L'éducation et la réussite de nos élèves, piliers du modèle québécois

2015/02/17 | Par Martine Ouellet

Les sociétés avancées comme la nôtre ont toutes un point en commun : un système d'éducation de qualité. Le Québec, 27e plus riche s'il était un pays, ne fait pas exception. Cependant, nous devons travailler plus fort afin d'en assurer sa qualité, sa pérennité et son accessibilité pour tous.

Grâce au printemps érable, les projecteurs se sont tournés vers notre système d'éducation et il a été analysé sous toutes ses coutures. Outre le fait qu'il est primordial de consolider son financement afin d'en assurer sa pérennité, il est possible dès maintenant de procéder à des actions concrètes pour l'améliorer.

Au nom d’une austérité créée et alimentée par nos apprentis sorciers libéraux, notre système d'éducation est attaqué de toutes parts. Hausse du ratio enseignant/élèves, diminution de l’offre de cours collégiaux en région, abolition de cours universitaires, baisse du financement de la recherche et la liste continue.

Des coupes de plus de 200 millions $ en 2014 pour les cégeps et les universités, du jamais vu! Récemment, on apprenait qu'en raison de coupes de 42 millions $ à l'Université Laval, l'École internationale d'été de Percé allait fermer.

Est-ce que nos régions ont les moyens de perdre ces investissements, est-ce que le Québec a les moyens de perdre ces formations? Est-ce que nous avons les moyens comme société avancée de charcuter notre système d'éducation? Non. L'éducation est à la base de notre société, tant pour le mieux-vivre ensemble que pour notre santé économique. Une autre voie est possible.


Valorisons nos enseignants, personnes marquantes dans la vie de nos enfants

Le rôle que joue l'enseignant dans la vie de nos enfants est crucial, il faut le revaloriser. Or, afin qu'ils puissent enseigner à nos enfants dans un climat sain, favorisant la réussite scolaire, nous devons les appuyer, pas compliquer davantage leur travail.

Un premier pas pour y parvenir est de les rémunérer lors de leur stage de fin d'études en Science de l'éducation, où ils travaillent près de 60 heures pendant trois mois sans revenu associé! Une étude de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) établit cette mesure à environ 15 millions $.

Ensuite, au lieu d'augmenter le nombre d'élèves par classe comme s'entête à le faire le Parti libéral, il faut plutôt apporter du renfort aux enseignants. Comme nous l'indique le livre Le bon sens à la scandinave, l'un des facteurs qui explique le succès du système finlandais face aux difficultés d'apprentissage des élèves, c'est que les enseignants reçoivent tout le soutien nécessaire des spécialistes de l'éducation.

Il est primordial de détecter les élèves en difficulté dès le plus jeune âge afin d'éviter qu'ils prennent du retard sur le reste de la classe. Par exemple, plus on attend afin de régler le retard en français, plus l'enfant aura de la difficulté à suivre dans l'ensemble des matières. Augmenter le soutien aux élèves, c'est augmenter l'autonomie d'apprentissage, la connaissance de la matière.

M’inspirant des meilleurs afin de prévenir en amont au lieu de tenter de guérir par la suite, je propose d'investir 50 millions $ supplémentaires afin d'augmenter le nombre de spécialistes qui accompagnent les enseignants tels des orthopédagogues et des orthophonistes.

C'est en conservant un climat d'éducation sain et stimulant, axé sur la prévention, que nous allons permettre la réussite scolaire des élèves. Il ne faut pas exagérer non plus, bien que l'on peut encore l'améliorer, notre système d'éducation nous a permis d'obtenir le premier rang en mathématiques chez les élèves occidentaux de 15 ans, nous pouvons en être fiers.

Cependant, trop d'enfants n'ont pas tous les outils pour réussir. Notre société a les moyens de les soutenir ou, disons plutôt, que nous n'avons pas les moyens de les abandonner.


Appuyons la formation professionnelle, les cégeps et les universités

Le Québec, s'il veut maintenir son avantage comparatif avec les autres économies, se doit de fournir un équipement à la fine pointe de la technologie aux étudiants des formations professionnelles. Pour qu'ils puissent bénéficier d'un apprentissage adapté à notre économie moderne, il faut investir davantage en matériel spécialisé.

Des équipements récents et diversifiés, ça permet aux élèves de mieux s'adapter une fois sur le marché du travail. Ça permet d'être plus versatile et de mieux réagir lorsque l'on doit changer d'emploi. Des équipements récents et diversifiés, ça permet aussi de valoriser les formations professionnelles auprès des étudiants, formations, il faut le rappeler, très recherchées dans notre économie développée. C'est pourquoi je propose d'investir 75 millions $ supplémentaires en équipements pour la formation professionnelle.

