Retour sur la vente de Rona : Couillard avait invité les Américains

2016/02/18 | Par Pierre Dubuc

Le caricaturiste Chapleau a bien rendu le sort qui sera réservé au siège social de Rona à Boucherville, dans la circonscription de Montarville.

La caricature montrait les nouveaux dirigeants américains de Rona, réunis autour d’un repas bien arrosé, gros cigares au bec, morts de rire en écoutant l’un d’entre eux déclarer : « I told those french guys qu’ils peuvent garder la siège social in Butcherville ».

Si une image vaut mille mots, cette caricature en vaut dix mille.

La décision du gouvernement Couillard d’accueillir positivement cette transaction ne devrait pas nous surprendre.

Lors de la course à direction du Parti libéral, le candidat Philippe Couillard avait critiqué le candidat Raymond Bachand parce qu’il s’était vigoureusement opposé à la vente de Rona, lorsqu’il était ministre des Finances dans le gouvernement Charest.

On se rappellera que le premier ministre Charest avait lui-même déclaré que Rona était « un actif stratégique », dont « la vente n’était pas dans l’intérêt du Québec ».

En prenant l’initiative, lors de la course à l’investiture libérale, d’accuser le candidat Bachand d’envoyer « un message au marché international que nous ne sommes pas ouvert aux investissements étrangers », le candidat Couillard transmettait à Lowe’s une invitation à se préparer à faire une nouvelle offre pour l’achat de Rona, s’il devenait premier ministre.


 

Le rôle de la Caisse de dépôt

La Caisse de dépôt et placement, qui détient 17,5% des actions de Rona, aurait pu s’opposer à cette transaction… si on lui en avait donné le mandat.

Dès sa création, la Caisse s’est vu confier deux missions : faire fructifier les épargnes des Québécois et favoriser le développement économique du Québec.

Le Parti Québécois a toujours cherché l’équilibre entre les deux. Le gouvernement de Mme Marois avait prévu la mise en place d’une série de mesures pour empêcher les prises de contrôle d’entreprises stratégiques par des intérêts étrangers, dont la création d’un fonds de 10 milliards $, géré par la Caisse.

Mais le gouvernement minoritaire de Mme Marois n’a pas eu le temps de mettre ces mesures en vigueur.


 

Après Rona, le pétrole?

Le premier ministre Couillard nous dit qu’il ne veut « pas construire de mur » et que « l’économie du Québec est ouverte ».

Aujourd’hui, elle est « ouverte » à une prise de contrôle de Rona qui va affecter, étant donné le modèle d’affaires des entreprises américaines, les emplois dans les quincailleries Rona, particulièrement les plus petites d’entre elles, et chez de nombreux fournisseurs.

Parions que, demain, notre économie sera « ouverte » aux trains et aux pipelines transportant du pétrole des sables bitumineux de l’Alberta.