McGill dans l’Outaouais : un cadeau de grec

2016/09/08 | Par Frédéric Lacroix

M. Couillard anonçait ce mardi l’ouverture d’une faculté de médecine familiale en Outaouais, faculté qui accueillera une cohorte de 24 étudiants dès 2020. Cela répond à une demande de longue date de cette région qui souffre d’une grave pénurie de médecins de famille depuis longtemps. Saluons donc cette bonne nouvelle!

Mais après les fleurs, le pot. La faculté sera en fait un satellite du Centre universitaire de santé McGill. La langue d’enseignement à McGill est l’anglais. M. Couillard affirme pourtant que 92% de la formation sera donnée en français. M. Couillard essaie manifestement de nous enfumer.

Comment en arrive-t-il à ce pourcentage? Est-ce que les discussions de corridor entre francophones sont incluses dans le calcul?

Ce qui est clair, c’est que l’enseignement didactique assuré par McGill sera en anglais et que les stages cliniques seront en français seulement si l’étudiant tombe dans un hôpital francophone.

Sinon, si l’étudiant fait ses stages dans les hôpitaux qui relèvent directement de McGill, 100% de sa formation risque fort d’être en anglais. Il s’agit vraiment d’une situation inouïe et inacceptable alors que de l’autre côté de la rivière, l’université d’Ottawa est capable de former des médecins en français.

M. Couillard, croyez-vous qu’il serait absolument immoral d’obliger un établissement bilingue tel que le Centre universitaire de santé McGill d’enseigner une partie de ses cours en français à des médecins qui pratiqueront dans un milieu francophone?

Loin de voir un problème dans le fait de former des médecins en anglais dans une région fragile linguistiquement, M. Couillard y voit une chance car l’Outaouais va profiter de l’excellence de McGill!

Quand l’on sait que presque les deux tiers des médecins à McGill quittent le Québec après leur formation (ceci inclut les francophones formés en anglais) et que le taux d’échec des résidents en médecine familiale de McGill est peut-être supérieur à celui des résidents formés à l’université de Montréal (http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/index/nouvelles/200507/22/002-medecins-test-uniforme.shtml), on comprend que l’Outaouais vient de recevoir un « cadeau de grec » et que le problème de pénurie risque fort de ne pas être réglé par ces médecins formés en anglais qui n’auront même pas besoin de déménager pour aller travailler en Ontario!