Une candidate au discours clair

2015/04/20 | Par Jean-Marc Boiteau

La journée de notre entretien, Martine Ouellet, députée de la circonscription de Vachon, a eue 46 ans. Mais pour elle, pas le temps de célébrer. Course à la chefferie du Parti québécois oblige*, elle fait feu de tout bois !

Indépendantiste depuis toujours – elle a commencé à militer pour le PQ à l’âge de 17 ans –, Martine Ouellet est une femme minutieuse et déterminée qui veut faire du Québec un pays. La députée est on ne peut plus claire à propos de l’avenir du seul État francophone d’Amérique, qui possède, selon elle, toutes les ressources nécessaires pour devenir un pays à part entière. L’engagement de la jeune ingénieure mécanique ne souffre d’aucune ambigüité. « Dès mon premier mandat à titre de première ministre, je m’engagerai à faire du Québec un pays », affirme-t-elle.

Mère de deux enfants, elle a œuvré chez Hydro-Québec pendant 20 ans comme gestionnaire auprès des 300 plus grandes entreprises du Québec. Elle y était responsable de projets d’efficacité énergétique, de recherche et de développement, incluant des négociations de contrats majeurs.


À part le fait que vous êtes la seule femme à vous présenter à la chefferie du Parti québécois, qu’est-ce qui vous distingue des autres candidats ?

« Je ne dirige pas mes projets de façon hiérarchique comme certains, ayant œuvré à l’intérieur d’industries ou d’établissements prônant cette philosophie. Étant une sociale démocrate, je préfère travailler en équipe, où chacun apporte sa contribution personnelle. En ingénierie mécanique par exemple, je conçois des plans matérialisés par la suite avec une équipe de collaborateurs. Dans ma profession, nous travaillons sur du concret, il n’est donc pas question de parler projet si je ne suis pas certaine de sa faisabilité! »


Le fait que certains députés préfèrent donner leur appui à d’autres candidats vous inquiète-t-il?

«Absolument pas! Il semble que je bénéficie de bon nombre d’appuis des membres et c’est ce qui compte pour devenir chef du parti. Peut-être est-ce dû au fait que je ne suis pas une oratrice faisant des discours disons… sinueux ? Quand je m’adresse aux personnes, je préfère dire les choses clairement, et pour utiliser une expression populaire, je ne suis pas du genre à utiliser la langue de bois ! »


Vous avez été ministre des Ressources naturelles de 2012 à 2014. Quelles ont été vos réalisations ?

« J’ai travaillé sur l’électrification des transports, l’efficacité énergétique, de nouvelles lois sur les mines, la Charte du bois et j’ai mis fin à la centrale nucléaire de Chantilly. »


Et l’identité québécoise ?

« Nous possédons une culture qui nous distingue et nous devons en être fiers. J’investirai dans la culture et ferai rayonner la langue française en soutenant les milieux culturels. J’investirai aussi dans des projets porteurs et j’augmenterai l’offre de cours de français à tous les nouveaux arrivants.»


Qu’est-ce qui vous a amenée à faire de la politique?

« Dans ma jeunesse, je voyais mes parents qui militaient en faveur de l’indépendance. À 17 ans, je me suis impliquée comme militante pour le Parti québécois. Cela fait 28 ans, déjà! »

Parlons justement de votre jeunesse. Quel genre de fille étiez-vous? «J’étais sportive. À l’école, je participais à des sports d’équipe comme à des tournois de ballon chasseur. Je me débrouillais assez bien! (rire). »


D’où provient votre intérêt particulier pour l’environnement?

«La lecture du rapport Brundtland sur le développement durable m’a permis de réaliser tous les avantages inhérents à l’utilisation de nos ressources naturelles. Notamment pour produire une énergie propre qui respecte l’environnement, qui nous assure une autonomie énergétique et qui crée des emplois. Dans mon programme, il est justement question de se doter d’une politique énergétique intelligente.


Des exemples ?

«Le gouvernement doit donner l’exemple en utilisant des véhicules qui fonctionnent à l’électricité! Il faut accélérer l’électrification des transports de façon à atteindre d’ici 2022 l’objectif de 200 000 voitures électriques et 1 million pour 2030 tout en mettant en place une loi zéro émission. Il faut aussi électrifier tous les autobus scolaires et municipaux en plus d’étudier la faisabilité de construire un monorail interurbain.  On doit renforcer la mission d’Hydro-Québec avec HQ Éolien et HQ International, tout en augmentant le soutien aux entreprises d’économie sociale et en stimulant l’implantation de coopératives. Ce serait une façon de créer de l’emploi tout en améliorant la qualité de vie des Québécois.»


Et les énergies fossiles ?

«Il faut diminuer notre dépendance aux énergies fossiles et interdire, par une loi, l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent. Il faut augmenter les redevances des entreprises, refuser l’oléoduc d’Énergie Est, arrêter les travaux à Anticosti et réaliser un BAPE générique.»


Vous savez comme moi que les pétrolières sont souvent responsables de déversements d’hydrocarbures lors des phases d’exploration et d’extraction des gaz de schiste, qui polluent jusqu’à la nappe phréatique. Comment comptez-vous contrer le lobby des grandes multinationales ?

«Ce ne sont pas eux qui vont décider de la marche à suivre, mais la population dans son ensemble et mon gouvernement ! »


*Le vote des membres pour élire le prochain chef du Parti québécois se déroulera du 13 au 15 mai 2015