Et si on parlait du livre dans cette campagne électorale ?

2015/09/28 | Par UNEQ

L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) déplore qu’après 50 jours de campagne et plusieurs débats publics, aucun des partis politiques n’ait encore fait mention des enjeux auxquels fait face le milieu du livre, ni des conditions socioéconomiques dans lesquelles œuvrent les écrivains.

Pourtant le secteur du livre revêt une importance capitale à la fois comme moteur économique et comme source d’affirmation identitaire. Au Québec, il a généré en 2014 un chiffre d’affaires de plus de 600 M$ selon l’Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ), ce qui en fait l’industrie culturelle la plus importante en termes de ventes. Avec ses 6000 nouveautés annuellement, le livre québécois contribue à façonner notre imaginaire, nos valeurs et notre vision du monde.

« Deux lois affectent directement les écrivains et doivent être révisées, affirme la présidente de l’UNEQ, Danièle Simpson : la Loi sur le droit d’auteur, de manière à rétablir un réel équilibre entre les créateurs et les utilisateurs de leurs œuvres, et la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, de manière à s’assurer que lors d’une faillite, les écrivains disposent d’une meilleure protection de leurs droits.»

La fragilisation du droit d’auteur engendrée par la multiplication des exceptions sans rémunération introduites dans la Loi sur le droit d’auteur par le gouvernement Harper a précarisé la situation économique des écrivains. Depuis l’entrée en vigueur de la Loi, en novembre 2012, la société de gestion québécoise Copibec, par exemple, a perdu environ 4M $ de revenus qui étaient redistribués également aux écrivains et à leurs éditeurs. De plus, le manque de clarté de la notion d’utilisation équitable a entraîné une judiciarisation des relations avec certains utilisateurs, notamment l'Université Laval.

Par ailleurs, la faillite des éditions de la courte échelle, l’automne dernier, a démontré que les auteurs n’étaient pas protégés en cas de faillite alors que leur travail constitue l’essentiel de la valeur de l’actif des éditeurs. Leurs contrats restent valides et peuvent être exploités par le syndic et, le cas échéant, transférés au nouvel acquéreur sans que celui-ci soit obligé de régler les droits d’auteur impayés. Aussi l’UNEQ souhaite que la Loi sur la faillite et l’insolvabilité soit harmonisée avec la Loi sur le statut de l’artiste du Québec qui stipule qu’en cas de faillite les droits d’auteur concédés au failli doivent être rétrocédés à l’auteur.

Enfin, si l’UNEQ applaudit l’intention du Parti libéral du Canada et du Bloc québécois d’accroître le budget annuel du Conseil des arts du Canada, elle aimerait que cet engagement soit également adopté par les autres partis. Une telle augmentation devrait être accompagnée d’une hausse conséquente du budget de la Commission du droit de prêt public. En effet, les sommes versées aux 18 800 auteurs inscrits au Programme se réduisent comme peau de chagrin avec l’ajout chaque année d’environ 4000 titres et 900 auteurs.

L’UNEQ presse donc les représentants des partis politiques concernés à débattre de ces enjeux publiquement au cours des prochains jours et à faire connaître le programme qu’ils ont élaboré  pour y répondre.

Créée en 1977, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois est un syndicat professionnel qui regroupe plus de 1600 poètes, romanciers, auteurs dramatiques, essayistes, auteurs pour jeunes publics et auteurs d’ouvrages scientifiques et pratiques. L’UNEQ travaille à la promotion et à la diffusion de la littérature québécoise, au Québec, au Canada et à l’étranger, de même qu’à la défense des droits socioéconomiques des écrivains.