Chantiers de la Davie : Peut-on mettre quelque espoir dans le Canada ?

2016/08/30 | Par Guy Roy

Je suis le dossier des Chantiers Davie Canada depuis des années. Dans ces années, nous avons mis au jour comment nous avons perdu le Diefenbaker, un super brise-glace que l'on a  refusé de faire construire au Québec, même après qu'il ait été prouvé que sa construction au Québec aurait été avantageuse pour les contribuables canadiens.


Devons-nous attendre éternellement l'argent, le travail, les avantages... du Canada ou devons-nous nous prendre en main et construire nous-même notre avenir ?


Comme le Canada nous refuse une répartition équitable du travail selon la part de revenu que nous y contribuons par nos impôts, ne devons-nous pas envisager nous-même un avenir pour les Chantiers qui soit celui d'un Québec indépendant ? Celui d'une utilisation de nos équipements industriels qui nous soit propre? Non pas en attendant d'Ottawa la manne qui nous serait salutaire.
Le mouvement indépendantiste doit offrir dès maintenant une alternative à la dépendance au fédéral pour exploiter les équipements industriels de notre territoire à qui est-ce qu'ils appartiennent. Nous ne pouvons nous permettre de dépendre d'une puissance étrangère pour gérer nos propres affaires.
On criera aux nationalisations d'un autre âge, on invoquera le sempiternel rôle du privé plus apte dans un contexte de mondialisation, on nous dira de rester petit, de cesser de rêver, de toujours continuer à quémander du travail. On rêvera à nouveau de cogestion, de coopérative, de modernisation, d'investissement... mais on ne restera pas sans appeler les forces de notre peuple pour que les ouvriers québécois ne soient plus à la merci d'Ottawa pour se mettre au travail à un projet de pays auquel ils pourront être fiers de collaborer parce qu'ils s'y seront  reconnus comme les nouveaux producteurs d'un nouveau pays.


Ottawa demandait un contrat de travail aux ouvriers pour donner le contrat du Pierre Radisson à une compagnie plus intéressée aux profits qu'à donner du travail aux salariés. Finalement, pour faire oublier l'injustice des 30 milliards de dollars de contrats attribués à Vancouver et à Halifax, le contrat fut adjugé aux Chantiers Verreault des Méchins, un petit chantier du Québec qui sert d'alibi comme si du travail était vraiment maintenant attribué chez nous.
Finalement, les ouvriers floués se retrouvent avec un seul bateau à construire, mais sans avenir sinon une autre fermeture au bout de l'échéance de la construction du Resolve, un navire à «containers» transformé en ravitailleur de l'armée qui sera loué par la compagnie au Canada. Encore le Canada ! La calamité qui vaut au Québec les faux rêves de la dépendance, celle de l'attente et des espoirs déçus dont nous n'avons plus que faire.


Ce sont aux indépendantistes du Québec de définir l'avenir du travail au Québec. Nous ne pouvons plus que compter que sur nous-mêmes, car de côté d'Ottawa plus aucun traquenard ne nous surprendra. L'Assemblée Nationale avait unanimement demandé le rapatriement du Diefenbaker. Le refus méprisant des Conservateurs aurait dû nous annoncer la hautaine indifférence des Libéraux pour la construction navale au Québec. Un contrat de quelques millions à un petit chantier de province pour enterrer les 30 milliards refusés au plus gros chantier au Canada situé, pour son malheur, au Québec.
On doit en finir avec les courtes vues. On doit aux ouvriers du Québec l'audace d'une politique maritime de construction navale dans un Québec indépendant. Que mon appel soit entendu parmi les partis politiques, les syndicats et les compétences que l'on peut mettre en oeuvre pour ce faire, et ce ne sera que le pas de plus à franchir pour espérer notre liberté.


Il y a tant à faire d'une voie maritime sous contrôle québécois. Déjà le ministère des Transports en étudie les possibilités. Il y a tant de navires modernes et utiles à construire, à la fine pointe de la technologie, pour des marchés en demande. Il y a un créneau pour les compétences des Chantiers Davie.
Si les fédéralistes baissent tout simplement les bras devant le peu de perspectives à donner à nos chantiers, pourquoi notre machine à développer, à imaginer, à voir grand... devrait-elle échouer au Parlement canadien avec si peu d'envergure que nous ne saurions nous-mêmes voir notre fleuve porter à nouveau de nos bateaux vers les océans du monde ?