Le Québec ne s’est pas endetté en « faisant l’épicerie »

2016/06/03 | Par IRIS

Un rapport de recherche de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) réfute l’argument fréquemment employé par certains chercheurs, chroniqueurs et politiciens qui voudrait que les dépenses courantes – les fameuses « dépenses d’épicerie » – soient les principales responsables de la dette du Québec. C’est la première fois qu’une telle étude est publiée.

Il est simplement faux d’affirmer que la hausse des dépenses courantes soit la cause de la croissance de la dette au Québec. Pour preuve : entre 1961 et 1981, alors que le poids des dépenses courantes dans l’économie québécoise passait de 11,5 % à 25,5 % du PIB, le poids de la dette a augmenté d’environ 12 points de pourcentage.

Toutefois, entre 1981 et 2001, alors que le poids des dépenses courantes diminuait de 25,5 % à 24,5 % du PIB, le poids de la dette du Québec dans l’économie a augmenté de 20 points de pourcentage.

Sur cette base, il est donc tout à fait faux de défendre que les dépenses courantes sont les premières responsables du niveau d’endettement actuel », affirme Raphaël Langevin, chercheur-associé à l’IRIS et auteur de l’étude.

Quels sont donc les postes budgétaires responsables? C’est ce que l’étude de l’IRIS s’est appliquée à déterminer. « Deux éléments centraux ont causé la hausse de l’endettement public québécois, soit la politique monétaire restrictive du Canada pendant les années 1980 et le virage idéologique qu’a connu l’État québécois de 1982 à aujourd’hui. Une large majorité de la dette du Québec a été causée d’abord par la diminution des transferts fédéraux (32 %) et par la privatisation d’entreprises publiques couplée à la baisse de l’impôt des entreprises privées (30 %) », calcule Josué Desbiens, également chercheur-associé à l’IRIS et auteur de l’étude.

« Si les acteurs du passé ont pris de mauvaises décisions au regard des résultats courants, les personnes qui décident maintenant devraient tout faire sauf de répéter les erreurs du passé. Si la Banque du Canada semble l’avoir compris – elle est même prête à faire déprécier considérablement la valeur du dollar canadien –, le gouvernement du Québec semble s’entêter de son côté. Les politiques néolibérales d’austérité fiscale et de compression des dépenses publiques se seront avérées dommageables pour le secteur public et la population, en plus d’avoir augmenté l’endettement québécois. Le Fonds monétaire international (FMI) vient d’ailleurs de publier un article qui va dans la même direction que nos conclusions », conclut Eve-Lyne Couturier, chercheure à l’Institut ayant collaboré à l’étude.

Quelles sont les causes de l’endettement public au Québec? est disponible gratuitement sur : www.iris-recherche.qc.ca.
 

 

Photo : kovaleff / 123RF Banque d'images