Investir dans le transport collectif 

2016/02/03 | Par IRIS

Si le gouvernement du Québec cherche sérieusement à relancer son économie et à atteindre les objectifs adoptés à la COP21, il devrait réinvestir massivement dans le transport en commun. C’est ce que démontre l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dans sa plus récente publication.

Quand on parle de transport collectif, c’est souvent l’argument écologique qui est d’abord mis de l’avant. Or, pour le Québec, une réelle politique industrielle passant par l’amélioration et le développement du transport en commun serait bénéfique pour l’économie.

« Il n’y a rien de nouveau dans le présent plan d’infrastructures du gouvernement. Pire encore, certains projets qu’on prévoit réaliser dans les prochaines années ont en fait été annoncés au début des années 2000, il y a plus de 15 ans! Si on décidait d’investir sur 10 ans 9 G$ supplémentaires, soit 10% de la politique d’infrastructures, on arriverait à créer 40 000 emplois; le PIB hausserait de 4,14G$ et il y aurait un effet positif sur la balance commerciale de 29G$ », calcule Bertrand Schepper, auteur de la note et chercheur à l’IRIS.

Bien qu’insuffisante selon l’IRIS, la cible de réduction d’émissions de GES de 37,5% d’ici 2035 exige une série d’actions gouvernementales ambitieuses.

« Un investissement de 9 G$ en transport en commun permettrait aussi de diminuer nos émanations de gaz à effet de serre de 8,5 %, ce qui représenterait déjà un pas en avant et qui pourrait très bien s’inscrire dans une démarche globale de transition verte de l’économie», affirme Bertrand Schepper. De plus, cette démarche permettrait au Québec d’amorcer la sortie de sa dépendance au pétrole.

En terminant, si, au premier regard, les initiatives gouvernementales pour encourager l’automobile électrique semblent une alternative viable au financement du transport en commun, une étude plus approfondie de cette option vient contredire cette impression.

« Les voitures électriques ont des batteries qui fonctionnent au lithium. À titre d’exemple, l’opération d’une ce des voitures nécessite autant de lithium que 10 000 téléphones cellulaires. Or, c’est une ressource non renouvelable et polluante et son exploitation engendre les mêmes désastres environnementaux que n’importe quelle autre exploitation minière : assèchement de cours d’eau, pollution de l’air, transformation des écosystèmes, etc.

Bref, on retournerait dans la même dynamique qu’avec le pétrole : une dépendance face à un oligopole international qui se soucie peu des impacts de son exploitation sur l’environnement et les communautés », analyse le chercheur.

Le transport en commun comme solution à la relance économique et la crise environnementale du Québec est disponible gratuitement sur www.iris-recherche.qc.ca.