Pétition contre les industries de mort

2015/05/29 | Par Artistes pour la paix

On peut la signer sur http://artistespourlapaix.org/?p=7279

Les Artistes pour la Paix dénoncent «les industries de mort» qui incitent nos dirigeants politiques à préférer, aux missions diplomatiques, les bombardements provoquant la fuite de millions de réfugiés.

À 1800 milliards de $ en 2014 (chiffres du SIPRI), les budgets militaires mondiaux en hausse ont contribué à bombarder l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak, la Syrie, Gaza, le Yémen et l’Afrique, en particulier la Libye.

107 (!) pays prônent maintenant la voie humanitaire de www.ICANW.org à la fin des discussions 2015 du Traité de non-prolifération à New York (ONU) : car malgré la pression constructive de Ban Ki-moon, les neuf pays détenteurs de bombes nucléaires ne veulent pas s’en débarrasser, en dépit de la possibilité de déflagration accidentelle ou terroriste, et gaspillent, avec la complicité des banques, 100 milliards par an à l’entretien et à la modernisation de leur arsenal apocalyptique (lire www.dontbankonthebomb.com).

Nous, signataires, scandalisés par de telles priorités destructrices, exigeons de nos dirigeants qu’ils aident plutôt les populations qui meurent de soif, de faim et des suites de tremblements de terre.

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Cette pétition sera remise au premier ministre du Canada, ainsi qu’aux chefs des quatre partis d’opposition principaux Thomas Mulcair, Justin Trudeau, Elizabeth May et Mario Beaulieu en temps et lieu avec vos noms et les noms confirmés suivants, près de deux cents, dont ceux-ci :

Judi Richards, vice-présidente APLP et Yvon Deschamps, Pierre Jasmin, vice-président

Guylaine Maroist, présidente, Jean-François Garneau, secrétaire, Valéry Latulippe, Christian Morin, André Cloutier, Marie Saint-Arnaud, Izabella Marengo, Isabelle Miron, membres du C.A.; Annie Roy et Pierre Allard, co-fondateurs ATSA, APLP2008; Martin Duckworth, cinéaste, APLP2002; Margie Gillis, chorégraphe et danseuse, hommage APLP2010.

 Adele Buckley, trésorière Pugwash Canada et co-webmestre des Conférences globales sur la science et les affaires mondiales Pugwash; Phyllis Creighton, Pugwash Canada, Faculty Trinity College, Toronto; Gabrielle Simond, présidente du Cercle Universel des Ambassadeurs de Paix (France); Georges Leroux, professeur émérite, philosophie, UQAM; Pascale Camirand, philosophe éthicienne féministe; Bruce Katz, co-fondateur des Palestiniens et Juifs Unis (PAJU).

Lucie Sauvé, professeure titulaire éducation à l’environnement, Louise Vandelac, professeure titulaire, Institut des sciences de l'environnement, Donna Mergler, écologiste et professeure émérite, toutes trois à l’UQAM; Paulo Freire Vieira, professeur émérite à l'Université Fédérale de Santa Catarina, Brésil; Normand Brunet, Institut des sciences de l’environnement; Éric Ferland, directeur-fondateur Projet Écosphère.

Eric Notebaert, MD, Association canadienne des médecins pour l'environnement, Michel Duguay, professeur en génie électrique, Université Laval, Larry Kazdan, CGQ, Vancouver member for the World Federalists’ Movement, Robert Acheson, Science for Peace (Nuclear Weapons Working Group), Pickering, Ontario,

Louise Chabot, présidente de la Centrale des Syndicats du Québec; Yvon Rivard, écrivain; Jean-Daniel Lafond, écrivain et cinéaste; Louis-Dominique Lévesque, auteur-compositeur-interprète; Pierre Dubuc, co-fondateur du SPQ libre et éditorialiste pour l’Aut’Journal; Paul Cliche, co-fondateur Québec Solidaire; Mélissa Grégoire, professeure de littérature au Collège de l’Assomption; Isabelle Gusse, professeure en sciences politiques UQAM; Louise Brissette, librettiste; Jacques Brodeur, intervenant en Éducation médiatique et prévention de la violence; Éric Ruel, cinéaste Gentilly or not to be; Dominique Boisvert, écrivain pacifiste; Jacques B. Gélinas, écrivain chez Écosociété.



