Réfugiés syriens : Ouverture, compassion et éducation

2015/11/23 | Par Louise Chabot

L’auteure est présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

On ne peut qu’être empathiques envers les réfugiés qui tentent de quitter un territoire en guerre. Nous avons encore tous en tête la photo du petit Aylan Kurdi, qui s’est noyé alors que sa famille tentait de fuir l’horreur de la Syrie.

Notre société a le devoir moral d’accueillir ces personnes, qui aspirent à une vie meilleure. C’est encore plus vrai pour ces enfants que la guerre a arraché de leur communauté, de leurs familles et de leurs écoles.

Certes, accueillir 25 000 réfugiés pose un défi important. Toutefois, l’histoire nous rappelle que nous avons déjà réussi à en recevoir un nombre encore plus grand. Entre 1979 et 1980, alors que débutait une récession économique majeure, le Canada a ouvert ses portes à plus de 50 000 réfugiés vietnamiens.

 

Outiller nos écoles, une priorité

Les enfants syriens n’arriveront pas au pays en première classe. Ils emporteront, avec eux, un très lourd bagage. Nos écoles représenteront un socle de stabilité important sur lequel ils bâtiront leur nouvelle vie. D’où l’importance de prévoir un processus d’accueil mettant à profit l’expertise des équipes-école, soit le personnel enseignant, professionnel et de soutien, qui interviendront à tous les niveaux auprès de ces enfants.

Depuis six ans, les compressions des gouvernements successifs ont dépouillé nos écoles de ressources et de ce personnel essentiel et indispensable. Pensons aux enseignants des classes d’accueil et de francisation, aux psychologues, aux orthopédagogues, aux traducteurs, aux techniciens en services spécialisés ainsi qu’en service de garde, aux conseillers pédagogiques, aux animateurs à la vie spirituelle et communautaire, pour n’en nommer que quelques-uns.

Le succès de l’intégration de cette jeunesse, qui devra surmonter aussi la barrière de la langue et des différences culturelles, repose sur notre capacité à offrir des services de qualité, en nombre suffisant, et ce, partout sur le territoire. S’il est vrai que beaucoup du travail d’accueil et de francisation se fait à Montréal, il faut se rappeler qu’il s’en fait également à Longueuil, à Trois-Rivières, à Québec, à Sherbrooke, à Drummondville…

 

L’éducation, un investissement pour l’avenir

Lorsque l’on investit en éducation, on investit dans l’avenir de notre société, et ce, à tous les points de vue. Or, le sous-financement scolaire qui prévaut actuellement au Québec est tel que le peu de classes d’accueil et de francisation existantes sont déjà pleines et que le personnel de l’éducation porte littéralement l’école à bout de bras !

Il est urgent de réinvestir en éducation pour assurer à tous les élèves, qu’ils soient nés ici ou ailleurs, l’accès aux services dont ils ont besoin pour s’intégrer à l’école, persévérer et réussir. Pour ces enfants réfugiés, cela est encore plus vrai. Le gouvernement doit, sans tarder, rectifier le tir en allouant les ressources matérielles, financières et humaines indispensables pour les accompagner dans leur cheminement vers une nouvelle vie.