Énergie-Est : Le célèbre environnementaliste Bill McKibben nous enjoint à la désobéissance civile

2015/06/19 | Par Pierre Jasmin

Le 13 juin 2015, un « comité des sages » s’est rassemblé autour de l’environnementaliste de réputation internationale Bill McKibben (350.org) : André Bélisle, l’ex-ministre Camil Bouchard, Dominic Champagne, Domlebo, Pierre Jasmin, JiCi Lauzon, Karel Mayrand, Annie Roy, Laure Waridel… (photos Michel Lamarche) qui ont harangué 300 personnes qui avaient payé 35$ pour être sous la tente à la TOHU à boire leurs paroles. Aucun média, hélas, n’en a rendu compte.

Et pourtant la visite du grand militant écologiste Bill McKibben en aurait valu la peine. Le premier qui ait alerté le monde sur le réchauffement climatique accéléré, il nous avait montré plus tôt en après-midi ses diapositives des autochtones des îles du Pacifique (hélas promises à être submergées par l’océan vu la fonte des calottes glaciaires) en train d’immobiliser un immense cargo australien chargé du charbon pour le Japon aggravant le réchauffement climatique mondial.

 

Ses diapositives de manifestations PARTOUT dans le monde (dont celle gigantesque de New York le 21 septembre dernier, mais aussi de pays d’Afrique centrale, d’Amérique du Sud et d’Asie, parmi les 188 pays auxquels il a rendu visite) nous montrent que l’inquiétude climatique n’est pas le fait de savants blancs déconnectés, mais que ce sont nos politiciens qui sont déconnectés du monde, que le combat écologiste est le fait de l’humanité entière, consciente que derrière toutes les statistiques alarmantes, sa survie en dépend.

Bill n’est pas que pessimiste : il a été vivement impressionné que le Québec se soit levé le 22 avril 2012, que les autochtones aient bloqué le projet de pipeline d’Alberta vers la côte de la Colombie-Britannique et que ses propres représentations auprès d’Obama aient réussi à bloquer la route du pétrole des sables bitumineux vers le sud. Il nous enjoints tous et toutes à la désobéissance civile pour maintenant bloquer Énergie-Est!

Mais il sait éclairer ses présentations de touches d’humanité et d’espoir, par exemple au Bangladesh où les gens menacés par les changements climatiques se sont convertis en masse à l’énergie solaire, encore davantage que les Allemands pourtant exemplaires, et tous profitent d’avantages technologiques qui font que le prix de l’énergie solaire a diminué de 90% en vingt ans.

Merci à Éric Ferland d’avoir invité le scientifique détenteur d’une vingtaine de doctorats honorifiques McKibben qui a songé dès le début à rassembler la planète avec un chiffre (langue universelle arabe) plutôt que des mots trop circonscrits à une langue donnée, d’où la naissance de 350.org.

Ce chiffre est basé sur un calcul de ppm/CO2 par le docteur James Hansen : nous dépassons les 400, alors que la planète réclame 350, pour éviter un réchauffement qui par exemple dégagerait le méthane du pergélisol de l’Arctique entraînant une spirale incontrôlable de réchauffement. Ce sera un objectif poursuivi par l’ONU à Paris en décembre prochain, avec le Canada et le Japon s’annonçant comme les cancres de l’environnement.

Pierre Jasmin a tenu pour sa part à évoquer le chiffre du Haut-Commissariat de l’ONU de 51 millions de réfugiés à travers le monde, dont la plupart à cause des guerres, mais que de plus en plus, il y avait des réfugiés climatiques.

Il a soutenu devant la foule que si certains nous trouvaient radicaux, il fallait le prendre comme un compliment, puisque radical fait référence aux racines.

Après le vibrant éloge par Dominic Champagne de la Révolution Tranquille et d’Hydro-Québec dans les années 60, il a rappelé qu’il a néanmoins fallu attendre quarante ans pour voir arriver la Paix des Braves avec les Cris et combien les autochtones, proches de la terre et de l’eau des lacs, des rivières et des fleuves, nous donnent des leçons dans la protection de la planète en s’opposant au pétrole et au nucléaire,

Par exemple, il y a un mois, le Symposium international de Québec sur l’uranium organisé par l’extraordinaire militant Ugo Lapointe avait reçu 42 000$ de la part des Cris. Éric Ferland, à sa question s’il avait reçu un montant approchant pour son Projet Écosphère, a émis un sourire pathétique, tout en faisant énergiquement non de la tête.

Ayant signé et fait signer le Manifeste de l’Élan global (une cinquantaine des 200 signatures publiées par Le Devoir lors de son dévoilement provenaient de membres des Artistes pour la Paix), le vice-président du collectif a aussi évoqué sa pétition, avec Judi Richards et Yvon Deschamps comme premiers signataires, contre les industries de mort qui fabriquent des bombes nucléaires, des F-35 et des drones avec nos sous.

