Les petites mains qui soignent

2016/03/11 | Par Louis G. Cousineau

L’auteur est employé d’un CIUSSS

Jour après jour 24 h / 7 j les quelques dizaines de millier de préposés/ées aux bénéficiaires du Québec (titre inadéquat, s’il en est un) travaillent à la sueur de leurs cœur et de leurs bras pour assurer les soins de base et la sécurité des patients. Plutôt discret comme métier. Mais comment un hôpital, un CHSLD ou un CLSC pourrait fonctionner sans eux ?

Nous faisons les toilettes personnelles lorsque vous êtes dans l’incapacité temporaire de le faire. Au travers le filage et les câbles de raccordements des moniteurs cardiaques, de saturation, de sondes, etc.

Nous installons et retirons les bassines de lit puisque vous êtes diminués dans vos mouvements. Nous en disposons proprement et changeons les culottes d’incontinence des patients aux prises avec des déficits cognitifs.

Nous sommes ceux et celles qui nettoient les salles d’opération et ses appareils technologiques pour vous les rendre impeccables pour votre opération.

Nous vous transportons partout dans l’hôpital en civière, en chaise roulante pour la radiologie ou dans votre lit lorsque vous êtes intubés pour passer d’un service à l’autre si votre état le requiert.

Nous sommes les facilitateurs du travail des infirmières pour donner aux patients le meilleur des soins dans toutes les sphères médicales.

Nous sommes les observateurs actifs des patients qui assurent le relai essentiel entre vous et l’infirmière.

Nous sommes vos oreilles lorsque vous appeler à l’aide ou que vous souffrez sans pouvoir l’exprimer en mots, égarés que vous êtes au fond d’une chambre d’hôpital ou de CHSLD et dont vous ignorez peut-être les raisons de votre réelle présence en ces lieux. Ces lieux que nous nous efforçons de rendre humains.

Nous sommes aussi vos jambes pour le plateau-repas, pour un verre d’eau, une couverture ou une collation. Vos jambes aussi pour l’aide à la marche afin de retrouver vos habiletés quotidiennes.

Simplement, nous regardons votre bien-être si la douleur s’insinue sur votre visage ; si vous vous agitez anormalement sur votre lit ; s’il y a de faux mouvements dans votre démarche qui risquent de vous faire chuter.

Nous sommes la marche constante vers le laboratoire, les archives, la cafétéria et les services hospitaliers qui requièrent l’attention de votre dossier.

Nous sommes les radars qui surveillent certains patients qui souffrent psychologiquement et ce, même si le risque d’agression plane au-dessus de nos routines.

Nous surveillons les quelques uns parmi vous qui sont sous contentions ; la situation de votre état transitoire le requérant.

Nous sommes les capteurs de besoins particuliers lorsque vous visitez un proche parent qui demande à voir l’infirmière. Mais l’infirmière, souvent, est fort occupée à soigner adéquatement les 10-12 patients qu’on lui a attribués. Alors, nous pouvons toujours tenter de calmer le jeu en attendant, puisque vous vous attendez aux services, dont vous êtes le contribuable par le biais des impôts.

Nous faisons les tournées de mobilisation aux deux heures pour les invalides, ce qui implique souvent des interventions de nature psychologiques avant ou après le remplacement de la literie souillée.

Ce métier est majoritairement le lot des femmes. À Montréal, en particulier, cette main d’œuvre est souvent constituée de soutien de famille dont la langue maternelle n’est pas le français ; il y a là un enjeu d’intégration concomitant.

Nous avons obtenu un règlement concernant l’équité salariale, il y a de cela quelques années. Justice rendue.

Maintenant, ce gouvernement veut régler sur cinq ans une insignifiante augmentation qui suit à peine l’inflation et qui se situe sous le salaire moyen national tout en clamant sa générosité. Bye bye équité salariale !

Les bonis offerts à la signature sont comme les articles gratuits au supermarché après avoir dépensé un montant fixé par le marchand. Sans aucune incidence sur le salaire, il séduit par sa perfidie.

Ces gens-là n’ont qu’un seul objectif ; bouter, sans l’affirmer, par le biais des gras durs que nous sommes, la montée en flèche des coûts du réseau de la santé. Ces femmes, et quelques hommes, qui font le réseau d’après leurs têtes et leurs cœurs, ne partagent pas du tout cette assertion tartuffe qui les considère comme un fardeau budgétaire.

 

Photo : avenirensante.gouv.qc.ca