Oléoduc Énergie Est : La SSJB de la Mauricie est très inquiète

2015/04/08 | Par SSJB de la Mauricie

La construction de l’oléoduc Énergie Est dans lequel devrait circuler plus d’un million de barils de pétrole par jour, sillonnera la Mauricie sur toute sa largeur, de Maskinongé à Sainte-Anne-de-la-Pérade, en passant sur plusieurs kilomètres de terre arable et au fond de sept rivières importantes de la région qui alimentent une grande partie de la population en eau potable et qui se déversent dans le fleuve.

Ce projet de grande envergure, dont on vient d’annoncer, à la suite des pressions de la population, l’annulation de la construction du port à Cacouna pour des raisons environnementales, fait fi, dans sa planification, de la réalité culturelle de la population du Québec et de son environnement, ce qui rend la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie inquiète pour la suite des choses, sous différents aspects.

D’une part, en refusant de traduire en français les quelque 30 000 pages d’information et de données concernant l’oléoduc, la compagnie TransCanada fait preuve d’un manque de respect flagrant pour le Québec et ses habitants. Dans une société respectueuse, on ne négocie pas avec la population en foulant sa langue aux pieds. Il est anormal de considérer que c’est à la population québécoise, et en particulier aux agriculteurs qui cultivent la terre où l’on veut faire passer l’oléoduc, de faire traduire à leurs frais les documents requis pour faire valoir leurs droits. L’attitude actuelle de la compagnie nous porte à douter de la bonne foi de cette dernière dans ses négociations.

D’autre part, comme le fait remarquer M. Jacques Tétreault, porte-parole du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec, « de l’aveu même de l’industrie, on ne peut pas détecter les fuites mineures qui laissent couler moins de 1,5 % à 2 % du volume de flux. Cela représente quand même des volumes importants qui peuvent aller jusqu’à 16 000 barils par jour si on considère que le projet Énergie Est prévoit faire circuler 1,1 million de barils de pétrole quotidiennement! Déjà, des études nous disaient que seulement 21,4 % des fuites étaient détectées par les systèmes mis en place par l’industrie (SCADA), le reste des fuites étant détectées par des inspections aux deux semaines ou par des citoyens. »

Imaginons une fuite de 1 % dans la section de l’oléoduc passant dans la rivière Saint-Maurice. Cet accident priverait une bonne partie de la population de la ville de Trois-Rivières de son eau potable pour une période indéterminée. Tout dépendant de l’ampleur de la catastrophe, la ville de Trois-Rivières pourrait se voir dans l’obligation de déplacer sa prise d’eau, se trouvant en aval de l’oléoduc, pour retrouver son approvisionnement en eau potable. Les populations résidant sur les territoires où passera ce tuyau pourraient faire face au même problème advenant que des fuites de pétrole atteignent leur approvisionnement en eau potable, que ce soit des lacs, des rivières ou des nappes phréatiques.

La SSJB de la Mauricie croit que le gouvernement du Québec doit exiger et ordonner qu’une consultation soit faite par le BAPE afin de s’assurer que le projet d’oléoduc Énergie Est soit conforme aux normes québécoises de développement durable.

La Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie est d’avis que le Québec a bien mal évalué sa participation dans l’effort de commercialisation du pétrole des sables bitumineux. Lorsque le marché du pétrole fait augmenter la valeur du dollar canadien, ce sont les entreprises manufacturières du Québec qui connaissent des difficultés à exporter. Le Québec aurait donc dû tenir compte de ce phénomène, appelé le « mal hollandais », et s’assurer d’obtenir des redevances suffisantes pour soutenir son secteur industriel et manufacturier.

La SSJB de la Mauricie est d’avis que le gouvernement du Québec, avant d’entreprendre toute discussion en vue d’accepter la construction de l’oléoduc Énergie Est par la compagnie TransCanada, devait exiger :

  • que le promoteur respecte la langue française et l’esprit de la Charte de la langue française, qui fait du français la langue commune au Québec, en traduisant les documents concernant l’oléoduc Énergie Est et en s’engageant à tenir toute communication publique et avec les citoyens du Québec dans la langue officielle du Québec;

  • que la compagnie s’engage à respecter les processus d’évaluation du Québec (BAPE) et à respecter les normes environnementales en vigueur au Québec;

  • qu’aucune discussion sur le tracé ne soit faite sans que la population habitant le territoire concerné ne soit consultée (p. ex. : puisque l’oléoduc passe dans la rivière Saint-Maurice, en amont de la prise d’eau de la ville de Trois-Rivières, la population doit donc être consultée);

  • que la compagnie TransCanada et le gouvernement canadien s’engagent fermement à respecter toutes les normes environnementales en vigueur au Québec;

  • que le promoteur reconnaisse sa totale responsabilité dans tout déversement de pétrole provenant de l’oléoduc Énergie Est et qu’il s’engage à créer, si jamais il obtient l’autorisation de construire son pipeline, un fonds d’indemnisation d’au moins un milliard, à déposer avant le début des travaux;

  • que soit négociée, avec la compagnie TransCanada et le gouvernement fédéral, une formule de redevance servant à compenser les risques encourus par la population du Québec en cas d’autorisation des travaux et de l’exploitation de l’oléoduc;

  • qu’une entente avec le gouvernement fédéral soit ratifiée afin de compenser les pertes financières attribuables au phénomène du « mal hollandais » que les exportations de pétroles sont susceptibles de provoquer.

Devant la planification et les conditions établies par la compagnie TransCanada et le gouvernement fédéral pour la construction de l’oléoduc Énergie Est ainsi que l’attitude aplaventriste du gouvernement du Québec faisant fi du respect du territoire québécois, de ses ressources d’eau potable, de son économie, de sa population et de sa langue, la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie se prononce contre la construction de l’oléoduc Énergie Est.