Le Cégep de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, un acteur économique de première importance

2015/04/28 | Par IREC

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) vient de publier une étude sur le Cégep de la Gaspésie et des Îles (CGÎM) qui permet d’analyser le rôle que jouent les établissements d’enseignement collégial en région éloignée pour l’économie et le développement territorial.

« C’est en recomposant la toile des relations existant entre le Cégep et son milieu régional que nous avons pu constater à quel point cette institution accomplit, parallèlement à sa mission institutionnelle, des fonctions de développement économique et territorial, en plus de contribuer substantiellement à la rétention des jeunes et à l’attraction des diplômés dans la région », » ont expliqué François L’Italien, chercheur pour l’IRÉC, et Jean-François Spain, enseignant au Cégep de la Gaspésie et des Îles.

« Le dynamisme qu’insuffle le Cégep à la région repose principalement sur la présence de jeunes qui, tout en menant à terme leurs projets d’études, contribuent directement à la vitalité des collectivités locales et de la région. Il s’agit là d’un impact économique de longue portée qui est de nature qualitative », ont poursuivi les auteurs de l’étude.

Emplois et effets économiques majeurs

Quant aux retombées quantitatives, les résultats de l’étude ne laissent planer aucun doute : le CGÎM est un acteur économique de première importance, aussi bien sur le plan de l’emploi que des effets économiques qu’il génère chaque jour. « Peu d’acteurs économiques dans la région peuvent revendiquer le fait de soutenir, par ses dépenses en salaires, 131 emplois directs et indirects dans la région, en plus d’induire une valeur ajoutée de 11 M$ au PIB régional et de générer des revenus fiscaux et parafiscaux de 2,5 M$ pour le gouvernement du Québec, sans compter les prélèvements à la source déjà réalisés par lui », ont indiqué François l’Italien et Jean François Spain.

L’exemple prometteur des Centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT)

Le CGÎM s’est engagé au cours des dernières années à développer, conjointement avec des organisations de sa région, les Centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT). Il joue ainsi un rôle de premier plan dans la formation professionnelle associée aux principaux créneaux de développement économique de la région, soit l’industrie récréotouristique (technique en tourisme d’aventure), le secteur halieutique (École des pêches et de l’aquaculture de Grande Rivière), et la filière éolienne (CCTT TechnoCentre éolien de Gaspé).

« Même si l’impact économique généré par les dépenses des salariés n’a pu être quantifié, leurs capacités organisationnelles se traduisent par des effets structurants pour l’économie de la région », affirment les deux chercheurs.

Le contexte régional

L’analyse socio-économique montre bien les contraintes auxquelles fait face cette institution d’enseignement. Par exemple, selon les données disponibles, la région fait face à un déclin continu de sa population depuis la fin des années 1980.

De 1986 à 2001, la région a perdu un peu plus de 14 % de sa population. La diminution a été de 5 % entre 2001 et 2013. La proportion de la tranche d’âge de 19 ans et moins est passée de 23 % de la population régionale en 2001 à 17 % en 2013, soit une diminution de 6 %.

À titre comparatif, la proportion moyenne des 19 ans et moins au sein de la population québécoise est passée de 24 % en 2001 à 21 % en 2013, soit une diminution de 3 %. Il existe donc au cours de cette période un déficit démographique net de 3 % chez les jeunes de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.

Deux propositions de mesures structurantes

Au terme de leur analyse, les auteurs ont mis de l’avant deux propositions de mesures structurantes en phase avec les caractéristiques institutionnelles et les initiatives de consolidation déjà entamées.

Selon ces derniers, parmi les initiatives de consolidation mises de l’avant par le Cégep, le programme de mobilité interrégionale des étudiants apparaît prometteur à plus d’un titre.

« Non seulement, disent-ils, cette option permet d’optimiser l’usage des ressources financières de l’institution, mais elle pourrait aussi, moyennant le développement d’initiatives concertées, changer la donne. En effet, si le gouvernement du Québec, les diverses parties prenantes du réseau collégial et les acteurs régionaux de la Gaspésie et des Îles se dotaient d’un mécanisme appuyant les ententes de mobilité et d’accueil d’étudiants inscrits dans des collèges de Montréal, nul doute que le CGÎM pourrait rapidement voir croître encore davantage ses effectifs à un coût fort raisonnable. Le coût estimé de cette initiative a été d’environ 900 $ par étudiant en 2014 alors que celui pour les étudiants internationaux a été de 3300 $ par étudiant en 2014 ».

« Enfin, soulignent-ils, sur le plan du recrutement dans le territoire “naturel” du CGÎM, la voie de la lutte au décrochage scolaire nous semble être porteuse à plus d’un égard. On se saurait trop rappeler l’importance de la persévérance scolaire pour l’enrichissement — citoyen et économique — de la collectivité. Le Cégep, avec les partenaires du milieu déjà impliqués au sein du projet Complice Persévérance Gaspésie-les-Îles, aurait tout avantage à développer de nouveaux canaux de communication et de financement pour aller plus loin dans ces initiatives ».

 

Une pièce maîtresse du développement culturel, social et économique du Québec

« Notre étude en approfondissant le rôle du Cégep de la Gaspésie et des Îles montre très clairement que les cégeps ont constitué — et constituent toujours — une pièce maîtresse du développement culturel, social et économique du Québec, dont le redéploiement au 21e siècle repose sur des politiques publiques bien adaptées à leur mission fondamentale, à leurs caractéristiques institutionnelles ainsi qu’à leurs fonctions », ont conclu le chercheur de l’IRÉC et l’enseignant du Cégep de la Gaspésie et des Îles.

Il est possible de téléchargerici le rapport de recherche intitulé Le Cégep de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine : un actif de premier plan pour l’économie et le développement régional. Ce rapport de recherche a été réalisé pour le compte de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Il est possible d’obtenir d’autres informations sur le site de cette association étudiante.