J’aimerais réitérer l'importance des cégeps au Québec, qui permettent l'accès à une formation de base de qualité pour un grand nombre de Québécoises et de Québécois. De plus, le rôle des cégeps est encore plus crucial en région puisqu'il permet de diminuer l'exode des jeunes et, avec sa masse critique d'enseignants et d'élèves spécialisés, il est souvent un pôle majeur de développement économique.

Afin de maintenir l'importance des cégeps en région, je propose de conserver les techniques exclusives dans les cégeps. Par exemple, les programmes de techniques en Art et technologie des médias de Jonquière (ATM) doivent demeurer exclusifs à cette région. En plus d'être un moteur pour le développement économique régional, ce statut permet de créer une masse critique où se concentre le talent québécois.

Du côté des étudiants universitaires, je propose de nous inspirer de l’Université de Sherbrooke et d’offrir le transport collectif gratuit. Cette mesure novatrice, en plus de venir diminuer le coût global des études, apporte plusieurs effets bénéfiques à la société dont la diminution du nombre d'autos sur les routes et l'adoption de bonnes pratiques en transport collectif. En plus de permettre aux étudiants d'économiser, cette mesure évaluée à 65 millions $ permettra de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre en transports, secteur générant 40 % de nos émissions.


Un meilleur financement postsecondaire

Force est de constater que si nous voulons conserver l'excellence de nos cégeps et de nos universités, et même aller encore plus loin, nous devons trouver une nouvelle source de financement. Mais il est hors de question de demander aux étudiants d'en faire plus, leur niveau d'endettement est déjà problématique. Les Québécois financent, via les taxes et les impôts, la formation d'une main d'œuvre qualifiée sur laquelle les entreprises peuvent compter, c'est la moindre des choses qu'elles participent à l'effort collectif à leur tour!

M'inspirant de la proposition de la Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL), je propose d'ajouter au Fonds des services de Santé (FSS) un volet pour les études professionnelles et postsecondaires.

Le FSS, instauré dans les années 1970, est presque exclusivement financé par les entreprises et il fournit annuellement sept milliards $ au trésor québécois. L'avantage de cette mesure, c'est qu'aucune nouvelle structure n’est nécessaire, il s'agit uniquement de majorer la formule actuelle de quelques dixièmes de point de pourcentage, en fonction de nos besoins.


Résumé des mesures proposées

  • Valoriser les enseignants en rémunérant le stage de fin d'études en Sciences de l'éducation. Mesure estimée à 15 millions $ par la FEUQ;

  • Supporter les enseignants en engageant davantage de spécialistes tels des orthophonistes et des orthopédagogues dans les écoles, jusqu'à concurrence de 50 millions $;

  • Maintenir notre avantage comparatif en investissant 75 millions $ supplémentaires en équipements pour les formations professionnelles;

  • Développer l'économie des régions et confirmer l'importance de cégeps en conservant la vocation unique des techniques exclusives, comme l'ATM au cégep de Jonquière;

  • S’inspirer de l’Université de Sherbrooke et fournir le transport collectif gratuit pour les étudiants universitaires. Investissement estimé à 65 millions $;

  • Assurer la pérennité de notre système d'éducation en ajoutant au Fonds des services de Santé des entreprises, un volet études professionnelles et postsecondaires (FSSEPP), inspiré de la proposition de la CADEUL.


Le Québec indépendant, libre de ses choix

Lorsque nous allons tous ensemble nous dire Oui, le Québec sera le seul à prendre ses décisions en éducation et en recherche. Exit l'ingérence du Canada dans le financement des études postsecondaires comme ce fut le cas lors de l'épisode des bourses du millénaire. Exit les coupures du gouvernement Harper dans la recherche sur les changements climatiques et l'environnement. Bienvenue au 45 milliards $ de taxes et d'impôts que nous envoyons chaque année à Ottawa. Bienvenue au maintien de la recherche sur les changements climatiques et sur l'environnement, dans notre contrée qui produit une électricité verte à 99 %.

L'indépendance, c'est la fin de l'ingérence du Canada dans notre système d'éducation. L'indépendance, c'est simplement des Québécois, élus par des Québécois, qui décident ensemble ce qu'il y a de mieux pour les Québécois.

On est huit millions, qu'est-ce qu'on attend?

Martine Ouellet, ing., MBA
Députée de Vachon