Quand Marissal se fait enfumer par Lisée

2016/09/26 | Par Pierre Dubuc

Dans sa chronique du 26 septembre, Vincent Marissal de La Presse encense Jean-François Lisée en le présentant comme un grand stratège, voire même le Machiavel de la politique québécoise. Rien de moins.

Marissal s’est fait enfumer par le show de boucane de Lisée.

Stratège Lisée? Dans cette course, on ne compte plus ses virevoltes, ses contradictions, le reniement de ses positions passées.

Hier, il était pour la privatisation partielle d’Hydro-Québec. Il renie aujourd’hui cette position. Qu’en sera-t-il demain?

Hier, il était un des plus chauds partisans de la Charte de la laïcité? Puis, il l’a reniée, avant de la ressusciter en partie dans cette course. Qu’en sera-t-il demain?

Hier, il confiait au Vérificateur général du Québec le mandat de déterminer le seuil d’immigration. Aujourd’hui, il fixe lui-même ce seuil à 30 000 immigrants par année. Qu’en sera-t-il demain?

Hier, il voulait constitutionnaliser le concept de « nette prédominance » du français, c’est-à-dire inscrire dans une constitution québécoise l’arrêt de la Cour suprême invalidant les dispositions de la Loi 101 sur l’affichage unilingue. Il maintient toujours aujourd’hui cette position, tout en proposant « d’enchâsser dans une constitution québécoise le français comme langue officielle et commune ». Deux positions contradictoires. Qu’en sera-t-il demain?

Hier, il proposait un réseau unique des cégeps avec un quart de l’enseignement en anglais. Aujourd'hui, il propose « un enrichissement du parcours en français dans les Cégeps anglophones et un programme permettant à ces étudiants anglophones de passer une session dans un Cégep francophone » et que « les étudiants francophones qui le désirent et qui démontrent, dans un examen, une solide connaissance du français pourraient suivre au Cégep un parcours anglais enrichi qui comporterait une session dans un Cégep anglophone. » Qu’en sera-t-il demain?

Hier, il proposait de tarifer la fréquentation des CPE selon les revenus des parents, aujourd’hui, il prône la gratuité! Qu’en sera-t-il demain?

Enfin, cerise sur le gâteau, il propose de transformer l’élection fédérale de 2019 en « référendum » sur le gouvernement Trudeau, alors qu’il donne comme argument majeur en soutien à sa proposition de ne pas promettre la tenue d’un référendum dans un premier mandat, lors des élections de 2018, la popularité du gouvernement Trudeau?!?!

Donc, si on comprend bien, nous n’avons pas assez de deux ans pour miner la crédibilité du gouvernement Trudeau, mais nous aurons assez d’un an pour le démoniser au point de pouvoir transformer la prochaine élection fédérale en « référendum » gagnant !

Machiavel en perdrait son vénitien ! Et Marissal en perd un peu de sa crédibilité !