PKP et le droit du public à l’information

2015/03/12 | Par Michel Saint-Laurent

L’auteur habite les Îles-de-la-Madeleine

Un incident, apparemment anodin, survenu lors de la conférence de presse de M. Pierre Karl Péladeau, le 10 mars dernier, annonçant sa plate-forme économique dans le cadre de la course à la chefferie du Parti québécois devrait nous porter à nous questionner sur les effets tangibles de la concentration de la presse au Québec.

Ainsi, lors de la période de questions à la suite de sa présentation, M. Péladeau a eu maille à partir avec un journaliste, non-identifié sur le champ, qui insistait à vouloir poser une 2e question alors que le candidat à la chefferie du PQ et son équipe avaient établi, péremptoirement, allant à l'encontre des règles usuelles et du droit à l'information la plus complète possible, que chaque journaliste n'aurait droit qu'à une question, une seule.

Il s'en est suivi un épisode où le refus obstiné de M. Péladeau, visiblement irrité, de répondre à une nouvelle question du journaliste a même supplanté, à Radio-Canada, lors du compte-rendu subséquent, le message qu'il tentait de nous livrer.

Serions-nous en droit de nous questionner sur la définition du droit du public à l'information de M. Péladeau, toute l'information, pas seulement celle qu'il décide de nous livrer, au débit qu'il décide?

Mais au-delà de ce feuilleton, certes peu reluisant pour M. Péladeau, qui semble avoir un problème (sic) avec les journalistes, cet épisode soulève un questionnement plus avant sur les effets délétères de la concentration de la presse au Québec.

Ainsi, comment se fait-il que, lors des téléjournaux du soir relatant cette rencontre avec la presse, la couverture ait été si opposée? À Radio-Canada, on a montré cet incident et on en a parlé à la radio aussi alors que, du côté de TVA, pas un mot, motus et bouche cousue sur cet esclandre. Étrange non? Autocensure, commande venue d'en haut? Allez savoir...

Or, une explication pourrait peut-être se trouver du côté de la « guerre médiatique » qui a cours entre ces deux géants de l'information. Il est connu que Radio-Canada, notre télévision et notre radio publiques et l'entreprise Gesca-La Presse, propriété des Desmarais, d'un côté et Québecor- TVA- Le Journal de Montréal, appartenant à M. Péladeau, de l'autre, se livrent, depuis des années, une lutte féroce afin d'asseoir, chacun, leur suprématie dans le milieu des médias de masse au Québec et rafler la part du lion des parts de marché.

Se pourrait-il ainsi que, malgré l'affirmation de M. Péladeau à l'effet qu'il ne s'immisce pas dans le travail de ses salles de rédaction, que celles-ci « s'arrangent » pour, le moins possible, l'égratigner?

Et, en contrepartie, que l'adversaire en fasse tout autant quand il s'agit de protéger ses poulains...fédéralistes et qu'il ne manque pas une occasion de faire mal paraître le concurrent, dorénavant indépendantiste affiché, dans le combat idéologique qui les oppose? Vues de l'esprit que tout ça? L'information y est-elle gagnante? Le citoyen est-il bien informé? Ces questions se posent-elles...?