Si vous êtes contre la guerre, refusez de payer pour la faire

2016/03/03 | Par Pierre Jasmin

L’auteur est vice-président des Artistes pour la Paix

Au moment où 59,5% du budget des États-Unis (selon Michael Moore) sont « consacrés » aux guerres, au Pentagone, aux bombes atomiques etc, au moment où le gouvernement Trudeau est en train d’envisager l’achat de bombardiers et de drones, les Artistes pour la Paix continuent à s’y opposer fermement, dans leurs œuvres comme dans leurs communications.

Il s’agit de rappeler constamment à l’attention du public ces dépenses militaires qui provoquent l’appauvrissement non seulement des pays bombardés, mais aussi de ceux qui doivent assumer les coûts de logement des réfugiés et de ceux à qui on réduit l’aide au développement en Afrique, notamment, sans compter la population défavorisée d’Amérique du Nord qui se retrouve de plus en plus dans la rue.

Les chiffres de l’organisme Conscience Canada sont là pour nous rappeler que nous contribuons en payant nos impôts fédéraux sans broncher à cette arnaque (les armes, même offensives, selon les gouvernements, seraient pour instaurer la paix…).

Vous trouverez votre déclaration d’impôts pour la paix sur le site de Conscience Canada.

Le film de Michael Moore, L’invasion américaine (Where to Invade Next), dont la première mondiale a eu lieu au TIFF 2015, condamne le militarisme et les forces policières répressives, avec la thèse intéressante que la guerre à la drogue aux États-Unis a « servi » le racisme qui a mis en prison le tiers des mâles adultes noirs !

Je suis allé voir ce film avec mon fils de quinze ans (en secondaire 4, très fort en histoire et géo) qui l’a trouvé « distrayant, drôle, même, et historiquement, sociologiquement pertinent ». Cela n’a pas nui que nous ayons visité la Slovénie ensemble il y a trois ans! Il s’agit sûrement du meilleur film de Michael Moore, qui arrive à temps pour la campagne présidentielle américaine, même si hélas les reportages sur le supertuesday ignorent les enjeux fondamentaux et cruciaux soulevés par Moore.

Ce film, jugé « bon, mais… » par nos critiques à fine bouche, véhiculent à mon avis les grandes valeurs incontournables de :

  • féminisme (interview de la première présidente d’un pays dans le monde, l’Islande),

  • hédonisme (bonne bouffe de cafétéria et éducation sexuelle ouverte en France),

  • forces policières respectueuses des droits humains (Portugal),

  • syndicalisme protégeant les acquis sociaux de la classe moyenne (Italie),

  • compassion (prisons-modèles en Norvège),

  • éducation primaire et secondaire sans classement hiérarchisé d’écoles ni devoirs à la maison (Finlande),

  • constitution acceptée par un gouvernement islamiste assurant la laïcité et la place égale des femmes (Tunisie),

  • éducation universitaire gratuite (Slovénie), avec des images de manifestations qui ont lutté dans le monde (sauf aux USA) pour garder les frais de scolarité au moins abordables. On y trouvera des images pendant six secondes de la manUfestation du Printemps Érable au Québec, alors que les Artistes pour la Paix et Xavier Dolan à Cannes arboraient le carré rouge.