Deux critères dans le choix du ou de la chef du PQ

2016/06/10 | Par Pierre Dubuc

En voyant Martine Ouellet intervenir à la Commission parlementaire chargée d’examiner le dossier d’Uber et des chauffeurs de taxi, je me suis rappelé de sa performance, en tant que porte-parole de l’opposition officielle en matière de mines et de gaz de schiste en 2011.

Elle s’était value l’admiration de tous les commentateurs de la scène parlementaire pour l’aplomb et la pugnacité avec laquelle elle avait poussé dans ses derniers retranchements le ministre libéral des Ressources naturelles Sylvain Simard, parce qu’il ne voulait pas traiter de la question des redevances minières.

Aujourd’hui, même si certains commentateurs négligent de le souligner, c’est avec la même combativité qu’elle traque en commission parlementaire le ministre des Transports Jacques Daoust en dénonçant l’opacité, la culture du secret et l’intimidation qui règnent dans son ministère.

Superbement bien documentée, en pleine maîtrise de son dossier, Martine va toujours droit au but.

Hier, elle intervenait avec l’appui des groupes environnementalistes, aujourd’hui, elle le fait en collaboration avec les chauffeurs de taxi.

Dans les deux cas, elle a mérité le respect des groupes concernés parce qu’elle avait rencontré, à l’époque, les groupes environnementalistes et, maintenant, le Regroupement des chauffeurs de taxi. Les caméras de télévision nous l’ont d’ailleurs souvent montrée, assise dans la salle, prenant des notes, lors des assemblées générales de ce regroupement.

Qu’est-ce que cela signifie dans le cadre de la présente course à la direction du Parti Québécois?

Premièrement, bien entendu, cela montre une candidate proche des citoyennes et des citoyens, capable de prendre en main leur cause et de la défendre avec brio à l’Assemblée nationale.

Mais il y a plus. Pour avancer vers l’indépendance – et la tenue d’un référendum, comme le promet Martine Ouellet – il faut d’abord virer du pouvoir le gouvernement Couillard. C’est le travail de l’opposition officielle que de mettre sur la place publique, devant les yeux des électrices et des électeurs, les conflits d’intérêts, les ignominies, le parti-pris en faveur des amis du régime, l’entreprise de destruction du modèle québécois de ce gouvernement.

Et cela de façon tellement éclatante, claire et évidente, qu’il ne reste plus à l’électorat que de lui montrer la porte de sortie.

Reste maintenant à savoir qui, du Parti Québécois ou de la CAQ, va être en mesure de jouer ce rôle.

Pour le déterminer, il est primordial de considérer le rôle du chef du parti. Qui va donc s’imposer entre le chef de la CAQ et le prochain chef du PQ?

Un des critères pour le choix du prochain chef du PQ devrait donc être de savoir lequel des candidats et candidates s’est le mieux illustré à l’Assemblée nationale dans son rôle d’opposition aux politiques libérales.

Mais ce n’est pas tout. Il ne s’agit pas de simplement remplacer les libéraux par un « bon gouvernement » provincial.

Il faut qu’au cours des deux années qui nous séparent de la prochaine élection, l’opposition officielle lie sa dénonciation des politiques libérales à la nécessité de l’indépendance politique.

Par exemple, on ne peut se contenter d’opposer une fin de non-recevoir au projet d’oléoduc d’Énergie Est ou au projet Belledune de convois de 200 wagons de pétrole par jour.

Il faut s’engager à mener une guérilla juridique contre ces projets en utilisant tous les pouvoirs à la disposition du gouvernement du Québec, mais aussi de rappeler que le transport interprovincial et les chemins de fer sont de juridiction fédérale et que la seule façon de bloquer définitivement ces projets est l’indépendance nationale.

Pour cela, il faut que le Parti Québécois ait à sa tête une personnalité capable de s’imposer à l’Assemblée nationale comme chef de l’opposition et de montrer que la seule véritable alternative est l’indépendance nationale.

Dans la présente course à la chefferie du Parti Québécois, il n’y a qu’une seule personne qui rencontre ces critères : Martine Ouellet.