L’aide canadienne au développement n’a pas vraiment augmenté

2016/04/15 | Par Chantal Havard

Les chiffres provisoires de l’aide fournie en 2015, annoncés aujourd’hui par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), révèlent que l’aide publique au développement (APD) du Canada est passée, en termes réels, de 4,240 milliards $ en 2014 à 4,965 $ en 2015. Le pourcentage de l’APD par rapport au revenu national brut (RNB), qui était descendu à 0,24 en 2014 – soit le niveau le plus bas au cours des deux dernières décennies – a augmenté à 0,28 pour cent. En réaction à la parution du rapport de l’OCDE, le Conseil canadien pour la coopération internationale croit que ces chiffres ne racontent pas toute l’histoire.

« Bien qu’il soit encourageant de voir que le Canada a augmenté son aide depuis la dernière année, une telle hausse est malheureusement exagérée », affirme Julia Sánchez, présidente-directrice générale du Conseil canadien pour la coopération internationale.

« L’aide publique au développement du Canada a augmenté en 2015 en raison de deux augmentations ponctuelles de l’aide canadienne, soit un prêt conditionnel à l’Ukraine et un paiement en double à la Banque mondiale, suite à un changement technique quant à la manière d’effectuer les paiements », explique-t-elle.

Le plus récent Rapport statistique sur l’aide internationale pour 2014-2015, publié à la fin mars par le gouvernement canadien, a aussi affirmé que l’aide canadienne augmentait – ce qui a été confirmé aujourd’hui par les chiffres de l’OCDE. Toutefois, l’enveloppe de l’aide internationale (EAI) – une mesure plus exacte de nos engagements réels en matière d’aide pour réduire la pauvreté dans les pays en développement – demeure stable cette année-là.

« C’est une bonne chose de voir l’enveloppe de l’aide augmenter dans le budget 2016 après plusieurs années de déclin. Toutefois, pour que le Canada soit vraiment de retour sur la scène mondiale, nous avons besoin d’un échéancier avec des hausses annuelles et prévisibles de l’EAI », a ajouté Mme Sánchez. 

Le secteur du développement international demandait des hausses prévisibles de l’enveloppe de l’aide internationale, avec comme objectif d’atteindre la cible reconnue internationalement de 0,7 pour cent du RNB allant à l’APD. Les attentes de voir un tel échéancier et une telle hausse de l’EAI inclus dans le budget 2016 étaient élevées, mais l’annonce contenait seulement une hausse modeste de l’enveloppe de l’aide internationale pour les deux prochaines années (128 millions $ par année).

« Bien que le CCCI salue l’engagement renouvelé du gouvernement canadien sur la scène mondiale, beaucoup plus devra être fait si nous souhaitons relever les défis en matière de développement à l’heure actuelle », affirme Julia Sánchez. « Le Canada doit s’engager à verser des ressources supplémentaires importantes afin de promouvoir les droits de la personne et les droits des femmes, lutter contre les changements climatiques, protéger l’environnement et répondre aux besoins des plus vulnérables », a-t-elle conclu.

Pour plus de détails, voir http://www.oecd.org/dac/development-aid-rises-again-in-2015-spending-on-refugees-doubles.htm