Front commun : bientôt, la grève !

2015/10/13 | Par Paul de Bellefeuille

La foule des manifestants était au rendez-vous. 150 000 personnes ont défilé sagement et dans un esprit festif dans les rues de Montréal le 3 octobre dernier.

Bien que l’esprit de cette belle journée d’automne fût à la fête, il n’en reste pas moins qu’elle était surtout l’expression d’une volonté syndicale et populaire dénonçant le mépris et l’arrogance de ce gouvernement dans ses négociations avec les travailleurs et travailleuses du secteur public.

Cette manifestation était aussi une contestation des politiques d’austérité gouvernementales, celles-ci n’étant pas souhaités ni même souhaitables.

Elle était une affirmation que la population en général tient à ses services publics. En effet, la foule était aussi composée de citoyens et citoyennes venus dénoncer les politiques d’austérité du gouvernement Couillard dans tous les secteurs (santé, éducation, fonction publique) de l’État.

Tous les syndicats membres du Front commun ont obtenu des mandats de grève. Le Front commun a déterminé son calendrier de grèves tournantes et a aussi prévu une grève nationale les 1er, 2 et 3 décembre 2015. Comme le veut l’expression consacrée : si tu veux la paix, prépare la guerre.

L’austérité ne peut être un choix politique qui se fait sur le dos des travailleurs du secteur public et des services publics. Jamais le gouvernement n’a obtenu un tel mandat de remettre en question l’État social bâti depuis plus de cinquante ans par les Québécois et les Québécoises.

Le gouvernement, incarné par le ministre Coiteux, a, paraît-il, reculé sur ses demandes méprisantes suite à cette manifestation. Il n’augmenterait pas la pénalité actuarielle, lors d’une retraite anticipée à 7,2%. Il maintiendrait celle-ci à 4%.

Le gouvernement ne semble pas avoir compris la juste colère des 150 000 citoyens et travailleurs qui ont pris la rue d’assaut. Il maintient ses positions sur le gel salarial et les différentes récupérations qu’il entend faire en santé, en éducation et dans la fonction publique. En réalité, le gouvernement ne fait aucune concession et ne négocie pas réellement.

Manifestement, il devient nécessaire de bien faire comprendre à ce gouvernement que les travailleurs et les travailleuses du secteur public méritent mieux que des reculs importants de leurs conditions de travail dans le cadre des actuelles négociations.

Tous les syndicats membres du Front commun, mais aussi ceux qui n’en font pas partie comme la FIQ et la FAE, sont prêts au combat. Tous les syndicats se préparent donc à monter aux barricades.

Est-ce que le gouvernement saura entendre plus sérieusement ce second coup de canon et travailler sérieusement aux différentes tables de négociation?

Ou est-ce qu’il se barricadera farouchement derrière les portes de l’Assemblée nationale en maintenant ses positions très conservatrices en matière de gestion des finances publiques?

L’opinion publique a parfaitement compris que cette négociation avec les employés du secteur public ne porte pas uniquement sur leurs conditions de travail. Il y va de l’avenir des services publics et de la construction ou de la déconstruction de l’État social au profit d’une caste de privilégiés.

La mobilisation syndicale et sociale est donc au rendez-vous. Les syndicats, qu’on taxe trop souvent d’être corporatistes, mènent une lutte pour de meilleurs services publics et sont, dans les faits, les alliés des citoyens qui militent pour des services publics universels.

Il est temps d’exercer un rapport de force qui s’appuie sur la grève, si nécessaire, et sur l’engagement de la société civile afin de bien faire comprendre au gouvernement Couillard que des changements dans la gouvernance du Québec ne peuvent se faire sans l’accord démocratique des acteurs sociaux.

Bref, nous en sommes revenus à une franche lutte des classes. Qui aurait pu prévoir que ce concept, que certains croyaient enfoui dans les arcanes de l’Histoire, reprendrait du service? L’Histoire a la fâcheuse, ou la bonne habitude, de revenir nous hanter au bon moment.