Québec,
et le fait que cet empire, maintenant dirigé par Brian Mulroney qui est le président de son conseil d'administration depuis le départ de PKP,
et le fait que cet empire médiatique prenne le contrôle sans trop le dire sur une radio communautaire et citoyenne au Québec
n'est pas une bonne nouvelle pour la liberté d'information au Québec.

Je rappelle que Quebecor n'as jamais demandé au CRTC une autorisation pour acheter le diffuseur communautaire, et que cette prise
de contrôle DE FACTO et non pas institutionnelle selon les règles de l'art et les lois en vigueur sur la station s'apparente à une
main mise sauvage sans qu'aucune institution garante de la liberté de l'information au Québec ne puisse intervenir.

Bien sûr, je suis prêt à écouter les explications de la direction actuelle de CIBL pour justifier leur collaboration avec l'empire médiatique Quebecor,
mais il y a fort à parier que l'appartenance de CIBL à un grand groupe médiatique est motivé par la puissance financière de Quebecor,
qui aide ainsi CIBL à tirer son épingle du jeu financièrement dans un contexte financier difficile pour les médias.

Une station communautaire devrait être contrôlée par les citoyens et non pas un puissant groupe médiatique privé.