Les Métallos derrière Martine Ouellet

2015/01/22 | Par Daniel Roy

L’auteur est directeur québécois du Syndicat des Métallos

La course à la chefferie du Parti québécois sera cruciale pour l’avenir de ce parti. Les dernières années ont été laborieuses et le lien avec la classe moyenne s’est effrité. Redresser les choses commande une grande expérience militante, une vision et une adresse politique, des qualités que possède Martine Ouellet.

Le PQ a l’occasion de se reconnecter à la classe moyenne. Obama a évoqué dans son discours sur l’état de l’Union une « économie pour la classe moyenne ». Martine Ouellet, elle, parle d’un « développement économique intelligent ». Le principe est le même : faire fonctionner l’État pour la classe moyenne, relancer l’économie pour le bien commun. C’est avec ceci en tête que j’aimerais apporter un appui sans réserve à la candidature de Martine Ouellet.

Ces dernières années, j’ai pu la voir à l’oeuvre. Elle a navigué avec brio au travers de dossiers sensibles sans jamais perdre de vue l’objectif. C’est une candidate résolument progressiste qui peut ramener la classe moyenne au coeur de l’action politique. Sa vision économique nous montre les possibilités d’un développement intelligent, créateur d’emplois, qui tire profit de notre électricité et de nos ressources. C’est une visionnaire pragmatique. Dans un Québec malmené par le déclin rapide du secteur manufacturier, cela soulage de voir une politicienne prête à se retrousser les manches pour l’emploi.

Ses propositions pour donner de l’oxygène à la classe moyenne et aller chercher une marge de manoeuvre financière auprès des mieux nantis et des entreprises dont le capital dort nous apparaissent bien avisées. Elle comprend que l’argent doit circuler davantage dans les poches de ceux qui stimulent véritablement l’économie, la classe moyenne. Plutôt que de saigner les familles et de couper dans les services publics, il est temps de remettre en question les avantages fiscaux accordés aux banques et à certaines compagnies. Ces dernières n’ont pas rempli leur part du contrat social : elles n’ont pas investi et créé de l’emploi.


Le Parti québécois et les travailleurs

Ce n’est pas la première fois que les Métallos prennent position politiquement. Dans les années 1970, Nous avons été le premier syndicat québécois à soutenir le Parti québécois de René Lévesque. La suite de l’histoire nous a donné raison : le premier mandat du PQ a permis l’adoption de lois essentielles pour les travailleurs : réforme du Code du travail, lois sur la santé et la sécurité ou encore dispositions antibriseurs de grève.

Le lien entre ce parti et les travailleurs est maintenant plus ténu. Sous prétexte de grappiller des votes à droite, le PQ a parfois mis en sourdine ses valeurs de redistribution de la richesse, d’équité et de solidarité. Un calcul perdant : les votes fuient de toute façon vers d’autres formations. Les citoyens reconnaissent et méprisent les vils calculs politiques.

Il faut rebâtir les ponts. C’est pourquoi il m’apparaît essentiel de soutenir une candidature progressiste. Comme syndicat, on négocie, on manifeste, on élabore des propositions concrètes pour un État plus équitable. Il arrive un temps où les idées et la mobilisation doivent être reprises par les représentants du peuple pour se réaliser.

Malgré ses défauts et les glissements récents, le PQ demeure le meilleur véhicule politique susceptible de prendre le pouvoir et de faire valoir les intérêts de la classe moyenne. L’indépendance peut se faire uniquement pour les gens et avec eux. Elle doit s’incarner dans leur quotidien. Il faut cesser de se définir en réaction au Canada pour plutôt jeter ensemble les bases du pays que nous voulons construire.

Les militants progressistes, syndicalistes, environnementalistes, péquistes ou non, solidaires ou distants devraient prendre leur carte de membre du PQ. Les forces de l’argent sont souvent habiles à se coaliser. Il est temps de s’investir et de changer la donne.