L’origine du mal

2015/11/17 | Par Étienne Boudou-Laforce

Les attentats à Paris, au Liban et de partout ailleurs ne sont pas «simplement» le lot d’intégristes religieux, de l’État Islamique (EI) ou d’autre provenance. Ce ne sont que des symptômes; que la partie émergée de l’iceberg. La faute ne revient ni aux musulmans, ni aux migrants et autres épouvantails.

Le vrai problème est les interventions impérialistes des puissances occidentales au Moyen-Orient durant de nombreuses années. Il ne s’agit pas seulement de présence militaire, mais bien davantage d’activités pernicieuses en coulisses : financements, armements de certains groupes, assassinats, frappes de drones, etc.

Que s’est-il passé en Irak, en Libye et dans les environs, sinon des interventions ayant pour but d’assoir des intérêts géopolitiques et capitalistes occidentaux, les intérêts des États-Unis en tête.

Même le printemps arabe, supposément «le réveil des peuples», n’était que mascarade pour faire tomber les puissances économiques de la région et contrer les mouvements nationalistes et laïques.

Est-ce que ces régions et ces nations sont plus en santé depuis que l’Occident a fait tomber les « vilains dictateurs » ? Poser la question, c’est y répondre.

Par ailleurs, que se joue actuellement en Syrie, sinon un bras de fer entre les États-Unis et la Russie (aidé de la Chine et l’Iran) afin d’obtenir une position géopolitique intéressante. Pensez-vous que cela va être une heureuse nouvelle quand les États-Unis vont finalement réussir à éjecter Bachar el-Assad ?

De manière générale, l’objectif poursuivi par les États-Unis et ses alliés (Israël, Angleterre, France, Canada, L'Arabie Saoudite, etc.) n’a pas changé, il s’agit de multiplier les opérations déstabilisatrices au Moyen-Orient, notamment en finançant plusieurs groupes intégristes, notamment des groupuscules islamistes. Et à cet égard, à quoi sert très efficacement l’EI sinon de permettre une « guerre permanente » dans la région. Le mot d’ordre est de «diviser pour régner».

Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, affirme d’ailleurs que la « guerre de civilisation » et celle contre le « terrorisme » brandies par le gouvernement […]  constituent une imposture qui en masque une autre, celle de l’alliance militaire entre les pays occidentaux et les parrains financiers du djihad».

À ce propos, Wikileaks et autres entités, appuyés de nombreux documents et câbles diplomatiques, n’ont cessé de confirmer cette thèse et révélé les jeux de coulisses des différentes puissances concernés.

Ainsi, c’est bien beau d’être ému par les atrocités ayant eu lieu à Paris, mais il faudrait peut-être que les grandes puissances de ce monde reconnaissent les conséquences de leur « politiques extérieures » et qu’elles cessent une fois pour toute leurs propres atrocités.

Le Canada est également complice, celui-ci qui appui sans réserve Israël, celui-ci qui ne met aucune pression sur la Turquie, celui-ci qui signe un contrat de 15 milliards $ avec l’Arabie Saoudite pour l’achat de « véhicules blindés légers ».

Carl von Clausewitz avait bien vu, lorsqu’il écrivit que « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ».