Projet de forages avec fracturation sur Anticosti

2016/03/15 | Par Nature Québec

Suite aux déclarations du premier ministre Couillard, à l’effet que l’entente avec Pétrolia et les lois du Québec devront être respectées, Nature Québec invite le ministre de l’Environnement David Heurtel à ne pas émettre de certificat d’autorisation à l’entreprise sur la base des connaissances scientifiques, des impacts et des risques liés au projet.

Le ministre est en droit de refuser l’octroi d’un certificat d’autorisation en vertu de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement lorsqu’une activité pose des risques importants pour l’environnement et n’a pas l’intérêt public comme finalité.

« Le ministre a tout en main pour refuser l’émission d’un certificat d’autorisation pour trois forages avec fracturation sur Anticosti à l’été 2016. Nous l’invitons à poser ce geste pour préserver des secteurs sensibles de l’île, notamment ses rivières à saumons, d’impacts potentiellement irréversibles », a déclaré Christian Simard, directeur général de Nature Québec.

Pour l’organisme, l’entente qui a créé Hydrocarbures Anticosti et qui prévoyait la réalisation d’une série de forages ne se situe pas au-dessus des lois du Québec, notamment la Loi sur la qualité de l’environnement. Pour Nature Québec, compte tenu des connaissances scientifiques acquises depuis lors et du cul-de-sac économique annoncé de la filière sur l’île, rien ne justifie les impacts réels et les risques associés aux forages avec fracturation.

Les données quant aux impacts de la fracturation hydraulique sont irréfutables. À titre d’exemple, « seulement deux bassins versants primaires sur un total de 49 sur l’île d’Anticosti disposeraient de ressources en eau en quantité suffisante pour répondre aux besoins de l’industrie des hydrocarbures » et ce pour un maximum de quatre puits exploités simultanément. Les risques pour le saumon liés à la possible contamination des eaux souterraines et de surface y sont également très élevés.

Les trois forages de l’été 2016 puiseraient de l’eau dans le ruisseau Jean ainsi que dans les rivières au fusil, Sainte Marie et Jupiter. À noter que le bassin de la rivière Jupiter, principale rivière à saumons d’Anticosti, a été identifié en 2013 comme « territoire d’intérêt pour la création d’une aire protégée ». Avec moins de 8 % d’aires protégées, l’île d’Anticosti présente encore beaucoup d’éléments de sa biodiversité qui ne sont pas protégés. Avec les propositions d'aires protégées pendantes, 16 % de l'île d'Anticosti pourraient être protégés, ce qui est encore en-dessous des objectifs internationaux de conservation de la biodiversité.
 

Photo : Le Devoir