Les entreprises au Québec laissent actuellement dormir plus de 97 G $ US en actifs liquides (équivalant à des dépôts bancaires dans un compte d’opération) dans leurs coffres. C’est ce que dévoile une note publiée aujourd’hui par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) qui montre que ce sont les baisses d’impôt successives octroyées aux entreprises qui leur ont permis d’accumuler ce pactole alors que le gouvernement peine à atteindre l’équilibre budgétaire.
L’IRIS a réuni un panel de 92 entreprises privées non-financières cotées en bourse et installées au Québec. « Le phénomène de surépargne est assez inhabituel. En effet, au lieu de verser ces énormes montants en dividendes ou d’investir, les entreprises laissent dormir plus de 97 G$ US dans leurs coffres. Celles-ci proviennent de secteurs qui ont directement profité de politiques fiscales canadiennes et québécoises avantageuses, comme les secteurs manufacturier ou pharmaceutique. Au total, l’ensemble des entreprises ayant ce genre de pratique a accumulé un montant équivalent au tiers du PIB québécois », constate Éric Pineault, chercheur-associé à l’IRIS et professeur à l’UQAM.
De plus, la note dévoile quelques unes de ces entreprises et chiffre le montant de leur surépargne en actifs liquides. En voici quelques exemples:
Entreprise |
Détention d’actifs liquides (M$US, 2012) |
Ericsson Canada |
11 337 |
Rio Tinto Alcan |
7 082 |
GlaxoSmithKline |
6 838 |
Power Corporation of Canada |
3 540 |
Air Canada |
2 026 |
La surépargne a un effet négatif sur l’économie. «On remarque que, pendant que l’impôt payé par les grosses entreprises stagnent, et que leurs profits augmentent, celles-ci «empilent» des sommes faramineuses d’argent. Cet argent qui dort dans ces coffres n’est ni investi, ni capté par l’impôt. Devant ce constat où le Québec et le Canada sont dans le palmarès des pays où l’épargne des entreprises est la plus élevée, il devient légitime de se demander si nous sommes en train de nous transformer en paradis fiscal pour les sociétés », soulève Éric Pineault.
Portrait de la surépargne des entreprises au Québec et au Canada est disponible gratuitement sur : www.iris-recherche.qc.ca.
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