L'avenir du Québec passe par les énergies vertes

2015/09/01 | Par Martine Ouellet

L’auteure est députée de Vachon

Alors que le Québec n’a rien à gagner avec l’exportation du pétrole des sables bitumineux, nous subissons une offensive tous azimuts des fédéralistes canadiens pour nous l’imposer. Pire, l’augmentation du transport de pétrole fait courir des risques immenses pour la sécurité civile et l’intégrité de notre territoire.

D’ici à ce que notre énergie soit principalement renouvelable, nous devons gérer un certain nombre de risques afin d'acheminer le pétrole vers nos raffineries. Cependant, au-delà de notre propre consommation, nous n’avons aucun intérêt à ce que le Québec devienne l’autoroute d'exportation des sables bitumineux, comme le veulent les projets de transport par train, par bateau et l’oléoduc Énergie-Est.

Les États-Unis et la Colombie-Britannique ont dit non aux risques d'accident et aux impacts environnementaux liés au transport de pétrole voué à l'exportation, pourquoi ce serait au Québec d'être le dindon de la farce canadienne ?

L'oléoduc Énergie-Est a déjà fait couler beaucoup d’encre chez nous et il va certainement continuer à en faire couler davantage. Cependant, j’aimerais attirer votre attention sur un enjeu tout aussi important, mais qui a reçu beaucoup moins de visibilité dans les médias.

Il s’agit du projet Chaleur Terminals au Nouveau-Brunswick, qui a pour objectif d’exporter le pétrole des sables bitumineux via le port de Belledune. Si ce projet se matérialise, ce sont 240 wagons supplémentaires par jour qui vont traverser tout le Québec.

À la mi-août, afin d'échanger avec les citoyens et les élus municipaux au sujet de Belledune, j'ai entamé avec des collègues une tournée sur les dangers du transport de pétrole par train. L'objectif est de partager avec la population sur cet enjeu important.

La tournée s'est arrêtée dans plusieurs villes où vont passer les trains du CN : Montréal, Longueuil, Mont-Saint-Hilaire, Drummondville, Rivière-du-Loup, Rimouski, villages de Vallée-de-la-Matapédia, etc.

Ces rencontres me permettent de constater que les citoyens sont inquiets et que les élus sont préoccupés, car les trains traversent des zones résidentielles, près des écoles, des hôpitaux et des centres de la petite enfance.

Imaginez, pour une ville comme Drummondville, le projet de Belledune ajouterait chaque année plus de 87 000 wagons de pétrole aux 52 000 de matières dangereuses qui traversent déjà la ville. C'est presque le triple, une augmentation fulgurante du risque !

Je partage les inquiétudes des citoyens puisque malgré les risques qui y sont associés, le transport de pétrole brut par train est en pleine explosion au Canada : de 1 000 barils par jour en 2009, il a augmenté à 200 000 en 2013 et des projections indiquent un nombre de 700 000 pour la fin de l’année 2016.

Or, nous risquons d'attendre encore dix ans avant que les wagons responsables du désastre de Lac-Mégantic soient tous remplacés. Oui, la majorité des wagons sont encore des vieux DOT-111 et, malgré une modification visant à les renforcer, l’accident de janvier dernier à Gogama en Ontario a démontré qu'ils ne résistent toujours pas aux chocs.

La tragédie de Lac-Mégantic nous rappelle que nous ne sommes pas à l'abri d'une explosion, sans oublier les risques pour nos milliers de cours d'eau puisque 85 % du pétrole brut déversé dans l'eau n'est pas récupérable !

Souvenons-nous que la ville de Lévis, qui est à plus de 150 kilomètres de Lac-Mégantic, avait été privée d'eau courante à cause de la contamination de la rivière Chaudière. Tout ce pétrole destiné à l'exportation n'est ni consommé, ni raffiné au Québec. Aucun avantage, mais tous les risques. N'acceptons pas d'être le dindon de la farce canadienne !

Mais le temps presse, nous apprenions dernièrement que l'entreprise Chaleur Terminal Inc. (CTI) avait obtenu l'autorisation du Nouveau-Brunswick pour la construction de douze citernes au port de Belledune, ce qui ferait débuter le transport du pétrole dès 2017.

Pour bloquer ce projet insensé pour le Québec, il ne faut pas hésiter à conscientiser nos réseaux et à interpeller les élus. Ensemble, nous pouvons réveiller le Québec.

Au plan politique, n’étant pas encore un pays indépendant, nous sommes subordonnés aux lois canadiennes pour le transport ferroviaire.

De plus, nous ne pouvons malheureusement pas compter sur le gouvernement de Philippe Couillard, aveuglément fédéraliste et pro-pétrole, afin d’exiger une réglementation plus sécuritaire à Ottawa.

Du côté de l'entreprise CTI, même si le projet prévoit traverser des centaines de kilomètres chez nous, elle affirme que les lois du Québec ne s'appliquent pas puisque les trains du CN sont sous juridiction fédérale !

Comment faire confiance aux politiciens canadiens qui comptent tous sur les pétrodollars pour se faire élire dans l’Ouest canadien ? Que ce soit le PC, le PLC et même le NPD, les principaux partis canadiens sont favorables au projet de Belledune, sans oublier leur appui à l’oléoduc Énergie-Est.

Au Québec, il n'y a que le Bloc Québécois qui est en mesure nous défendre contre ces projets insensés.

Combien de temps encore allons-nous endurer d'être gouvernés par des intérêts étrangers ? Chaque année, nous envoyons 45 milliards $ à Ottawa en taxes et en impôts pour financer un pays dominé par le pétrole.

Dans un Québec indépendant, notre argent sera investi en fonction de nos forces, qui sont notre électricité verte à 99 %, les transports électriques et l'efficacité énergétique afin de diminuer la consommation de pétrole de nos industries.

Est-ce le destin du Québec de devenir l'autoroute d'exportation des sables bitumineux ? Non. Le destin du Québec est d'être un pays indépendant, leader mondial de la nouvelle économie verte.