Les locataires pris en otage

2015/02/06 | Par Régie du lentement

Aujourd’hui Pierre Moreau, le ministre responsable de la Régie du logement,  a été interpellé à son bureau montréalais par une dizaine de locataires livrant une douzaine de silhouettes en carton grandeur nature de « locataires en otage », chacune menottée et portant le témoignage d’un vécu qui illustre les graves impacts des interminables délais d’attente à la Régie du logement. 

L’action reprend le thème de l’émission « Proprio en otage » de Canal vie.  Alors que les proprios ont une émission de télé pour parler de leurs expériences avec des locataires difficiles, les locataires peinent à être traité équitablement par le tribunal chargé de rendre justice lorsque leurs droits sont bafoués.

« La statistique souvent citée — un délai moyen de 21 mois pour la catégorie qui inclut des causes d’insalubrité et de manque de chauffage — n’évoque pas la réalité endurée par les locataires, qui sont réellement pris en otage par la Régie. Le locataire est réellement tenu prisonnier d’un système de justice dysfonctionnel et inefficace » dit Claire Abraham, organisatrice communautaire au Projet Genèse.

Josefine est rentré chez elle un jour pour découvrir que sa cuisine était inondée. Après avoir essayé pendant plusieurs mois de régler la situation à l’amiable, elle a enfin déposé un dossier à la Régie du logement.

Elle a dû attendre deux ans et cinq mois avant son audience. Pendant toute cette période, elle a géré le stress d’une cuisine non-fonctionnelle, des inondations répétées et un sentiment d’impuissance. « Chaque fois que je suis rentrée le plancher était inondé. C’est vraiment décevant que je souffre de cette situation malgré le fait que je paie mon loyer à chaque mois. »

« On est allé directement au bureau de Moreau parce que ça fait des mois et des mois qu’on essaye de communiquer avec le Ministre Moreau sans succès » dit Romina Hernandez du POPIR-Comité Logement « En plus, ça fait des années que les locataires du Québec manifestent, documentent des abus, et envoient les lettres sans réponse. »


La Régie, l’austérité, même combat !

Un mouvement contre le programme d’austérité frémit dans différents milieux. Au sein de la Régie du logement et son système de priorisation des causes existe la même logique, une logique où les intérêts économiques des propriétaires sont priorisés par-dessus les droits humains des locataires.

L'austérité ne consiste qu’à des coupures; c’est aussi un État qui refuse d’investir à des programmes sociaux qui assurent que les droits fondamentaux de la majorité de la population soient respectés. Les locataires font partis de cette majorité ignorée.

« Les mesures proposées par le gouvernement jusqu’à date (embauche de greffiers spéciaux, de régisseurs) ont eu aucun impact sur les délais d’attente pour les locataires; ces ressources ont été alloués aux causes de propriétaires, et ne servent qu’à maintenir les petits délais pour ces causes . » rajoute Abraham.

Les locataires qui se sont rendus au bureau du Ministre Moreau demandent qu’il agisse immédiatement afin de mettre terme à ce déni de la justice pour les locataires. Il doit arrêter de prioriser la sécurité financière des propriétaires par rapport à la sécurité et la santé des locataires et il doit instaurer une mise au rôle véritablement équitable et transparente.

Le Comité Régie du lentement est composé de membres de Projet Genèse, du POPIR-Comité Logement et du Comité logement Ahuntsic-Cartierville et lutte contre les délais d’attente à la Régie du logement. Pour plus d’information, consultez le site web au www.regiedulentement.com