Les frères siamois (suite)

2016/03/29 | Par Pierre-Alain Cotnoir

Comme on en parle dans les médias... et pour renchérir sur le propos de mon texte publié dans l’Aut’Courriel et s'intitulant "Les frères siamois", ainsi que du résultat des questions posées par Léger Marketing sur des hypothèses semblables de coalition, j'apporte les précisions suivantes.

Ainsi de croire qu’une coalition avec QS apporterait à celle-ci un appui substantiel lui permettant d’être majoritaire, c’est de souscrire à la prémisse (comme le sous-tend le sondage de Léger Marketing) que les trois quarts de leurs sympathisants emboîteraient le pas à une telle alliance, ce qui demeure présomptueux.

Car il faut savoir qu'au plus le tiers des sympathisants de QS affirmaient en 2014 que leur deuxième choix irait vers le PQ (taille de l’échantillon global N=8274 et du sous-échantillon N=596).

Transposé sur les intentions de vote actuelles envers ce parti (CROP 11%, Léger 10%, donc de 3.3% à 3,6% de plus pour le PQ), ça ne donne pas une grande marge, le PQ passant de 30% à 34% tout au plus.

Il y a un bloc de sympathisants QS qui demeurent réfractaires au PQ. Ce segment d’une gauche plus idéologique que pragmatique n’entend rien savoir du PQ, surtout avec PKP comme chef!.

En comparaison, en utilisant la même approche, le gain potentiel auprès des sympathisants de la CAQ totalise entre 7% et 8%, une telle coalition passerait donc à 38%.

Évidemment, un tel calcul ne tient pas compte des sympathisants votant toujours pour la même formation politique dans l'optique d'une coalition où les circonscriptions seraient partagées.

Par exemple, le PQ laissant la grande région de Québec et la zone allant de Montmagny jusqu'à Nicolet sur la côte sud à la CAQ et cette dernière ne présentant pas de candidats dans le 450, exception faite de la circonscription de François Legault.

Mais, pour citer Michel David, c'est fantasmer que de croire que ces partis puissent en arriver à une telle entente. Cependant, s'imaginer qu'un cinquième parti viendrait bousculer la scène électorale d'ici la prochaine campagne électorale, c'est encore pire que fantasmer...

Nonobstant les différences idéologiques, il me semble qu'une alliance électorale avec la CAQ serait plus payante électoralement qu'une alliance avec QS.

La présence de QS en région est famélique, or une telle alliance en milieu urbain ne se traduirait pas par des gains électoraux substantiels, alors qu'une alliance avec la CAQ se traduirait dans des régions clés par des gains importants permettant d'envisager un gouvernement majoritaire.

Il y a deux enjeux que nous devons relever.

Le premier concerne l'enlisement du statut politique du Québec et sa lente assimilation au cadre constitutionnel canadian. Pour s'en sortir,ça va prendre minimalement une majorité à un référendum sur un statut rencontrant les aspirations d'une pluralité de Québécois.

Puis, il y a un deuxième enjeu qui concerne cette fois la préservation, voire le renforcement du "modèle québécois".

Pour le premier enjeu, c'est une alliance avec la CAQ qui donne la clé permettant de dénouer l'impasse.

Mais pour le deuxième, venant nécessairement après que le premier nous aura fait avancer, il faudra un parti sensible aux questions de notre époque: c.-à-d. comprenant les défis posés par l'altération du climat, l'accroissement des inégalités et le mur où nous mène le productivisme d'une croissance sans limites imposée par l'essence même du capitalisme.

De surcroît, un parti en lien avec ce qui nous distingue, ce qui constitue nos valeurs communes. Mais, je suis loin d'être convaincu que ce parti puisse être QS. En tout cas, pas avec leurs leaders actuels.

J'ai souvent dit à mon ami Gilles Dubois, le père de Gabriel Nadeau-Dubois, que le jour où son fils s'engagera en politique, je le suivrai. Car il incarne plus que quiconque ce renouveau.

Car actuellement, ceux qui se targuent d'incarner la seule vraie gauche ressemblent encore trop souvent aux militants qui vendaient En lutte ou La forge aux portes de l'UQAM, or j'ai trop vu les dégâts qu'ils ont pu commettre.... par leur intransigeance et leur dogmatisme.