Santé : Le Québec n'a pas perdu le contrôle sur ses dépenses

2015/02/12 | Par IRIS

Contrairement à ce qu'affirme Gaétan Barette, les dépenses publiques en santé ne croissent pas à un rythme alarmant. Cependant, le projet de loi 10 adopté sous le bâillon la semaine dernière risque d'entraîner une hausse marquée des coûts en raison de la mauvaise allocation des ressources que pourrait causer la centralisation de la prise de décision.

Dans une note publiée aujourd'hui, l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) montre que la situation du Québec est loin d'être critique comparée à ses voisins. « Avec 5616 $ par habitant, le Québec est la province qui investit le moins par personne pour les services de santé. En comparaison, la moyenne canadienne est de 6045$ alors que celle aux États-Unis surpasserait maintenant 9000$ par habitant. Ce portrait offre un autre argument en défaveur de ceux qui clament que l'augmentation des dépenses en santé est colossale, mais surtout permet de concevoir comment il est contre-productif de miser autant sur un système contrôlé par les assureurs privés, comme nos voisins du sud », affirme Guillaume Hébert, auteur de la note et chercheur à l'IRIS.

L'IRIS s'est également penché sur l'évolution des dépenses en santé depuis 1981 en fonction de notre capacité collective à se payer des services. « Si les dépenses publiques ont augmenté de 28%, les dépenses privées ont, elles, augmenté de 114%. Or, quand on observe l'évolution des seules dépenses publiques, les dépenses les plus stables à travers les années sont celles sur lesquelles le gouvernement a un contrôle : hôpitaux, salaires des employé.e.s et rémunération des médecins. En revanche, l'achat de médicaments est la dépense qui a le plus augmenté, tant du côté privé que public », analyse Guillaume Hébert.

Si le gouvernement veut réellement limiter l'augmentation des dépenses de santé, il fait alors complètement fausse route avec son projet de loi 10. « Avec cette nouvelle législation, le ministre Barrette a créé de lui-même les conditions parfaites pour perdre le contrôle sur les dépenses. Une centralisation comme celle adoptée vendredi passé nuira à l'évaluation des besoins des populations locales, rendant beaucoup plus complexe l'allocation adéquate des ressources. Les études le démontrent : investir dans la première ligne, décentraliser et démocratiser un système de santé permet non seulement de sauver de l'argent sur le long terme mais également de mieux identifier les besoins des patient.e.s », explique Jennie-Laure Sully, chercheure-associée à l'IRIS et auteure de la note. 

Les dépenses de sante´ sont-elles hors de contrôle? est disponible gratuitement sur : www.iris-recherche.qc.ca.

SOURCE Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)