Soins à domicile : Une bonne nouvelle qui n’en est pas une

2016/09/08 | Par Jacques Fournier

L’auteur est organisateur communautaire retraité

Le gouvernement québécois a annoncé le 24 août, en catimini, l’octroi d’une somme de 14,1 millions $ à la Fédération des coopératives de services à domicile afin de former quelque 4 500 préposés d'aide à domicile à la dispensation de soins directs à la personne (bains, etc.). Ce qui apparait comme une bonne nouvelle est en réalité une mauvaise.

La vraie nouvelle : le gouvernement annonce ou confirme qu’il fera dorénavant réaliser par les entreprises d’économie sociale en aide domestique (EESAD) des tâches spécialisées (les bains à domicile, etc.) qui étaient autrefois dispensées gratuitement par les auxiliaires familiales des CLSC.

Le gouvernement annonce que des femmes, majoritairement, seront payées un peu plus de 12,50 $ de l’heure, seulement, pour des fonctions qui commandaient jusqu’ici une rémunération adéquate d’environ 19 $.

Le gouvernement annonce que ces femmes devront se contenter de vivre au-dessous du seuil de la pauvreté. Le gouvernement annonce qu’une formation de 120 heures est maintenant suffisante pour donner des bains aux personnes en perte d’autonomie, alors que les auxiliaires familiales des CLSC bénéficient d’une formation de 975 heures.

Le gouvernement annonce que les services à domicile à la personne (bains, soins d’hygiène, etc.) devront dorénavant, sauf exceptions, être payés par les usagers. Le gouvernement annonce qu’à cause des salaires trop bas, les EESAD continueront à connaître un taux de rotation élevé du personnel, surtout dans la région de Montréal, ce qui ne facilite pas la continuité des services.

Les EESAD font un magnifique travail en ce qui concerne l’entretien ménager. C’est pour cette fonction qu’elles ont été créées à la suite du Sommet socio-économique de 1996.

Mais le gouvernement les met dans l’eau chaude en les forçant à gruger le développement des emplois du secteur public, au nom de l’épouvantail du vieillissement de la population, et sans regarder les sources alternatives de financement que l’État québécois pourrait trouver avec un peu d’imagination et de courage. Des services publics de qualité, gratuits, c’est ce que le population souhaite, et non l’exploitation d’une main d’oeuvre féminine à bon marché.