Seuls les libéraux sont heureux de leurs réalisations

2016/04/22 | Par Sylvain Martin

Le gouvernement Couillard est à mi-mandat et tout le monde y va de son bilan. Un bilan qui peut se résumer en peu de mots : austérité et coupures tous azimuts.

Tous sont concernés : les enfants dans les écoles, qui n’ont pas accès aux services de spécialistes, comme ils sont en droit de s’y attendre; les services de garde aux coûts de plus en plus élevés; l’accès aux services de santé, qui ne s’améliore pas; la promesse de la création de 250 000 emplois, qui ne se matérialise pas non plus.

Et l’odeur de corruption qui plane toujours autour du Parti libéral avec, entre autres, l’arrestation de la ministre Nathalie Normandeau et la démission forcée de Sam Hamad, comme président du Conseil du trésor, suite aux révélations de l'émission Enquête à propos de ses liens avec Marc-Yvan Côté et le financement du Parti libéral.

Seuls les libéraux sont heureux de leurs réalisations. Avec raison ! Jusqu’à présent, ils réussissent à merveille l’implantation de leur programme néolibéral, qui consiste à faire des compressions budgétaires dans les services publics et atteindre le sacro-saint déficit zéro.

À partir de maintenant, réélection oblige, nous devrions pouvoir bénéficier d’un répit. Arrivée à mi-mandat, l'équipe Couillard va se mettre en mode séduction.

Nous pouvons nous attendre à des investissements pour nous faire croire, qu’ayant rééquilibré les finances du Québec, notre bon gouvernement dispose de l’argent nécessaire pour investir dans le secteur public.

En voici un bel exemple : l’annonce faite par le ministre de l’Éducation de l’octroi d’une somme de 367 millions de dollars pour assurer le maintien en bon état des établissements scolaires.

Le ministre nous déclare que « l’éducation de nos jeunes est au cœur de nos priorités ». Quand on sait qu’une partie de cet argent servira à la rénovation d’une école de la région de Montréal, qui est fermée depuis près de deux ans, on voit toute l’hypocrisie de ce gouvernement ! Pourquoi avoir laissé cette école fermée pendant tout ce temps, si « l’éducation de nos jeunes est au cœur de leurs priorités » ?

La prochaine étape sera la baisse d’impôts. Encore une fois, réélection oblige, notre bon gouvernement annoncera des baisses d’impôts pour, selon ses dires, stimuler l’économie en redonnant de l’argent aux contribuables.

Grâce à cette recette miracle, les travailleurs seront plus riches, dépenseront plus, ce qui fera augmenter la consommation, et cette hausse de l’activité économique aura comme résultat la création d’emplois ! Et voilà ! Le tour est joué ! Nous assisterons à un nirvana économique.

On sait bien que ce n’est pas ce qui va arriver. La baisse d’impôts profitera aux plus riches, le gouvernement se sera appauvri et devra compenser cette perte, soit en coupant dans les services ou en augmentant les tarifs comme, par exemple, ceux des garderies ou de l’hydroélectricité. Ce sera probablement les deux. C’est ce à quoi ils nous ont habitués.

J’en conviens, il y a un peu de cynisme dans ce que je viens d’écrire, mais c’est pourtant une recette éprouvée que nos gouvernements de droite utilisent abondamment et, malheureusement, cette façon d’agir fonctionne !

D’ailleurs, le cynisme fait partie de la stratégie. Plus la population cesse de croire qu’un gouvernement peut être honnête, fonctionnel et source d’égalité sociale, plus cette population sera d’accord avec l’idée qu’il est préférable de payer le moins d’impôts et de taxes possibles, même au prix d’une diminution des services.

Pourquoi payer plus de taxes et d’impôts si, de toute façon, l’État est synonyme de corruption et que les services offerts sont de piètre qualité ?

Pour ma part, à mi-mandat, le temps est au bilan, mais surtout à la préparation de la prochaine élection. Tous les partis politiques s’y préparent, pourquoi pas nous ? Pourquoi attendre le début de la prochaine campagne électorale pour examiner ce qu’ils nous offrent et en être déçus ou, pire encore, les entendre nous dire ce qu’on veut entendre avec le sentiment qu’ils nous « bullshittent ».

Au cours des prochains mois, tous les partis politiques vont préparer leur plateforme électorale en vue de la prochaine élection. Le mouvement syndical pourrait profiter de cette fenêtre pour s’inviter au cœur du débat et y aller de propositions répondant aux préoccupations des travailleuses et travailleurs.

Les thèmes des débats pourraient tourner autour du genre de société que nous voulons. Par exemple, que voulons-nous collectivement en matière de santé, de services sociaux et d’éducation ? Comment voyons-nous le développement économique ? Quelle place occuperait le respect de l’environnement dans ce développement économique ?

Quel droits pour les travailleurs en matière de santé-sécurité, de protection contre l'abus de la sous-traitance et ce fléau que sont les clause « orphelin » dans les régimes de retraite ?

Nous pourrions mettre de l’avant tous les enjeux, qui touchent la vie des travailleuses et travailleurs, et en débattre dans les instances des différents partis politiques.

Cette proposition peut sembler farfelue, mais je suis d’avis qu’elle mérite d’être étudiée. La démocratie peut s’exercer autrement qu’une fois aux quatre ans pendant une campagne électorale. Nous pouvons tenter d’influencer la direction que prennent les partis politiques.

La droite le fait avec tous les partis qui ont une chance réelle de former le gouvernement. C’est pour cette raison qu’aux prochaines élections, nous risquons d’avoir le choix entre la droite fédéraliste que sont les libéraux, la droite nationaliste qu’est la CAQ et la droite souverainiste qu’est devenu le P.Q.

Tant que nous aurons le mode de scrutin actuel, qui fait en sorte qu’un parti peut former un gouvernement avec moins de 40 % d’appuis de la population, nous devrons trouver un moyen de rendre plus démocratique le système électoral. De tenter d’influencer de l’intérieur les partis politiques en est un qui pourrait porter fruit.

L’autre moyen de rendre plus démocratique le processus électoral et, par le fait même, améliorer nos chances d’avoir une représentation à l’Assemblée nationale de partis politiques, qui répondent à nos aspirations, serait l’instauration d’un mode de scrutin proportionnel.

D’ici là, nous avons le choix de regarder les libéraux nous servir la bonne vieille recette, qui consiste à nous inonder graduellement de « bonnes nouvelles ».

Ou d’attendre que les différents partis politiques dévoilent leur plateforme électorale qui, soi dit en passant, nous est de plus en plus présentée au compte-goutte pendant la campagne électorale, ce qui permet de l’ajuster au gré des sondages.

Ou de tenter une autre approche, soit de faire partie de ceux qui prennent les décisions à l’intérieur des partis politiques.