Alice au pays des merveilles libérales

2015/02/13 | Par Philippe Desjardins

Alice était une jeune femme confiante en l’avenir, mais depuis les élections du 7 avril 2014, elle a fait une chute presque interminable qui l'a emmené dans un monde aux antipodes du sien, la confrontant depuis au paradoxe, à l'absurde et au bizarre.

Tout au début, Alice crut le Chapelier, nouveau chef du pays des merveilles libérales lorsqu’il disait vouloir soutenir les familles afin qu’elles réalisent leurs projets, qu’elles puissent vivre là où elles le veulent, entourées de ceux qu’elles aiment. Toutefois, les apparences étaient trompeuses, car les bons emplois en région ont presque tous été éliminés, menaçant ainsi les régions de fermeture.   

Poursuivant son discours illogique, le diabolique Chapelier mentionna l’importance de prendre le temps de bien écouter ceux qui nous ont élus pour les représenter. Après ces paroles, Alice s’est retrouvée instantanément de l'autre côté du miroir, car le Roi de cœur, la Reine de cœur, le Valet de cœur, le Lapin Blanc, le chat du Cheshire et toutes ces nouvelles créatures apparues le 7 avril n’écoutaient que l’entreprise privée.

Lorsque le Chapelier indiqua que son travail, c’est de libérer tout le potentiel du pays des merveilles libérales et de combiner ses avantages dans un véritable élan vers la prospérité, Alice rapetissa instantanément, car Tweedledee et Tweedledum ont aussitôt dilapidé des milliards en sous-traitance, tout en congédiant ou en réduisant brutalement les conditions de travail d’Alice et de ses semblables de la classe moyenne.

Plus tard, Alice se mit à grossir de colère, car le Chapelier avait promis la transparence dans ses actions et dans son utilisation des fonds publics. Alice fut envahie par la rage lorsque Humpty Dumpty, dans son fief de Rivière-du-Loup, engagea des dépenses d’apparat pour soi-disant améliorer tout ce qui est informatique, sécurité et aménagement des lieux.

Alice n’était pourtant pas au bout de ses peines, car le Chapelier osa même déclarer, sans rire, que le meilleur remède à l’obscurité, c’est la lumière, la transparence. Quelques mois plus tard, Alice trouva le pays des merveilles libérales terriblement dépaysant, entendu que la porte était désormais grand ouverte à la corruption, à la collusion, aux appels d’offres truqués, au gaspillage, au favoritisme, à l’évitement fiscal et aux pires mensonges.  

Dans ce pays des merveilles libérales qui se voulait le premier véritablement ouvert de l’histoire du Québec, Alice tenta de comprendre et de rationaliser le monde étrange qui l’entourait maintenant. Mal lui en prit, car Alice développa un fulgurant cancer du cerveau. Elle ne put malheureusement se faire soigner, les soins publics ayant été interdits au pays des merveilles libérales. Pauvre Alice !