Un pays à faire? Quel pays?

2015/03/25 | Par Louis-Philippe Sauvé

Le déclencheur

«Le NPD de Tom Mulcair, c’est un parti qui se tient debout pour le Québec […]La vague orange de 2011 au Québec n’était pas, comme le prétend Simon Couillard, le résultat d’une collaboration entre fédéralistes et indépendantistes, mais plutôt une volonté claire du Québec de mettre fin aux vieilles chicanes et de passer à autre chose. Les Québécois avaient fait le tour du Bloc» ( Hans Marotte)

Dans son éloge au NPD, Hans Marotte prétend que le NPD s’est tenu debout pour le Québec. Sa mémoire semble lui faire défaut, je me permets ici de la lui rafraîchir.

En 2012, le NPD appuie le développement du projet hydroélectrique du Bas-Churchill concurrençant ainsi de façon déloyale Hydro-Québec. Cette même année, Thomas Mulcair déclarait que l’augmentation de transport du pétrole des sables bitumineux d’Ouest en Est était une «solution pleine de bon sens». Encore aujourd’hui, l’ambiguïté du NPD vis-à-vis le projet Énergie Est de Transcanada est éloquente à lumière de ces propos.

Je me demande si les députés néodémocrates sont à l’écoute de l’opposition sans cesse grandissante à ce projet. Peut-être que M. Mulcair devrait écouter son caucus québécois qui est vraisemblablement embêté par cette position. Cette fin de semaine, le député de Brossard-Laprairie Hoang Mai, s’est même déclaré, visiblement mal-à-l’aise, contre le projet devant une centaine de jeunes lors d’un colloque de Force Jeunesse.

En octobre 2013, le NPD a voté contre le projet de loi C-457 du Bloc Québécois visant à abolir la Loi sur la clarté, il faudra un jour que l’on m’explique la cohérence d’un tel geste avec la partie 6 de la Déclaration de Sherbrooke qui reconnait le droit à l’autodétermination du peuple Québécois.

En 2014, le chef de votre parti a voté pour le Parti libéral du Québec. Ce même Parti libéral qui saccage l’État québécois à coups de hache, appauvrissant ainsi la société dans son ensemble. Je m’interroge toujours sur M. Mulcair : est-il progressiste ou souffre-t-il d’incohérence?

En 2015, les candidats néo-démocrates ne cessent de chanter tous en cœur que leur parti augmenterait le salaire minimum à 15$ l’heure et créerait un réseau «national» de garderies à 5$. Comme progressiste, je ne peux certes pas être contre la vertu, mais comme Québécois je refuse que le fédéral poursuive son offensive dans les champs de compétences exclusives de l’État du Québec comme il le fait si bien depuis 1867.

En 1988, M. Marotte escaladait la Croix du Mont-Royal pour faire falloir la Loi 101. Il publiait ensuite un manifeste souverainiste intitulé Un pays à faire. Depuis il a viré capot et défendez désormais l’État canadien qui est, à mon sens, un frein au développement du plein potentiel québécois de même qu’à l’avancement des intérêts supérieurs de la nation.

Il dit qu’il faut mettre un terme aux vieilles chicanes. Je ne peux qu’acquiescer. Combien de rondes constitutionnelles, de conférences Québec-Canada et de conflits entre les paliers de gouvernement lui faudra-t-il subir avant de comprendre que le régime fédéral est irréformable à la satisfaction des deux peuples fondateurs?

Je crois qu’il est temps que le peuple du Québec se mobilise pour le pays à faire. Il est temps de penser ce pays de demain, un pays républicain, libre et prospère. Un État qui nous ressemblera, garant de la survie de notre culture et de notre langue pour les siècles à venir. Un pays pour concrétiser un état de fait, ontologique, la nation québécoise comme entité géopolitique. Un pays féministe, laïc et égalitaire. Sera-t-il progressiste, conservateur, libéral ou socialiste ? Le peuple en décidera. Travaillons ensemble, pour accoucher de ce pays qui n’en fait fini plus de naître et enfin pouvoir mettre un terme «aux vieilles chicanes». Mettons fin à notre statut de province. Vivement le Québec indépendant !