La pétition, telle que rédigée, est utilisable aussi par les citoyenNEs des pays détenteurs de bombes atomiques, y compris ceux auxquels l’agressive OTAN en donne l’accès : Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas et Turquie (référence, professeure Erika Simpson).

Au sujet de la deuxième partie de cette pétition, on pourra visionner cet extrait vidéo, qui contient un discours passionné mais tout à fait rationnel de notre estimée collègue de Pugwash, Setsuko Thurlow, hibakusha survivante du bombardement d’Hiroshima en 1945 :

http://webtv.un.org/search/2015-review-conference-of-the-parties-to-the-treaty-on-the-non-proliferation-of-nuclear-weapons-non-governmental-organizations-presentations/4215980634001?term=nuclear_weapons#full-text



Les explications suivantes complètent la pétition, sans en faire partie intégrante :

- L’expression « industries de mort » apparaît dans de nombreux sermons courroucés du pape François. Grâce à Amnistie Internationale et Oxfam, l’ONU va monitorer les exportations d’armes. Les CEOs des industries militaires ont acquis des empires médiatiques qui ne se contentent pas de censurer les informations en vue de bâtir des propagandes unilatérales, mais incitent en outre leurs éditorialistes à ne voir de « solutions » que dans des guerres désastreuses, notamment envers Gaza.

- Ces guerres provoquent des centaines de milliers de morts civiles et un afflux accru de millions de réfugiés qui se noient par milliers, dans leurs fuites dans des bateaux de fortune. L’UNHCR y voit un problème international considérable, en Libye et notamment en Syrie qui compte au moins six millions de réfugiés répertoriés.

- Les médias officiels dépeignent ces morts et l’afflux de réfugiés-immigrants comme des catastrophes auxquelles seules de compliquées opérations de police militarisée contre les bateaux de passeurs sauraient pallier: allô? Si on arrêtait les bombardements occidentaux qui détruisent les maisons?? Ces médias font ainsi le jeu irresponsable et atrocement inhumain de l’extrême-droite, par exemple républicaine aux USA, qui incite d’une voix à l’intensification des bombardements contre des pays musulmans et de l’autre, à la fermeture totale des frontières américaines à l’immigration.

- Au Pakistan et au Yémen, on bombarde avec des drones opérés du Nevada avec relais à Rammstein, Allemagne, avec risques de victimes collatérales inhérents à ce genre d’opérations.

- Au SIPRI, une ONG suédoise spécialiste de l’armement mondial, travaille la chercheure Aude Fleurant qui avait en février 2008 présenté une des huit conférences contre les écocides organisées à l’UQAM par Louise Vandelac et Pierre Jasmin, initiant la longue démarche ayant réussi à faire fermer la centrale nucléaire Gentilly 2 au Québec à l’automne 2012.

- Pugwash Canada, un organisme à l’exécutif duquel siège Jasmin, a présenté trois jours de conférences anti-bombes nucléaires à New York du 12 au 14 mai, avec Susi Snyder de PAX CHRISTI, auteure du rapport dontbankonthebomb.com.

- Le professeur Paul Meyer, ancien ambassadeur du Canada pour le Désarmement, Daryl G. Kimball, executive director, Kelsey Davenport, director for nonproliferation policy et Kingston Reif, director for disarmament policy tous trois à la Arms Control Association viennent de conclure un constat pessimiste sur le Traité de non-prolifération. Malgré le succès apparent des dernières négociations avec l’Iran, on ne note aucun progrès significatif vers l’annihilation des arsenaux des cinq grands - ironiquement membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU mais aussi principales puissances nucléaires -, de même que de quatre pays non signataires du Traité : l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël. Il est tragiquement cynique que le gouvernement militaire égyptien, qui vient de condamner à mort des centaines de ses concitoyens et même son ancien président élu, Mohammed Morsi, se fasse une « crédibilité » pan-arabe en dénonçant l’incapacité du TNP de relancer le projet saboté d’une conférence sur le Moyen-Orient. Cette conférence avait pourtant été unanimement décidée en 2010 pour 2012 et par la majorité des pays rassemblés par le TNP en 2015, mais bloquée par les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada, principalement, à l’incitation du gouvernement Netanyahou d’Israël!