En tant que membre de l’exécutif de Pugwash, le professeur honoraire de l’UQAM a annoncé que du 9 au 11 juillet prochains en Nouvelle-Écosse, sera commémoré le 70e anniversaire des bombardements de Hiroshima-Nagasaki, mais aussi seront célébrés le 70e anniversaire de l’ONU, en même temps que le 60e anniversaire d’un autre manifeste : en 1955, celui d’Einstein-Russell marqua une véritable révolution dans la pensée des scientifiques jusque là toujours fiers des progrès de la science, en inscrivant l’avertissement aux savants nucléaires rassemblés par le physicien Josef Rotblat : « Souvenez-vous de votre humanité, et oubliez tout le reste! ».

En s’excusant d’être pacifiste parmi des écologistes mais en clamant que cette alliance est nécessaire, il a d’abord vanté l’organisme ICANW.org qui a rassemblé 109 pays contre l’arme nucléaire.

Devant les centaines de personnes présentes, y compris la porte-parole de Projet Écosphère 2015, la comédienne Maxim Roy se déclarant émue, il a évoqué ensuite combien les pétrolières, le pipeline nord-est, plusieurs médias et les armées nord-américaines étaient connectés avec des buts guerriers contre la Russie ou ailleurs.

André Bélisle a renchéri sur cette thèse en rappelant que durant la guerre du Golfe, la consommation de pétrole aux USA avait doublé pour nourrir porte-avions, bombardiers, tanks, destroyers etc… Des riches détruisent la paix pour faire plus d’argent…

 

Domlebo a bien traduit le sentiment général en écrivant le lendemain :

«  on est rendu là
être radical
être radicaux
partir de la base, des racines, de la terre
bonne journée aujourd'hui dimanche
on pousse pour l'élan global
on sort les gens de leur fauteuil et de devant leurs écrans
on se met toutes et tous ensemble
rendez-vous le 5 juillet à lac-mégantic en tout cas
Bill l'a dit, les yeux du monde nous regardent »

Pierre a, dès dimanche le 14 juin, ameuté le comité des sages, auxquels il a joint la professeure de l’UQAM écologiste Lucie Sauvé, qui venait de livrer une conférence magistrale dans l’après-midi pour Projet Écosphère.

Pour elle et lui, il y a urgence de présenter un projet acceptable de définition de l’acceptabilité sociale, sinon le gouvernement va nous en amener un basé sur « la fabrication du consentement » - Rappelons que les réalisateurs de ce documentaire sur Noam Chomsky avaient réquisitionné Pierre Jasmin alors président des APLP pour faire une tournée des radios en 1992 pour faire la publicité et l’éloge de ce film de l’ONF qui allait surpasser en ventes le célèbre Si cette planète vous tient à coeur mettant en scène la docteure australienne Helen Caldicott (présentée au Symposium de Québec il y a un mois) -.

 

2- Deux exemples d’actions folles que nous admirons :

  1. Le surlendemain de la soirée des sages, deux activistes ont grimpé sur une tour appartenant au Canadien Pacifique, la seule compagnie ayant refusé sa participation à des dédommagements pour le désastre de Lac-Mégantic, causé par l’explosion de wagons de pétrole, pour déployer une gigantesque banderole visible à un kilomètre à la ronde à Montréal. Leur geste courageux n’est pas passé inaperçu par les médias avides de spectaculaire.


 b) Reçu de Greenpeace

L’artiste et activiste des Premières Nations, Audrey Siegl, se trouve à bord d’une petite embarcation pour affronter dans les eaux canadiennes, au large de la Colombie-Britannique, la plateforme de forage de Shell, haute de plus de 100 mètres, alors qu’elle se dirigeait vers les côtes arctiques de l’Alaska.

En soutien à l’acte courageux d’Audrey, des activistes de Greenpeace Canada sont descendus dans l’eau derrière elle, bloquant le passage de l’imposante plateforme. Ils sont toujours en position, faisant physiquement face à la plateforme, pour transmettre un message clair : Non au forage dans l’Arctique! #ShellNo


Ajoutez votre voix à plus de 7 millions de défenseurs de l'Arctique.

Avant de quitter le bateau de Greenpeace MY Esperanza, Audrey m’a demandé de vous livrer ce message : « Shell a peut-être l’argent et des machines gigantesques, mais c’est la solidarité des gens qui est le plus puissant. Ensemble, nous mettrons fin aux plans de forage dans l’Arctique pour défendre nos côtes et notre climat ».

Audrey est convaincue – et je parie que vous l’êtes aussi – que les côtes et l’Arctique valent la peine d’être sauvés. Aujourd’hui, face à cette gigantesque machine de forage, elle était minuscule en apparence, mais très défiante. Elle a agi au nom des sept millions de défenseurs de l’Arctique et des communautés des Premières Nations qui vivent le long des côtes et qui sont opposés à l’exploitation du pétrole dans l’Arctique.

Jusqu’à maintenant, Shell ignorait l’appel des millions de personnes à travers le monde qui appuient la protection de l’Arctique et s’opposent au forage. Mais la pétrolière ne pourra plus ignorer ces voix plus longtemps parce que les gens ordinaires refusent de rester les bras croisés et se soulèvent pour attirer l’attention internationale sur ces projets de forage.