Hydrocarbures : « Il faut s’attendre à du jamais vu en termes d’opposition »

2016/06/10 | Par Collectif

C'est avec la plus vive déception et une grande inquiétude que des groupes citoyens et écologistes ont accueilli le projet de loi sur les hydrocarbures déposé le 7 juin à Québec.

Ce projet de loi scellerait l’orientation pro-hydrocarbures du gouvernement Couillard, même si le développement de cette filière est « difficilement conciliable avec les objectifs du Québec en matière de lutte contre les changements climatiques ».

Il autoriserait la fracturation hydraulique et maintiendrait le droit d'expropriation des entreprises sur les terrains qu'elles convoitent, reprenant ainsi des dispositions de la Loi sur les mines datant du XIXe siècle, qui s’appliquaient jusqu’ici aux forages pétroliers et gaziers.

Inséré dans le projet de loi no 106, Loi concernant la mise en œuvre de la Politique énergétique 2030 et modifiant diverses dispositions législatives, le projet de loi sur les hydrocarbures s’inscrit dans un vaste ensemble de dispositions comprenant entre autres l’institution de Transition énergétique Québec, dont la mission serait de promouvoir la transition, l’innovation et l’efficacité énergétiques.

« D’une main, le gouvernement veut réduire les émissions de GES et de l’autre il les augmentera s’il permet l’exploitation des hydrocarbures. Produire davantage de pétrole et de gaz menacera notre environnement, envenimera la crise climatique, ira à l’encontre de l’Accord de Paris et nous éloignera de l’atteinte des objectifs de réduction de gaz à effet de serre du Québec », a affirmé Catherine Huard, directrice des communications de la Fondation Rivières.

D’après Carole Dupuis, coordonnatrice générale et porte-parole du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ), le projet de loi sur les hydrocarbures est un affront à la population québécoise.

« Les citoyens du Québec opposent un NON catégorique à la fracturation hydraulique depuis les toutes premières tentatives d’utilisation de cette technique sur notre territoire. Ils ont rejeté en bloc le Plan d’action gouvernemental sur les hydrocarbures lors des consultations de l’automne dernier », rappelle-t-elle.

(Voir les mémoires déposés par les citoyens lors de cette consultation.)

Les groupes déplorent qu’au lieu de mettre un terme à des projets qui menacent déjà les cours d’eau, les nappes phréatiques, la santé et la qualité de vie des citoyens en Gaspésie et sur l’Île d’Anticosti, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles favorise le développement de nouveaux projets comme ceux de Petrolympic et de Squatex près de l’embouchure de la rivière Patapedia et de Rimouski.

Ils sont consternés de voir le ministre se vanter en chambre de l’appui qu’il donne aux projets Bourque et Galt, de Pétrolia, ainsi qu’au projet Galt de Junex, et inviter des pétrolières comme Repsol et non des citoyens à exprimer leurs points de vue à la Commission parlementaire chargée d'étudier son Livre vert sur l'acceptabilité sociale.

« Les citoyens en ont ras le bol de cette insistance de leur gouvernement à leur enfoncer dans la gorge des projets dont ils ne veulent pas tout en se gargarisant de discours sur l’acceptabilité sociale, conclut Jacques Tétreault, coordonnateur général adjoint du RVHQ. Il faut s’attendre à du jamais vu en termes d’opposition. »