L’anglais mieux que le français au travail pour les immigrants

2016/04/08 | Par Maxime Laporte

Réagissant à l’article paru dans Le Devoir ce jeudi qui révèle, sur la base d’une compilation recueillie par le MIDI, que le taux de chômage chez les immigrants francophones est de 40% plus élevé que chez les nouveaux arrivants anglophones, le Président général de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, Maxime Laporte a fait valoir qu’«être francophone ne devrait pas être un handicap à l’emploi». Il dénonce «la discrimination dont sont victimes les immigrants francophones lorsqu’ils cherchent du travail», et interpelle à ce sujet le Ministre responsable de la promotion et de la protection de la langue française, monsieur Luc Fortin.

Pointant du doigt «les démissionnaires de la langue qui nous gouvernent», Me Laporte a tenu à rappeler les résultats de l’étude de l’Institut de recherche en Amérique publiée en 2016 et démontrant que le Québec rate complètement sa cible en matière de francisation de l’immigration, alors que 200 000 nouveaux arrivants ne parlent toujours pas français.

Invoquant également des chiffres tirés de récents travaux du Conseil supérieur de la langue française, il dénonce le fait que «nous échouons collectivement à faire du français la véritable langue publique commune».

«Les allophones «francotropes», c’est-à-dire ceux qui tendent à adopter plus facilement la langue française, ne sont eux-mêmes que 77% à l’utiliser en public. Au travail, l’usage du français recule à 70% dans ce groupe. Et c’est bien pire encore dans le cas des allophones «non-francotropes», catégorie dont on a précisément la responsabilité de franciser. Seuls 40% d’entre eux parlent généralement le français en public et 44% ont adopté l’anglais. Au travail, seuls 34% parlent français alors que 48% gagnent leur vie en anglais, soit près de la moitié.

En-dehors du monde du travail, toujours chez les non-francotropes, la donnée la plus significative concernant l’usage de l’anglais concerne les sphères d’interaction avec le gouvernement où l’anglais se situe à 50% dans la fréquentation scolaire, 41% en CLSC, 51% dans les hôpitaux, 50% dans les communications orales et 63% dans les communications écrites avec le gouvernement.»

 

Des objectifs clairs

«Tant qu’on ne se donnera pas d’objectifs clairs et chiffrés en matière d’intégration et de francisation des immigrants, tant que nos propres institutions publiques montreront le mauvais exemple en offrant leurs services en anglais, et tant que l’Office québécois de la langue française ne retrouvera pas ses dents pour faire appliquer la loi 101 notamment en matière de langue de l’embauche et du travail, nous essuierons des reculs.»

«Et ces reculs se révèlent dramatiques pour ces immigrants qui s’attendent à pouvoir travailler dans leur langue, mais qui sont contraints au chômage. À cet égard, je suis très touché par le commentaire d’une Sénégalaise qui affirme: "L’immigration au Québec, c’est du dol, c’est comme une arnaque. On te dit que tu peux travailler au Québec en français comme tu le fais dans ton pays".»