Le Fonds vert pour les hydrocarbures fossiles d’ArcelorMittal

2016/03/23 | Par RVHQ

Le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ) a été consterné d’apprendre que le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, monsieur Pierre Arcand, et le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, monsieur David Heurtel ont confirmé leur décision de puiser dans le Fonds vert pour aider l'entreprise ArcelorMittal à réaliser un projet de conversion au gaz naturel liquéfié (GNL).

Le Fonds vert vise la réduction des émissions de GES, l’adaptation du Québec aux conséquences des changements climatiques et le passage accéléré du Québec vers une économie forte, novatrice et de plus en plus sobre en carbone.

« La mission du Fonds vert est complètement pervertie quand on l’utilise pour subventionner l’utilisation du gaz naturel, une énergie fossile dont la contribution au réchauffement climatique s’apparente à celle des carburants qu’il remplace », s’indigne Carole Dupuis du RVHQ.

En effet, si le gaz naturel émet un peu moins de CO2 que le mazout ou le carburant diésel au moment de la combustion, ce gain est facilement annulé par le CO2 émis pendant le transport par camions et surtout par les fuites de méthane associées aux forages et à la distribution du gaz naturel.

De nombreux puits abandonnés sont aussi à l’origine de volumes considérables d’émissions fugitives de méthane. « Or, la contribution du méthane au réchauffement climatique est 86 fois plus élevée que celle du CO2, pendant les 20 années suivant son émission », rappelle Carole Dupuis.

Selon madame Dupuis, il est totalement illogique de constituer un Fonds vert en utilisant les revenus générés par le marché du carbone pour réinjecter ces sommes dans les hydrocarbures fossiles. « Le Fonds vert n’est pas là pour encourager la consommation d’énergies fossiles mais bien pour bâtir une économie où les émissions de GES auront diminué de 80 à 95 % en 2050, par rapport à 1990, en investissant dans le transport collectif, dans l’économie d’énergie et dans l’innovation verte, et pour créer ainsi des emplois durables », soutient-elle.

L’annonce est extrêmement préoccupante car le ministre Arcand et Heurtel a profité de l’occasion pour confirmer son soutien au « développement de la filière naissante du gaz naturel liquéfié ».

Les projets d’usines de liquéfaction du gaz naturel déjà approuvés ou à l’étude, appuyés avec enthousiasme par le gouvernement du Québec, totalisent plus de 600 milliards de pieds cubes traités par année[1], alors que le Québec en consomme 200 milliards.

Le gouvernement est donc en train de promouvoir la transformation du Québec en un gros producteur de gaz naturel liquéfié, principalement destiné à l’exportation mais visant aussi à augmenter la consommation de gaz naturel fossile au Québec, sans avoir soumis cette stratégie au débat public.

« Le gouvernement Couillard n’a manifestement pas encore tiré les leçons du passé, dénonce la porte-parole du RVHQ. Quand la population comprendra qu’on est en train de la leurrer, en faisant passer la stratégie gazière gouvernementale pour un plan de transition, elle rejettera cette stratégie comme elle a refusé le gaz de schiste et la centrale au gaz du Suroît, et comme elle dit non au projet Énergie Est qu’on tente de lui enfoncer dans la gorge ».

[1] Bcf = milliards de pieds cubes/an

Projets approuvés ou étudiés

Capacité totale (Bcf)

Pour le Québec

Pour exportation

Stolt LNGaz (approuvée)

49

50%

24,5

50%

24,5

Gaz Métro GNL (approuvée - hausse de 3 à 9 Bcf, avec injection de fonds publics du Québec )

6

100%

6

0%

0

Pétrolia /Tugliq/Océan (avec injection de fonds publics du Québec dans l’exploration au site Bourque)

25

100%

25

0%

0

Hoegh LNG

20

100%

20

0%

0

GNL Québec inc. (Énergie Saguenay)

536

0%

0

100%

536

Total (Bcf)

636

 

75,5

 

560,5