Le vote «stratégique» au Québec

2015/09/01 | Par Guy Roy

Ces temps-ci, beaucoup de monde, de gauche ou de droite, appellent les Québécois à voter «stratégique» pour battre Harper. On nous demande de faire ce choix en éliminant le Bloc comme alternative valable. Mais de quels autres partis du Bloc canadien exige-t-on ce sacrifice ?

Est-ce que le NPD se retirera de la course pour laisser son comté aux Libéraux capables de battre Harper ? Est-ce que les Libéraux laisseront passer le NPD si celui-ci est capable de vaincre Harper dans un comté promis au NPD ?

La question a le mérite de mettre les indépendantistes devant un choix lui-même stratégique : peut-on faire confiance au Bloc canadien pour gouverner en faveur du Québec ? En se souvenant que ce ne sont pas les Québécois qui ont élu Harper !

Ce genre de vote est à haut risque compte tenu de l’expérience et des acquis du Bloc Québécois dans son aventure «canadienne», mais proprement nôtre. N’a-t-il pas offert aux Québécois la meilleure de capacité, sans exercer le pouvoir, de nous défendre au-delà des promesses creuses jamais tenues ?

Et ses difficultés en Chambre ne nous confirment-elles pas l’incapacité du pouvoir fédéral de répondre à nos besoins, malgré toutes les promesses trahies au fil des ans et la totale inutilité du Bloc canadien, quand ce n’est pas la nuisance comme dans le cas des Chantiers Davie ?

Dans ce dossier, les Conservateurs, défenseurs ultimes du fédéralisme, au même titre que le reste des partis canadiens contre l’indépendance du Québec, nous ont carrément nui dans les objectifs de répartir  équitablement le travail disponible au Canada.

En effet, ils ont tous favorisé par leurs subventions, à un moment ou un autre, de riches Américains investisseurs de la Côte Ouest à Vancouver, contribuant ainsi à faire naître, d’un chantier tristement inconnu et maintenant en retard dans la livraison du Diefenbaker, un compétiteur factice des Chantiers de Lévis au lieu de miser sur ce qui est devenu le meilleur chantier nord-américain pour livrer les navires en temps et aux coûts prévus. L’utilisation des taxes des contribuables, même dans le ROC, nous a desservis comme peu de fois dans le passé.