De la tolérance à la réingénierie sociale

2016/06/09 | Par Luc Charlebois

Ainsi donc, la ministre Vallée, appuyée évidemment par la députée Manon Massé, a l’intention de permettre l’adoption rapide du projet de loi 103 concernant l’identité de genre. Ce dernier suit la tendance, car le gouvernement Trudeau a aussi déposé son projet de loi C16 allant dans le même sens.

Cet empressement douteux, que ses supporteurs justifient en se réclamant de jeunes qui souffrent1, devrait suffire à nous mettre la puce à l’oreille. L’instrumentalisation des enfants pour faire avancer un agenda politique et social a eu l’effet d’un révélateur pour moi. Voici Pourquoi.

 

De l’usage des enfants

Prétexter de la souffrance d’enfants pour étouffer tout débat sur une question aussi chargée est un procédé politique qui en dit long sur ses promoteurs. On ne s’y prendrait pas mieux pour faire passer sous silence toute voix discordante, sous peine d’être affublée de « dégueulasse et réactionnaire », évidemment…

Pourtant, l’identité sexuelle (ainsi que l’identité tout court) peut être relativement fragile lorsque enfant ou adolescent; le principe de précaution doit être de mise avant de jouer aux apprentis sorciers de l’identité sexuelle.

D’ailleurs, depuis quand la gauche de Mme Massé et la droite incarnée par le PLQ de M. Couillard s’entendent-ils à ce point pour faire passer des lois aussi rapidement sans débat digne de ce nom?

Tant qu’à invoquer la souffrance d’autrui pour faire passer des lois en 4e vitesse, pourquoi ne pas invoquer la souffrance des travailleurs pour faire passer une loi sur la syndicalisation multi patronale sectorielle au Québec? Gageons que le PLQ y retrouverait ses vieux réflexes, et QS une raison d’être vraiment de gauche…

 

Marqueurs identitaires

Depuis plusieurs années, on perçoit nettement les avancées du lobby LGBT au sein de la société. Avec le mariage entre individus de même sexe, la parentalité/adoption par des couples de même sexe, et maintenant la remise en question du sexe biologique d’une personne, il est clair, à mes yeux, que nous sommes en voie de passer d’un paradigme prônant la tolérance à autrui vers un autre d’adhésion aux valeurs d’autrui quitte à en changer les fondements de la société; bref une ré ingénierie sociale qui ne dit pas son nom.

En insérant l’identité de genre dans les chartes des droits comme c’est prévu, nous passerons donc d’une problématique d’identité sexuelle de nature personnelle, devant susciter la tolérance, à l’élargissement de cette problématique sexuelle aux institutions qui devront s’y adapter.

Toutes les institutions : entre autres l’éducation, le marché du travail, même l’institution militaire. Sous peine d’être considérées discriminatoires.

Le projet de loi 103 pousse cette réingénierie sociale encore un cran plus loin. En effet, en incluant les enfants et adolescents dans le projet de loi, on touche alors immanquablement aux structures scolaires qui devront s’adapter aux changements à la charte des droits prévus dans la loi.

Pratiquement, cela signifiera qu’un jeune homme pourrait aller dans les vestiaires des filles parce qu’il se sent une identité de genre féminine. Et basta pour les dizaines de jeunes femmes que cette présence incommoderait, elles devront s’adapter… Que pèsent leurs droits dans ce cas?

Le message tant implicite qu’explicite qui sera alors véhiculé dès le plus jeune âge est que le marqueur identitaire principal d’un individu ne sera pas sa citoyenneté/nationalité (exit le sentiment national), ou son appartenance à une classe sociale (exit la lutte des classes), mais son orientation et/ou identité sexuelle ressentie.

Sans débat public, on s’apprêtera donc à former une nouvelle génération qui ne verra l’identité qu’à travers un prisme identitaire sexuel remanié qui ne remettra surtout pas en cause les structures du pouvoir, quel qu’il soit.

Comment cette nouvelle génération le pourrait-elle? L’hyper fragmentation d’une société prônant un individualisme forcené n’aura pas la cohésion nécessaire pour engager une lutte nationale ou une lutte des classes dignes de ce nom.

Ils constitueront une bande d’individus atomisés, livrés pieds et poings liés aux forces du marché. Le rêve néolibéral ultime… On comprend mieux alors pourquoi les Georges Soros de ce monde financent ce genre d’initiative sans compter via leur Open Society Foundations2 (OSF).

 

Pathologie ou non?

Il y a une dizaine d’année, on parlait d’un trouble de l’identité sexuelle chez les personnes transgenres, mais progressivement cela a changé. Pourquoi?

Les psychologues et psychiatres étaient-ils tous d’abominables réactionnaires dans les années 2000? Est-ce la compétence des praticiens qui étaient en cause, ou la force du lobbyisme LGBT qui a fait la différence?

Encore une fois, la OSF de Georges Soros nous donne des pistes : subversion des médias en faveur de la cause LGBT3, tissage de liens avec des professionnels de la santé favorables à la cause transgenre et les emmener à prendre position lors de débats « paramétrés » en faveur des transgenres4, argumentaire complet pour l’activisme transgenre et l’enfance5, guide complet pour activistes désirant s’organiser afin de s’attaquer à une politique6.

Tout cela sans parler de la rencontre entre G. Soros et Justin Trudeau7 lors du forum de Davos en janvier dernier, haut lieu du gratin néolibéral. Par la suite, M. Trudeau nous a sorti le projet de loi C16, un hasard? Évidemment, le PLQ a suivi.

 

Canalisation de la gauche

Ce débat a au moins le mérite de nous confirmer l’abandon d’un discours de lutte des classes par la gauche factice qu’est QS. Celle-ci lui préférant le communautarisme.

Quant au PLC de Justin Trudeau, il n’a jamais été de gauche, ses appuis traditionnels de Bay Street peuvent en témoigner.

Que Justin Trudeau, Mme Vallée, le PLC et le PLQ marchent dans les traces d’un escroc milliardaire international comme Georges Soros ne surprend guère.

Mais pourquoi donc QS marcherait-il dans les traces de Georges Soros? Parce que le chemin est déjà tracé, et cela simplifie tout, si on adopte un point de vue communautariste comme l’OSF.

En effet, ce sont les organismes comme l’OSF qui financent, jettent les bases du discours, mettent en réseau les différents acteurs, et publient articles et argumentaires pour saper les bases des sociétés visées, afin de les fragmenter.

Par la suite, les médias dominants appartenant tous à des grands conglomérats répercutent le message du milliardaire au niveau local grâce à des personnalités publiques. Au Québec, Mme Massé et Mme David jouent ce rôle à merveille.

Ainsi, elles s’assurent d’une exposition médiatique à nulle autre pareille, et incarnent auprès du public ce qu’est la gauche en 2016. Au prix cependant d’un discours escamotant tant la lutte nationale qu’une lutte des classes crédibles et allant dans le sens voulu, qu’elles en soient conscientes ou non.

Mme David peut en témoigner : ses écrits n’avaient pas beaucoup de résonance médiatique lorsqu’elle était maoïste dans les années 70…

 

1 Greenbaum M. citée par Bélair-Cirino, M. (2016, 1 juin). http://www.ledevoir.com/politique/quebec/472284/quebec-veut-permettre-au...