- Lors du récent Symposium international de Québec sur l’uranium, on a présenté aux congressistes la militante Arielle Denis, qui dirige les sections d’ICAN.org en France, au Moyen-Orient et en Afrique. Cet organisme a réussi à organiser à Oslo, Nayarit et Vienne des rassemblements, suite auxquels 107 pays viennent de se rallier à l’appel humanitaire du ministre des Affaires extérieures autrichien pour éliminer les bombes nucléaires.

- Le rapport dontbankonthebomb.com cible des banques et compagnies financières canadiennes, dont la Banque Scotia, la Caisse de dépôt et placement du Québec, Power Financial Corporation et surtout Sun Life Financial qui a versé à elle seule dans des compagnies américaines fabriquant des bombes nucléaires, des F-35 et des drones, plusieurs milliards US$ de nos avoirs canadiens dans les derniers trois ans : allô? Où est le soi-disant manque d’argent que notre gouvernement libéral évoque pour sa politique d’austérité qui coupe des services cruciaux en éducation et en santé?

- «Apocalyptique» réfère au rapport alarmant que la Croix-Rouge mondiale a produit pour démontrer que même un conflit nucléaire régional aurait des conséquences qu’aucune infrastructure médicale ne serait en mesure de soigner avec efficacité. IALANA (International Association of Lawyers Against Nuclear Arms) a aussi brillamment démontré l’illégalité des armes nucléaires.

L’un des buts de cette pétition consiste à conscientiser la population à ces faits incontournables afin de l’inciter à poser des questions essentielles aux différents partis en lice aux prochaines élections fédérales, et conséquemment à s’opposer aux « solutions » militarisées du premier ministre Harper contre l’Afghanistan, contre Gaza, contre l’Irak, contre la Syrie, mais aussi contre l’Ukraine de l’Est : les pipelines d’acheminement de pétrole des sables bitumineux, avec leurs dangers de déversement dans le fleuve St-Laurent, seraient, selon des analystes, des projets de remplacer le pétrole russe en Europe et de fournir le carburant nécessaire sur la côte Est à son plus gros consommateur mondial, les armées nord-américaines (flottes et armées de l’air).

La vision binaire d’un monde divisé entre bons et méchants séduit ceux qui privilégient la violence, les conservateurs de droite comme certains jeunes désorientés à qui on fait croire que le Djihad est le seul chemin de rédemption. Les Artistes pour la Paix et les signataires de cette pétition refusent cette vision polarisée et manichéenne d’illusoire efficacité, typiquement néo-libérale ou religieuse fondamentaliste extrémiste (chrétienne, hindoue, juive ou musulmane, avec leur misogynie inhérente), en préférant la voie plus sinueuse de la diplomatie et de l’humanisme.

PS Au vu de nombreux signataires écologistes de notre pétition, notre reconnaissance va au professeur Pierre Dansereau (1911-2011) qui le premier avait reconnu en 1991 combien pacifisme et écologisme devaient militer main dans la main, la guerre étant la plus grande source de malheur humain …et de pollution au monde.

Des artistes pour la paix ont protesté mercredi le 27 mai contre le parrainage par quatre ministres du gouvernement conservateur de l’exposition d’armes CANSEC ouverte à 11 000 délégués internationaux, dont plusieurs provenant de pays critiqués pour leurs violations systématiques des droits de la personne. Sur la photo suivante, prise par André Cloutier, on voit Pierre Jasmin, Izabella Marengo et Isabelle Miron en train de maîtriser notre bannière secouée par le vent, pour l’exposer pendant trois heures. Tous quatre, membres du conseil d’administration des Artistes pour la Paix, ont offert le voyage à notre collègue Judith Berlyn (Échec à la Guerre et Canadian Peace Alliance). Sur la photo, on distingue aussi des dizaines de petits fanions portant les noms de Pakistanais et Yéménites civils récemment assassinés par les drones américains, plantés à terre par l’Organisme TASC [tasc@web.ca] et sa manif Homes, not bombs qui a accueilli les APLP et les Mémés Déchaînées à Ottawa. Des policiers ont filmé la scène…