La manière Libéral

2015/01/22 | Par Alain Dion

L’auteur est enseignant au Cégep de Rimouski

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement de Philippe Couillard a multiplié les réaménagements, les démantèlements, les compressions budgétaires aléatoires, sans distinction, sans égard aucun. Austérité oblige. Doctrinaire, ce gouvernement est même allé jusqu’à proférer des menaces à peines voilées contre celles et ceux qui oseraient s’opposer à cette nouvelle dévotion gouvernementale.

À travers cette entreprise de démolition, c’est à l'âme même du peuple québécois que s’attaquent les libéraux de Philippe Couillard.La solidarité, qui depuis toujours a été au cœur du développement social et économique du Québec, se retrouve aujourd’hui mise à mal par ces apôtres de l’austérité. Et tout particulièrement en région. Depuis leur retour au pouvoir, les libéraux s’affairent sciemment jour après jour à démanteler les services et les outils voués au développement et à la concertation de nos collectivités régionales. Avec les résultats désastreux que l’on peut imaginer. Des années de luttes, d’efforts et de solidarité anéanties en quelques mois.


Une simple négociation ?

Ces attaques exécrables envers les régions se transportent maintenant sur le terrain du renouvellement de la convention collective des enseignantes et enseignants de cégep. Insidieusement et sous de faux prétextes, comme l’ensemble de l’œuvre des libéraux de Philippe Couillard.

Dans ses demandes patronales, le Gouvernement souhaiterait «revoir certaines modalités relatives à la sécurité d’emploi», dont celle de la mobilité des profs mis en disponibilité, en justifiant son orientation par la diminution appréhendée de l’effectif étudiant au cours des prochaines années.

S’il est vrai que le réseau collégial vit une baisse importante de son effectif étudiant, particulièrement en région, il existe des solutions que les fédérations syndicales enseignantes ont depuis longtemps proposées afin de palier à cette situation très préoccupante.

À ce titre, un large consensus s’était d’ailleurs développé chez l’ensemble des intervenants du réseau collégial (syndicats et patrons) autour de quatre grandes orientations: revoir certains paramètres du financement des cégeps afin d’assurer la pérennité des programmes d’études en région; éviter de mettre des collèges en concurrence en assurant une gestion nationale cohérente de la carte des programmes d’études; favoriser la mobilité étudiante en harmonisant les mécanismes d’admission et en assurant une meilleure promotion des programmes sur l’ensemble du territoire; et enfin, assurer l’accessibilité à une carte de programmes attrayantes sur l’ensemble du territoire.

Aujourd’hui, le Gouvernement Couillard fait fi de ces orientations, préférant se borner à sa vision gestionnaire et concentrationnaire. Il menace ainsi le développement, et même la survie de certaines institutions collégiales en région. En choisissant de ne miser que sur la mobilité du personnel enseignant, particulièrement des régions vers les grands centres bien sûr,ce gouvernement refuse non seulement de donner suite à des recommandations réalistes et efficientes — pour parler le langage gestionnaire —, mais il va exactement dans le sens inverse.

Pendant que plusieurs cégeps des grands centres débordent littéralement, qu’on doit ouvrir de nouveaux pavillons et engager des profs supplémentaires, le gouvernement refuse de se pencher sur des solutions qui pourraient encourager la mobilité étudiante pour désengorger les cégeps des grands centres et favoriser le maintien et le développement des cégeps en région.

Il est pourtant facile d’imaginer la suite. Le jour où la baisse démographique touchera les collèges des grands centres, tous ces pavillons supplémentaires deviendront vétustes, plusieurs enseignants se retrouveront en surplus et les coûts seront faramineux. Nous aurons alors vécu à la fois l’explosion des dépenses dans les centres urbains et observer en même temps le déclin accéléré de cégeps en région qui, pourtant, contribuent au développement social, économique, technologique et culturel de leur communauté tout en participant à l’occupation dynamique du territoire.

Nous sommes face à un simple exercice de renouvellement de convention collective dites-vous ? Avec cette vision dogmatique et concentrationnaire, les libéraux de Philippe Couillard donnent davantage l’image d’un parti politique soignant sa clientèle électorale naturelle, tout en exprimant clairement son désengagement face aux régions du Québec.