Réforme des commissions scolaires

2015/04/24 | Par Louise Chabot


L’auteure est présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

C’est par les médias que le nouveau ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), François Blais, fait part à doses homéopathiques de sa vision de l’éducation à la population du Québec, notamment en ce qui a trait aux commissions scolaires. Après avoir infligé à celles-ci une cure minceur sans précédent (un milliard de dollars en moins affectant les services aux élèves), voilà qu’on apprend qu’il veut éliminer les élections scolaires.

Et comme le veut le vieux principe politique américain, « pas de taxation sans représentation », le ministre veut revoir aussi la question de la taxe scolaire. Que de chambardements alors que des milliers d’élèves sont en attente afin d’obtenir des services les aidant à persévérer et à réussir leurs études ! Mais où sont donc les priorités de ce gouvernement ?

Voilà, il fallait un prétexte. Le faible taux de participation aux dernières élections scolaires, à peine 5,5 %, a été le déclencheur pour préparer le terrain à la disparition de plus 150 ans de démocratie scolaire. Il serait plus aisé de suivre le ministre si seulement le gouvernement avait fait de véritables efforts pour dynamiser ce palier politique, pour rechercher et mettre en place des solutions viables, si nous avions finalement le sentiment que tout a été fait pour pérenniser la démocratie scolaire.

Simplement tenir des élections scolaires en même temps que les élections municipales, comme en Ontario, aurait permis de faire un pas dans la bonne direction. Un soutien plus important aux candidats aux élections, pour faire connaître le plus largement possible les enjeux éducatifs de leur commission scolaire, aurait été un signal positif du gouvernement.

Rien de cela n’a été fait. Au contraire, le gouvernement s’est engagé dans les dernières années dans un bras de fer médiatique avec les commissions scolaires, cherchant à les rendre responsables des coupes de services aux élèves qui découlaient pourtant des compressions budgétaires qu’il a lui-même imposées au nom de l’austérité.

Et que nous propose le ministre comme solution de rechange ? Pour le moment, rien ; c’est le désert, le vide, le néant. Est-ce que cela veut dire que le ministre de l’Éducation n’a aucune idée de ce qu’il fera ? Je crois que ce serait une erreur de penser cela. Le gouvernement Couillard a un modèle de gouvernance en tête, modèle qu’il a appliqué sous le coup d’un bâillon dans le milieu de la santé. Ce modèle donne beaucoup de pouvoir au ministre, aucun aux usagers.

Pour le moment, il nous semble que le discours du gouvernement sur la persévérance et la réussite scolaires cache plutôt une volonté de désengagement de l’État dans les services publics éducatifs, une augmentation de la tarification des services éducatifs pour les parents, un appauvrissement de l’éducation publique favorable à la privatisation de cette dernière. Nous souhaitons un gouvernement qui ne voit pas l’éducation comme un simple poste budgétaire à administrer, mais qui en a une véritable vision, prêt à investir dans la réussite de nos jeunes et prêt à soutenir et écouter le personnel des établissements d’enseignement dans cette importante mission.