Naufrage en Méditerranée : la responsabilité canadienne

2015/04/24 | Par Pierre Jasmin


L’auteur est vice-président des Artistes pour la Paix

Je me demande sincèrement si le général canadien qui, en commandant en 2011 la mission confiée par l'ONU de protéger Benghazi des exactions du dictateur Kadhafi, l’a détournée en opération militaire qui a démoli tout le gouvernement libyen, va bien dormir cette nuit, après ce naufrage de centaines de personnes et l'exécution d'une trentaine de Chrétiens par l'Armée Islamique, LA MÊME JOURNÉE (victimes en majorité Libyennes).

Et on ne parle pas des conséquences sur le Soudan, la Somalie (son attaque contre l’ONU et l’UNICEF), le Yémen et la dissémination des armes libyennes entre les mains islamistes Shebabs et Boko Haram…

Et les commentateurs télévisuels applaudissent encore l’idée de mettre l’argent canadien, plutôt que dans le soutien à la coopération démocrate, dans des opérations militaires qui coûtent des milliards de $ en bombardant l’Afghanistan, la Libye, l’Irak, la Syrie ?

On envisage le même genre d’opérations en Ukraine à la rescousse d’un gouvernement dont les accointances néo-nazies ont exécuté trois députés pro-russes dans la dernière semaine?

On laisserait le budget conservateur augmenter les dépenses militaires de 3% par année, tout en se lavant les mains des drames humains en refusant quelques millions de $ pour les malheureux réfugiés que nos guerres pour le pétrole augmentent en démolissant leurs pays?

On vend pour quinze milliards de $ des véhicules militaires blindés à l’Arabie Saoudite qui a financé al-Qaïda, nourri le fanatisme de l’Armée Islamique avec ses prêches wahabites et bombardé le Yémen ?

Dans leur couverture sur les affreux naufrages au large de la Libye, les médias ont invité des dizaines de spécialistes gouvernementaux ou de diverses ONG à apporter leurs solutions, en évitant soigneusement de laisser la parole aux pacifistes.