Le train électrique de la CDPQ

2016/08/29 | Par Richard Lahaie

Au début de l’été, le président de la Caisse de dépôts et placements du Québec (CDPQ), annonçait un nouveau projet de transport en commun à Montréal. Le projet est l’implantation d’un nouveau système de transport en marge de ceux existant (métro, autobus et train de banlieue). Celui-ci, utiliserait le nouveau pont Champlain, en provenance de Brossard, jusqu’à la Gare centrale. Puis il utiliserait les voies du train de banlieue Montréal-Deux-Montagnes. À la hauteur de l’arrondissement Saint-Laurent, une autre voie se dirigerait vers l’Aéroport de Dorval, et une autre vers la pointe ouest de l’île. Cinq milliards et demi est le coût pour sa réalisation.

Premièrement, est-ce que l’on a demandé à la population ce qu’elle en pensait de l’utilisation de son « bas de laine » pour financer un projet que le gouvernement du Québec ne veut pas financer. D’ailleurs, pourquoi le gouvernement ne veut pas financer ce projet, lui qui trouve toutes les excuses pour ne pas réaliser le prolongement de la ligne bleue jusqu’à Anjou. Quand on regarde la répartition des élus du Parti Libéral du Québec (PLQ), on se rend compte que l’Est de Montréal n’est pas sa clientèle, mais que celle du « west island » est la sienne. C’est celle-ci qui bénéficierait du projet de la CDPQ.

Deuxièmement, lorsque l’on regarde l’utilité du projet, on ne comprend pas sa raison d’être. La portion Montréal-Deux-Montagnes a été rénovée dans les années 1990 à grand frais pour la rendre électrique d’un bout à l’autre, et en doublant les rails pour qu’un train puisse circuler dans les deux sens en même temps. Il n’y a donc aucune raison de rénover à nouveau cette section. La section la plus problématique est sans aucun doute celle qui relie Saint-Laurent au bout Ouest de l’île. La concentration démographique ne justifie pas un tel investissement. De plus, l’utilisation exclusive du tunnel sous la montagne représente une subvention déguisée aux utilisateurs du « West island ».

Troisièmement, pour améliorer le transport en commun à Montréal, on doit corriger l’erreur commise lors du prolongement du métro à Laval. La portion de la ligne orange entre les stations Côte-Vertu et Bonaventure est la plus sous-utilisée de la ligne. Le prolongement lavalois aurait dû être fait de cette section et non par la station Henri-Bourassa. La section Henri-Bourassa et Berri-Uqam est la plus achalandée du réseau. En faisant le prolongement par cette section de la ligne orange, on a congestionné cette portion du réseau et augmenté l’afflux de passagers à la station Berri-Uqam.

Donc, si la CDPQ a de l’argent à investir de façon judicieuse, c’est de corriger cette erreur. La meilleure façon serait de créer une nouvelle ligne de métro (dans les archives de la STM, elle est connue sous le nom de ligne Blanche). Cette nouvelle ligne aurait comme point de départ l’aéroport de Saint-Hubert sur la rive-sud, longerait le Chemin Chambly et passerait sous le fleuve pour rejoindre la station Pie-IX. Cela éviterait une nouvelle erreur en prolongeant la ligne jaune (qui augmenterait la clientèle à Berri-Uqam). La section montréalaise de la ligne Blanche remonterait le boulevard Pie-IX jusqu’à Montréal-Nord, ce qui détournerait la clientèle de l’est sur cette ligne, libérant de l’espace sur celle Orange.