Centraliser l’aide financière aux études, une fausse bonne idée !

2015/04/21 | Par Louise Chabot, Jonathan Bouchard, Alexis Tremblay

Respectivement, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

Cet automne, le gouvernement du Québec a pris tout le monde par surprise en annonçant aux responsables des bureaux d’aide financière aux études (AFE) des cégeps et universités des changements importants dans leur fonctionnement. D’apparence strictement bureaucratique, cette décision aura des conséquences bien réelles pour des milliers d’étudiantes et étudiants.

Dans les prochaines semaines, Québec entend retirer aux établissements l’accès au « profil 3 », qui leur permet de répondre et de traiter rapidement les demandes d’aide financière des étudiantes et étudiants.

Depuis son implantation, il y a une dizaine d’années, le « profil 3 » confie aux bureaux locaux des cégeps et universités la responsabilité d’effectuer le traitement des demandes d’aide financière plus complexes qui lui sont soumises, ce qui permet de minimiser les délais de traitement (entre 24 h et 48 h).

Le retrait du « profil 3 » aux établissements pour centraliser le traitement des dossiers à l’AFE de Québec entraînera une augmentation des délais de quatre à huit semaines pour l’obtention du calcul de l’aide financière, à la suite de quoi s'ajoutera une attente de deux semaines pour la réception du premier versement.

Comme ce sont les étudiantes et étudiants les plus vulnérables qui bénéficient de ces services, particulièrement dans le secteur de la formation continue et de l’éducation permanente (nouveaux immigrants, familles monoparentales ou retour aux études, etc.), il est à craindre que ces nouveaux délais inutiles risquent d’avoir un impact sérieux sur l’accessibilité et la persévérance aux études supérieures.

Nombreux sont ceux n’ayant pas le luxe d’attendre plusieurs semaines sans revenu et dans l’incertitude. Pour un gouvernement qui fait de l’adéquation formation-emploi une obsession, il est particulièrement navrant de le voir s’entêter dans cette voie !


Une décision qui fait l’unanimité contre elle

Le désaccord face à cette décision rallie étudiants, personnel et directions des cégeps et universités concernées.

De son côté, le gouvernement justifie sa décision par souci d’économies et par le nombre élevé d’erreurs qui seraient faites par les cégeps et universités. Or, il refuse de chiffrer le montant des économies et d’exposer un portrait précis des erreurs qu’il souhaite corriger.

Au cours des dernières années, les différents comités chargés d’évaluer le succès de cette délégation aux établissements ont tous conclu qu’il s’agissait d’un partenariat exemplaire, efficace et efficient.

Bien loin d’être une solution pragmatique, le tout semble plutôt relever d’une volonté dogmatique de centralisation tous azimuts.

Par ailleurs, seules cinq universités (Université de Montréal, Université Laval, Université du Québec à Montréal, Université de Sherbrooke, Université McGill) conserveront l’accès au « profil 3 ». Encore une fois, ce sont les régions et les plus vulnérables qui font les frais des décisions du gouvernement Couillard !

Espérons que le gouvernement entende raison d’ici la date butoir du 3 mai et qu’il accepte de s’asseoir avec les acteurs du milieu pour trouver des solutions raisonnées.

Pour des bénéfices minimes et hypothétiques, nous allons jeter le bébé avec l’eau du bain en allongeant indûment des délais de traitement pour des étudiantes et étudiants plus vulnérables.

Le Québec ne peut tout simplement pas se permettre de décourager celles et ceux qui souhaitent retourner aux études.