Sous le slogan « Affectés à nos priorités » le secteur pré-hospitalier se mobilise 

2016/04/22 | Par Rose St-Pierre

Le FSSS-CSN, le syndicat représentant le plus grand nombre d'employés du secteur préhospitalier au Québec, a organisé le 12 avril dernier une première mobilisation de ses membres sans convention collective depuis le 31 mars 2015.

Réunis en instance afin de discuter de l'avancement des négociations et de la stratégie globale, les responsables syndicaux ont manifesté leur soutien au Comité de négociation national.

La FSSS-CSN représente plusieurs techniciens ambulanciers paramédics, répartitrices et répartiteurs médicaux d'urgence, répondantes et répondants médicaux d'urgence et personnel de soutien veillant à faire l'inventaire et les vérifications des véhicules ambulanciers. 

Alors que les négociations avec le secteur public sont terminées, la FSSS-CSN considère que c'est maintenant au tour des employés qui oeuvrent majoritairement dans le secteur privé de négocier avec le gouvernement.

Une prise de position qui survient alors qu'on apprenait récemment que les médecins québécois ont touché 1,5 milliard de dollars en prime en 5 ans sans que les Québécois aient obtenu un meilleur accès aux soins et sans que le gouvernement exige de garanties de la part des médecins.

Jean Gagnon, représentant du secteur pré-hospitalier de la FSSS-CSN, espère que ses membres bénéficieront d'une bonne convention collective « afin que l'ensemble de la population en bénéficie ».

Les travailleurs sont confrontés à des exigences de performance de plus en plus nombreuses, alors qu'on leur demande de répondre dans des délais plus courts.

Cela s'explique, entre autres, par l'important vieillissement de la population, qui conduit également à l'alourdissement de plusieurs cas et complexifie les actes médicaux. Les exigences administratives, comme les contrôles de qualité, augmentent également dans un secteur qui reste fortement privé.

La mobilisation du FSSS-CSN se fera cette année sous le thème « affectés à nos priorités ». « C'est ainsi qu'on veut entreprendre les négociations; d'une part nous souhaitons être pris en compte par nos employeurs, et d'autre part nous souhaitons sensibiliser la population et leur faire connaître nos priorités », indique M. Gagnon.

Les revendications syndicales se concentrent principalement sur les salaires et l'organisation du travail. « Nous militons pour une augmentation de salaire équivalente à celle des services sociaux, soit environ 13,5% sur 3 ans. On souhaite une révision des primes et du nombre d'échelons afin de maintenir l'augmentation salariale en fonction du coût de la vie. »

« On veut également se pencher sur les problèmes de surcharge de travail. Nos membres exercent des métiers très exigeants et évoluent dans un environnement stressant. En ce moment, la charge de travail est trop élevée pour les horaires à l'heure et les horaires de faction nous désavantage », précise M. Gagnon. Les horaires en factions correspondent à une succession de 7 jours complets de travail suivis de 7 jours de congé. « Depuis plus de 20 ans, on se bat pour abolir ce type d'horaire. Ça mine les conditions de vie des travailleurs et n'assure pas un service optimal envers la population. »

La FSSS-CSN compte aussi faire valoir les besoins de ses membres en ce qui a trait à la santé et à la sécurité au travail, un enjeu fondamental dans le secteur pré-hospitalier.

« Il faut développer des mécanismes efficaces et accessibles pour répondre aux besoins de travailleurs qui sont aux prises avec des problèmes de choc post-traumatique et de détresse psychologique. »

Pour l'instant, ce sont les travailleurs qui doivent cotiser au fonds Éric-Charbonneau affilié à la maison La Vigile à Québec pour avoir accès à de tels services.

Selon Jean Gagnon, les négociations n'avancent pas au rythme espéré. « Nous sommes bons joueurs. Nous attendons à chaque renouvellement de convention collective que les négociations soient terminées avec le secteur public d'abord. De tout temps, la signature de notre convention a toujours été retardée pour cette raison. Nous avons jusqu'à maintenant assumé tous les frais encourus par les onze journées de négociations avec l'ensemble des entreprises ambulancières au Québec représenté par la CSAQ. C'est une attitude qu'on ne pourra malheureusement pas conserver si les négociations achoppent toujours. »

La partie patronale est représentée par plusieurs instances, dont la Corporation d'Urgences-santé, la Corporation des services d'ambulance du Québec (CSAQ) et l'Association des propriétaires ambulanciers régionaux (APAR).

Tous doivent suivre les mandats émanant du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), mais il semble que la CSAQ et le MSSS ne s'entendent pas à savoir qui des deux va payer en regard du protocole de négociation qui doit être convenu entre la CSAQ et la FSSS-CSN pour la présente négociation.

Les relations entre la CSAQ et le gouvernement sont présentement au point mort. Les négociations entre le syndicat et la CSAQ sont donc arrêtées. Urgence Santé, de son côté, a conclu un protocole de négociations avec le Syndicat du préhospitalier FSSS-CSN. « Les pourparlers avancent, mais les dates de négociations se font attendre de ce côté », indique M. Gagnon.

« Le message qu'on souhaite livrer au ministre de la Santé, c'est qu'il considère le sérieux de notre démarche. C'est ce qui a motivé notre sortie du 12 avril dernier. Le ministre Barrette a annoncé au début du mois qu'il souhaitait revoir la gouvernance dans le secteur pré-hospitalier au Québec et nous considérons aussi que le statu quo n'est plus une option. »

En effet, en 2013, le ministre péquiste Réjean Hébert avait commandé un rapport afin d'analyser le fonctionnement global du système pré-hospitalier au Québec dans un contexte d'augmentation constante de la demande.

En février 2015, le ministre de la Santé Gaétan Barrette avait annoncé la composition d'un comité sensé mettre en œuvre les recommandations du rapport en plus de coordonner et diriger ce nouveau modèle de gouvernance.

Cependant, les travaux sont complètement suspendus depuis décembre dernier, voire avant, et ce, sans raison apparente. « Ce changement de positionnement du ministre Barrette, qui reconnaît toujours la nécessité de réformer le système de gouvernance du secteur pré-hospitalier est questionnable. Nous espérons qu'il tiendra compte des recommandations que la FSSS-CSN lui a faites jusqu'à ce jour », soutient M. Gagnon.

Les syndicats du secteur pré-hospitalier de la FSSS-CSN représentent plus de 3600 membres à travers la province. La FSSS-CSN compte quant à elle 130 000 membres des secteurs privé et public.

 

Photo : Radio-Canada